>>Les États-Unis opposent leur veto à une déclaration de l'ONU
>>La France demande à Israël de "garantir l'accès rapide et sans entrave de l'aide à Gaza"
Le drapeau de l'ONU flottant à son quartier général à New York, le 23 septembre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après une dizaine de jours de blocage des États-Unis au Conseil de sécurité à toute déclaration condamnant les violences au Proche-Orient, la France, avec le concours de l'Égypte, la Jordanie et la Tunisie, a dégainé mardi 18 mai un projet de résolution d'une page et demie qui "exige une cessation immédiate des hostilités" et "appelle à la fourniture et à la distribution sans entraves d'une aide humanitaire dans tout Gaza".
Selon le texte obtenu par l'AFP, le projet "demande instamment l'intensification et l'accélération des efforts diplomatiques et le soutien à une solution négociée à deux États", Israël et la Palestine, vivant en paix côte à côte.
Remis mardi 18 mai à un très petit nombre de pays, le projet a été distribué mercredi 19 mai soir au reste des 15 membres du Conseil qui ont jusqu'à jeudi 20 mai soir pour proposer des commentaires, selon des diplomates.
La France, qui affirme chercher "un cessez-le-feu immédiat", n'a donné aucune indication sur une date de vote.
Son objectif est-il un coup de bluff à l'égard de Washington en espérant son appui ? Une pression accrue sur les États-Unis pour qu'ils durcissent leur position à l'égard d'Israël ?
Le président américain a réclamé mercredi 19 mai une désescalade sans tarder tandis que peu après les États-Unis faisaient sèchement savoir qu'à ce stade, ils étaient prêts à mettre leur veto au texte français.
"Nous avons été clairs et cohérents sur le fait que nous nous concentrons sur les efforts diplomatiques intensifs en cours pour mettre fin à la violence et que nous ne soutiendrons pas les actions qui, selon nous, sapent les efforts en faveur d'une désescalade", a dit une porte-parole de la mission américaine à l'ONU.
"Jeu risqué"
Un Palestinien passe devant les décombres d’un immeuble complètement détruit par les bombardements israéliens à Gaza City, le 19 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"La position américaine sera tout à fait déterminante" mais "c'est vrai qu'on a constaté des États-Unis un peu en retrait de tout cela", a commenté à Paris le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. "Il faut absolument éviter une offensive terrestre israélienne qui ouvrirait une phase vraiment incontrôlable", a-t-il plaidé.
Si la menace d'un veto américain se précise, "la France n'ira pas jusqu'à mettre son texte au vote", prédit un diplomate sous couvert de l'anonymat. En proposant un projet de résolution, "c'est un jeu risqué" face aux États-Unis, estime-t-il, en reconnaissant à Paris le mérite d'avoir secoué avec une initiative un Conseil de sécurité paralysé.
Depuis dix jours, malgré les pressions et son isolement croissant, Washington, premier allié d'Israël, n'a pas varié d'un iota à l'ONU.
Les États-Unis ont rejeté trois propositions de déclarations présentées par la Chine, la Tunisie (représentant le monde arabe au Conseil) et la Norvège. Et ont aussi rechigné à l'organisation de réunions du Conseil, quatre depuis le 10 mai, provoquant même le report de l'une d'entre elles finalement tenue dimanche 14 mai en public.
Du côté des alliés européens traditionnels des États-Unis, et même au-delà, l'incompréhension est palpable depuis le début de la semaine dernière.
"Les membres du Conseil ont une responsabilité collective pour la paix et la sécurité internationales. Il est grand temps que le Conseil intervienne, brise son silence et s'exprime", s'est agacée mardi 18 mai l'ambassadrice d'Irlande, membre non permanent, Geraldine Byrne Nason.
"Nous demandons simplement aux États-Unis de soutenir une déclaration du Conseil de sécurité qui dirait des choses similaires à celles qui sont dites bilatéralement par Washington", relevait récemment un de ses homologues européens, sous couvert de l'anonymat.
"C'est un peu étrange si l'on pense à l'attente que nous avions tous d'un retour des Américains dans la diplomatie multilatérale", indique un troisième ambassadeur, également sous anonymat. "Nous avions pensé aussi que les États-Unis seraient désireux de montrer la pertinence du Conseil de sécurité dans des situations comme celle-ci", confie-t-il.
La confrontation rare entre les États-Unis et la France à l'ONU pourrait laisser des traces et affecter d'autres dossiers. Mardi 18 mai, les deux pays ont affiché deux positions à l'opposé sur le soutien onusien à apporter à la force antijihadiste G5 Sahel, poussé par Paris alors que Washington veut privilégier l'aide bilatérale.
AFP/VNA/CVN