>>Gaza : Biden veut une désescalade immédiate, Israël attend "le moment opportun"
>>Israël/Gaza : Paris distribue son projet de résolution à l'ONU malgré une menace de veto américain
Vue générale de la ville de Gaza avant l'entrée en vigueur prévue d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien, le 20 mai au soir. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans l'heure avant l'entrée en vigueur de la trêve, à 02h00 (23h00 GMT), des habitants de la bande de Gaza faisaient toujours état de bombardements et des sirènes d'alarme prévenaient toujours des habitants du sud d'Israël de tirs de roquettes.
Mais dès l'entrée en vigueur de la trêve, des Palestiniens ont célébré l'événement dans les rues du centre de Gaza, mais aussi de villes de la Cisjordanie occupée, tandis que l'armée israélienne ne faisait mention d'aucune nouvelle alerte à la roquette.
Cet accord a été favorisé par l'Égypte, puissance régionale entretenant à la fois des relations avec Israël et le Hamas.
Le président américain Joe Biden a estimé jeudi 20 mai, peu avant son entrée en vigueur que le cessez-le-feu à Gaza était en fait "une vraie opportunité" d'avancer vers la paix entre Israéliens et Palestiniens, tout en exprimant sa "sincère reconnaissance" à l'Égypte pour son rôle dans les négociations.
"Je suis convaincu que les Palestiniens et les Israéliens méritent tout autant de vivre en sécurité et de jouir d'un même niveau de liberté, de prospérité et de démocratie", a déclaré M. Biden depuis la Maison Blanche, alors que le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a plaidé pour un "cessez-le-feu durable".
Dans la journée des rumeurs d'une cessation des hostilités fusaient pour mettre un terme à une dizaine de jours d'affrontements ayant fait au moins 232 morts côté palestinien et 12 morts en Israël.
Or, la décision est tombée après une réunion du cabinet de sécurité israélien - regroupant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l'état-major de l'armée et des services de renseignement - qui a "accepté à l'unanimité" l'initiative égyptienne de "cessez-le-feu bilatéral sans condition".
Dans la foulée, le Hamas et le Jihad islamique -autre groupe armé palestinien de Gaza- ont confirmé l'entrée en vigueur dès 02h00 locales vendredi 21 mai (23h00 GMT) de cette trêve annoncée après plus de dix jours d'affrontements sanglants avec Israël.
"Nous avons été informés par les frères égyptiens qu'un accord avait été conclu pour un cessez-le-feu bilatéral et simultané dans la bande de Gaza, à partir de 02h00 du matin", a déclaré le bureau politique du Hamas dans un communiqué.
"La résistance palestinienne respectera cet accord aussi longtemps que l'occupation (nom donné par le Hamas à Israël, ndlr) le respectera", a-t-il poursuivi.
"Inacceptable"
Le Hamas avait lancé les hostilités le 10 mai en tirant des salves de roquettes vers Israël en "solidarité" avec les centaines de Palestiniens blessés lors d'affrontements avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam.
Après ces tirs de roquette, Israël a lancé une opération visant à "réduire" les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre ce micro-territoire de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis presque 15 ans.
De leurs côtés, le Hamas et le Jihad ont lancé plus de 4.300 roquettes vers Israël, des tirs d'une intensité inégalée contre l'État hébreu, qui dispose d'un bouclier antimissile ayant permis d'intercepter 90% de ces projectiles.
Les affrontements ont fait au moins 232 morts côté palestinien, dont 65 enfants et de nombreux combattants du Hamas et du Jihad islamique, et 12 morts en Israël -dont un enfant de six ans, une adolescente de 16 ans et un soldat.
Jeudi 20 mai, avant l'annonce de la trêve, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait estimé que la poursuite des tirs israéliens et palestiniens était "inacceptable" et il avait appelé à ce que les affrontements cessent "immédiatement".
Qatar, Égypte
Après trois guerres en une décennie, le Hamas et Israël s'étaient entendus en 2018 sur une trêve visant à stabiliser mais aussi développer Gaza, territoire aux infrastructures balbutiantes et miné par un chômage endémique, grâce à une médiation de l'ONU, de l'Égypte et du Qatar, émirat du Golfe proche de la mouvance des Frères musulmans dont est issu le Hamas.
Tensions entre manifestants palestiniens et forces israéliennes, à Bethléem (Cisjordanie) le 20 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En coulisses, ces trois acteurs ont multiplié les pourparlers jeudi 20 mai afin d'en arriver à cet accord de trêve.
L'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, s'est rendu au Qatar pour rencontrer le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tandis que les Égyptiens ont discuté avec des responsables sécuritaires israéliens pour pousser les parties à ce cessez-le-feu.
Aux termes de l'accord, "deux délégations égyptiennes seront envoyées à Tel-Aviv et dans les Territoires palestiniens pour surveiller la mise en œuvre (du cessez-le-feu) et le processus pour maintenir des conditions stables de manière permanente", ont déclaré au Caire des sources diplomatiques égyptiennes à l'AFP.
Quelques heures avant l'annonce de ce cessez-le-feu, les frappes israéliennes s'étaient intensifiées sur l'enclave palestinienne, faisant monter des nuages de fumée et de débris dans le ciel, tandis que des ambulances filaient à travers l'enclave, selon des journalistes de l'AFP.
En fin d'après-midi, un nouveau barrage de roquettes avait visé le Sud d'Israël poussant des habitants à se réfugier dans des abris anti-bombes.
"Besoin urgent de répit"
La Croix-Rouge avait estimé que les populations à Gaza et en Israël avaient un "besoin urgent de répit", ajoutant avoir informé Israël et le Hamas qu'à partir de jeudi 20 mai son personnel se déplacerait pour y "apporter une réponse". "Les deux parties ont une responsabilité claire de nous faciliter de tels mouvements", avait-elle indiqué.
Malgré cet accord de trêve, les regards restent tournés vers la Cisjordanie occupée mais aussi Israël.
Depuis le lancement des hostilités armées, des émeutes et des affrontements avec les forces israéliennes ont éclaté dans de nombreuses villes et camps palestiniens de Cisjordanie faisant plus de 25 morts, pire bilan depuis des années dans ce territoire.
Et des Arabes israéliens -descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d'Israël en 1948- ont manifesté, fermé leur commerce ou été au cœur d'émeutes, en disant souffrir de "discrimination".
AFP/VNA/CVN