Lancement du projet de recherches des inscriptions sur les stèles au Vietnam, l’un des projets du programme ERC Vietnamica. |
Le programme européen ERC Vietnamica fait partie du projet de la documentation historique du Vietnam, ayant démarré le 4 novembre à l’Université nationale du Vietnam, à Hanoï. L’initiative se poursuit dans le Sud avec pour objectif de présenter à un large public son importance historique. Un travail qui s’effectue à travers la coopération des historiens méridionaux dans les activités de recherche et d’analyse des inscriptions anciennes sur les stèles (bia hậu en vietnamien) dans les villages du Vietnam et les différentes langues dont les écritures Han Nôm (sino-vietnamien), le français ainsi que le vietnamien, à l’époque féodale et coloniale.
Lors de la journée du lancement du projet, les historiens français et vietnamiens ont partagé leurs connaissances sur les stèles des villages. Leurs inscriptions permettront ainsi d’alimenter les archives historiques qui caractérisent en grande partie la culture, les us et coutumes, la pensée et les activités. Une démarche à laquelle les vietnamiens sont attachés dans le but de sauvegarder leur patrimoine durablement.
Une valeur historique complémentaire
Le programme Vietnamica est un projet scientifique financé par le Conseil européen de la recherche (ERC : European Research Council). Il vise à la recension, la numérisation et l’étude d’une partie de la documentation historique du Vietnam. Il a été initié et dirigé par Philippe Papin, Professeur à la section des Sciences historiques et philologiques de l’École pratique des hautes études, titulaire de la chaire d’histoire du Vietnam classique.
Le Professeur Philippe Papin fait le point sur le projet de recherches des inscriptions sur les stèles dans les villages du Vietnam |
Selon le Prof. Philippe Papin, les recherches permettront de préciser les raisons et l’origine de l’apparition des inscriptions sur les stèles, les endroits où les stèles se trouvent ainsi que la date des inscriptions et les raisons pour lesquelles les gens choisissent ces types d’écritures et leurs objectifs. Les recherches des inscriptions sur les stèles seront effectuées non seulement dans les provinces du Nord mais également dans les provinces du Sud. Cet ouvrage sera traduit en vietnamien avant sa parution prévue en France.
Nguyên Quang Diêu, chef éditorial de la maison d’édition Omega, a, quant à lui, insisté sur les importants archivistes de ce projet du fait que les inscriptions sur les stèles, considérées comme des archives historiques populaires, contribuent activement aux trésors historiques écrites par les anciens historiens de l’époque.
Il s’agit d’une source historique complémentaire pour les étudiants qui étudient dans cette ainsi que pour les historiens afin de mieux comprendre des archives annexes sauvegardées par les habitants sur les stèles. Selon M. Diêu, les ouvrages réalisés par les historiens français donnent un regard multidimensionnel sur un événement historique reflètant les différents aspects d’une issue historique non exploitée.
Vietnamica se consacre en priorité aux inscriptions sur les stèles dans les campagnes du Vietnam, et plus précisément aux inscriptions ayant fait l’objet de donations par des individus aux sanctuaires et aux habitants des villages. Autrement dit, il s’agit d’étudier ce qu’on appelle les bia hậu.
Ces bia hậu présentent trois caractéristiques :
1. Elles représentent l’immense majorité du corpus épigraphique : entre 2/3 et 3/4 des quelque 25.000 stèles du Vietnam.
2. Leur contenu est tout à fait original : il n’existe rien de tel en Asie.
3. Elles ont été érigées sans interruption du XVIIe au XXe siècle. Elles incarnent un fait majeur de l’histoire sociale, culturelle, religieuse et économique du Vietnam.
Le programme Vietnamica sera consacré à l’étude systématique de ces stèles de donation, par le biais de monographies détaillées qui permettront d’écrire une synthèse scientifique finale. En outre, il a pour objectif de fournir des instruments de travail informatiques (bases de données, outil de lecture automatique) et une bibliothèque de ressources numériques (livres, documentation conservée en Europe). Il associe professeurs, chercheurs et étudiants.
Vietnamica est conduit, du côté européen par l’École pratique des hautes études (EPHE) et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), du côté vietnamien par l’Institut Han-Nôm (Académie des sciences sociales et humaines) et l’Université des sciences sociales et humaines (Université nationale du Vietnam à Hanoï).
Le programme durera cinq ans. Il réunira une équipe composée d’une vingtaine de personnes. Il sera rythmé par des publications, conférences et tables rondes régulières.
Texte et photos : Truong Giang/CVN