L'Arctique affiche son unité face au réchauffement, malgré les frictions militaires

Les pays de l'Arctique se sont engagés jeudi 20 mai à lutter contre le réchauffement climatique, trois fois plus rapide dans le Grand Nord, et à préserver la paix malgré une compétition géopolitique acharnée et les tensions militaires croissantes entre Moscou et les Occidentaux.

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Les chefs de la diplomatie américaine Antony Blinken (gauche) et russe Sergueï Lavrov à Reykjavik, le 19 mai en Islande.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous nous engageons à promouvoir une région arctique pacifique où la coopération l'emporte en matière de climat, d'environnement, de science et de sécurité", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à Reykjavik lors du Conseil de l'Arctique, qui réunit aussi la Russie, le Canada, l'Islande, le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède.

"La compétition stratégique qui caractérise l'Arctique attire l'attention du monde", mais "sa marque de fabrique doit demeurer la coopération pacifique", a-t-il ajouté.

"Nous ne voyons pas de raison pour un conflit ici, et encore moins pour un développement de programmes militaires d'un bloc ou d'un autre", a déclaré M. Lavrov devant la presse.

Principal forum régional, le Conseil de l'Arctique a été créé il y a 25 ans pour gérer des sujets assez consensuels comme la préservation de l'environnement et la coopération internationale, et son mandat exclut explicitement la sécurité militaire.

Sergueï Lavrov, dont le pays prend jeudi 20 mai le relais de l'Islande à la présidence tournante de l'instance régionale, a néanmoins prôné la relance de rencontres régulières entre les chefs d'état-major de la zone afin "d'étendre nos relations positives à la sphère militaire". Ces rencontres sont suspendues depuis 2014.

Le ministre russe a surtout défendu "l'esprit de coopération", proposant d'organiser un sommet des chefs d'État et de gouvernement au cours des deux prochaines années.

Antony Blinken, qui a rencontré mercredi 19 mai Sergueï Lavrov lors d'un premier face-à-face qualifié de "constructif" par les deux pays, a aussi ostensiblement mis l'accent sur la "coopération" avec Moscou et les autres pays membres plutôt que sur les tensions.

Avec la fin aux États-Unis de la présidence de Donald Trump, qui avait agité la région en proposant de racheter le Groenland en 2019, la nouvelle ligne donnée par son successeur Joe Biden est suivie de près.

Le ministre américain Joe Biden a insisté sur la lutte contre le réchauffement climatique, à l'instar de ses homologues qui se sont réjouis ces derniers jours du "retour" de l'Amérique en première ligne sur ce défi planétaire.

"La crise climatique est notre plus grande menace de long terme, avec l'Arctique confronté à un réchauffement trois fois plus rapide que sur l'ensemble de la planète", a résumé le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau.

Ces données alarmantes sont contenues dans un rapport publié jeudi 20 mai par le Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique, qui a aussi averti d'un risque accru de voir la banquise emblématique de la région disparaître totalement l'été, avant de se reformer en hiver.

Blinken au Groenland 

Lors de la précédente réunion en 2019 en Finlande, le climato-scepticisme de l'administration Trump avait pour la première fois empêché une déclaration commune du Conseil, les États-Unis refusant d'y voir figurer le changement climatique.

Cette fois, la déclaration commune a été adoptée sans accroc, ainsi que, pour la première fois, un "plan stratégique" pour les 10 prochaines années.

Signe de l'intérêt confirmé de Washington, Antony Blinken a terminé jeudi 20 mai après-midi au Groenland sa tournée entamée dimanche 16 mai à Copenhague.

Après un survol en hélicoptère, il a assuré que les Éats-Unis voulaient un partenariat "encore plus fort" avec le territoire rattaché au Danemark. Mais il a "confirmé", dans un sourire, qu'il n'était plus question de l'acheter.


AFP/VNA/CVN

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