Dans l'ancien quartier de Hanoi, la maison au 5, rue Cha Ca, est citée par certains guides touristiques comme une adresse incontournable du city tour de la ville millénaire. C'est la résidence d’une l'artisane spécialiste des fleurs artificielles, Mai Hanh qui est réputée pour son talent dans la confection des fleurs en soie.
Mai Hanh est issue d'une famille hanoienne. Sa mère est la célèbre artisane Doàn Thi Thai qui a été reconnue par l'Association des beaux-arts du Vietnam pour avoir conservé et développé le métier de la confection de fleurs artificielless en papier et en soie.
Dès l’âge de 13 ans, Mai Hanh a appris à couper les premiers pétales de fleurs. À cette époque, la jeune apprentie considérait ce travail comme une aide à sa mère artisane et ne pensait pas qu'elle perpétuerait la tradition familiale. Pourtant, un accident survenu pendant les années de guerre a bouleversé sa vie.
Un métier transmis de mère en fille
Vers 1965, la collégienne Mai Hanh et sa mère ont quitté leur domicile de Hanoi pour vivre dans la province de Hung Yên et fuir les bombardements américains. Cherchant l'abri lors d'un raid aérien, la fillette a subi une grave blessure qui l'a fait interrompre ses études et rester à la maison pendant 6 mois consécutifs. Sa mère qui voulait la distraire de sa douleur et de l'ennui, lui a appris la confection des fleurs artificielles. À partir de ce moment, la jeune apprentie Mai Hanh s'est éprise de ce travail minutieux consistant à plier des bouts de papier, à teindre des morceaux de soie...
Pendant ces années de guerre, Mai Hanh et sa mère ont surmonté les difficultés pour créer de belles oeuvres. "Ma mère et moi allions dans des coopératives d'habillement ou chez des tailleurs pour ramasser des morceaux de soie. Au retour, nous procédions au traitement de ces matières : lavage, séchage et repassage. Après, différentes fleurs comme hibiscus, lotus, glaïeul ou orchidée ont été confectionnées à partir de ces morceaux de soie", se souvient-elle.
Avec l'expérience acquise de sa mère, la jeune artisane passionnée et toujours créative a progressé très vite. À 28 ans, Mai Hanh a remporté la médaille d'or de l'exposition nationale des articles d'art et d’artisanat en 1979. En 1985, elle a été reconnue "maître artisan" alors qu'elle avait moins de 35 ans. Après près de 50 ans à se consacrer à la confection de fleurs en soie, Mai Hanh a été surnommée "la reine des fleurs artificielles de Hanoi". "C'est le surnom offert par mes amis et clients fidèles", explique-t-elle, avec fierté.
Mai Hanh soigne minutieusement chaque détail de ses créations : pétales, étamines, pédoncule, bractée, feuille... "J'ai rêvé un jour que je confectionnais des fleurs artificielles aussi belles que des vraies", confie l'artisane qui ramassait, à ses débuts, de belles fleurs sur chemin qu'elle s'efforçait d'imiter avec de la soie. Cette habitude, l'artisane l'a toujours gardée jusqu'à ces dernières années où elle a été invitée à présenter son art à l'étranger. Dans chaque pays traversé, Mai Hanh puise l'inspiration dans ses fleurs typiques comme la rose de Russie, la tulipe des Pays-Bas ou la composition florale du Japon...
Donner une âme à chaque fleur
Aujourd'hui, les fleurs en soie sont produites très vite et en grande quantité grâce aux techniques modernes. Mai Hanh reste toujours passionnée par la méthode artisanale car, pour elle, les fleurs faites à la main sont plus belles que celles issues des machines. "Dans la nature, chaque fleur a son propre charme et elles ne se ressemblent pas du tout", remarque Mai Hanh. Et d'ajouter : "Le charme d'une fleur artificielle réside dans les mains de l'artisan". Car, à chaque création, l'artiste donne un nouvel aspect. "La question n'est pas d'imiter, mais de donner une âme à chaque fleur pour que chaque oeuvre ait sa propre histoire". C'est aussi la clé de la réussite de la reine des fleurs en soie de Hanoi.
Mai Hanh souhaite enseigner cet art aux jeunes, notamment aux démunis, orphelins, handicapés et enfants victimes de l'agent orange dans le Village d'amitié de Vân Canh (Hanoi). Par ailleurs, de nombreux étrangers, notamment Britanniques, Français, Américains et Suédois, sont venus apprendre la confection des fleurs artificielles auprès de la fameuse artisane.
L'élève la plus spéciale de Mai Hanh est sa fille Dang Thi Minh Hang. Cette jeune femme a déjà des dons d'artisane talentueuse. Diplômée de l'École supérieure des beaux-arts, Minh Hang a remporté le premier prix du concours d'artisanat du Festival de Huê 2004. La reine des fleurs artificielles de Hanoi a son héritière.
Hoàng Hoa/CVN