L'amour à travers les chansons populaires vietnamiennes

Les ca dzao (chansons populaires anonymes) jouent un grand rôle dans la vie et les traditions du peuple vietnamien. Exprimées en des milliers des vers six-huit, très mélodieux, elles disent ses joies et ses peines, sa communion avec la nature, sa philosophie paysanne. L'amour y tient une grande place. Nous en donnons ci-dessous une sélection.

Mon amour est comme la montée des eaux

Votre amour, petite sœur, est comme une pièce de soie rose parfumée d'encens.

2e vers : Petite sœur, appellation du mari à la femme, de l'amoureux à son amie. Réciproquement, la femme dit : "Grand frère".

*

Notre union est comme un feu qui commence à prendre.

Comme la lune qui vient de se lever, comme la lampe dont on vient de dégager le bec.

*

Poser la tête sur couverture, poser la tête sur la natte, ce n'est pas doux

Poser la tête sur la soie, ce n'est pas aussi moelleux que sur votre bras, petite sœur.

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La mère et le père donnent la première nourriture et dorlotent

Même si c'est un crime contre le ciel, je ne les aime pas autant que mon mari.

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Je t'ai épousé à l'âge de treize ans

Et à dix-huit ans, j'ai déjà cinq enfants

Quand je sors, on me prend pour une jeune fille

Pourtant, à la maison, j'ai déjà cinq enfants de toi.

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Où que vous alliez, laissez moi vous suivre

La faim, je l'accepte, le froid, je l'accepte aussi.

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J'emporte tout mon bien dans un carré d'étoffe et je traverse le fleuve,

Ma mère m'appelle, mais j'aime mon mari et je traverse quand même…

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Quand le canal de Dông Nai aura épuisé ses eaux

Et que la pagode de Thiên Mu sera en ruines, alors seulement, notre serment périra.

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Aussi blanche que le coton je ne l'aime pas

Mais noire comme un morceau de charbon et courbée sur la rizière… mon cœur se fond.

*

Descendons ensemble jusqu'à la mer pour pêcher des crabes.

Au retour, nous les ferons cuire avec des abricots aigres cueillis en haut, dans la forêt.

Ma petite sœur, nous avons déjà goûté ensemble l'aigre et le doux,

La montagne est verte, l'eau scintille, qu'aucun de nous deux n'oublie l'autre.

*

Des deux mains, j'élève la tasse de sel et l'assiette de gingembre

Le gingembre est brûlant, le sel est salé, qu'aucun de nous deux n'oublie l'autre.

*

Depuis que je vous ai vu sur la route

Je vous aime, les parents ne le savent pas

S'ils le savaient, ils me battraient ou m'enverraient au loin

C'est l'un ou l'autre

Fidèle, je tiendrai ma parole

S'il faut mourir, je mourrai, je n'accepte pas que nous soyons séparés.

*

Le sel garde une saveur salée même après trois ans

Le gingembre un goût brûlant même après neuf mois

Notre fidélité conjugale, il ne faut pas la renier

Que vous conquériez les honneurs ou que par malchance vous deveniez mendiant, il faut être ensemble

Être ensemble pour accomplir les lois du ciel

Quand on n'a pas de natte, on étend le manteau de feuilles de latanier pour se coucher dessus.

*

La noix d'arec est menue, toute menue, sa peau est veinée, toute veinée

Aujourd'hui vous étudiez tout près, demain vous irez étudier au loin

L'argent et le riz viennent du père et de la mère

L'écritoire et le pinceau viennent vraiment de moi.

Une bande de cigognes blanches tournoie dans le ciel

L'oiseau Loan pense à l'oiseau Phuong et vous pensez à moi

Vous pensez à moi comme l'aubergine appelle le sel

Je pense à vous comme Cuôi à la nostalgie de la lune

Rentrée chez vous, languissez-vous loin de moi ?

2e vers : oiseau Loan et oiseau Phuong : oiseaux mythologiques, phénix mâle et phénix femelle
4e vers : Cuôi est le garçon qui vit au pied d'un banian dans la lune.

*

Jour après jour, je me tiens là et je regarde

Je me tourne vers la montagne, elle est bien haute, je me tourne vers le fleuve, il est bien long

Je me tourne vers les nuages, ils s'amoncellent et barrent le ciel

Je me tourne vers la lune, elle décline, je me tourne vers l'homme, il est au loin.

*

À cause du fleuve, on dépend du bac

À cause du soir, on dépend de la demoiselle aubergiste

À cause de l'amour, on subit son sort

À cause des liens du cœur…, je sais que ton village est ici.

*

Je pars, je pense au village natal

Je pense au bouillon de liseron d'eau, à l'aubergine marinée dans la sauce de soja

Je pense à celle qui brave le soleil et la brume

Je pense à celle qui manie l'écope au bord de la route matin et soir.

*

La poule d'eau pousse sa plainte dans les forêts de la montagne.

Les poules sauvages appellent leurs petits en cherchant leur provende.

Oh ! comme il fait froid, voisine !

La voisine n'a pas bien froid, pourquoi moi, ai-je tellement froid ?

*

Votre poignet, mademoiselle, est blanc comme l'ivoire.

Votre regard rapide est tranchant comme le couteau qui ouvre la noix d'arec.

Votre bouche souriante est semblable aux fleurs "ngâu".

Le turban que vous portez sur la tête est comme une fleur de lotus.

*

Je vous aime premièrement pour vos cheveux qui pendent en queue de coq,

Deuxièmement pour vos paroles pleines de vie et de charme,

Troisièmement pour vos joues creusées, quand vous riez, de fossettes rondes comme des sapèques,

Quatrièmement pour vos dents laquées dont l'éclat dépasse de loin les perles de jais,

Cinquièmement pour l'encolure de votre couvre-sein d'où pendent des amulettes,

Sixièmement pour votre chapeau "thuong" au joli pendantif qui vous donne un air si doux,

Septièmement pour votre conduite intelligente et sage,

Huitièmement pour votre bouche gracieuse, plus gracieuse encore quand elle parle,

Neuvièmement parce que vous vivez seule, Mademoiselle,

Dixièmement pour vos yeux qui laissent voir un sentiment pour quelqu'un.

*

Au ciel un nuage mauve,

Au milieu, un nuage blanc, tout autour, des nuages jaunes.

Je souhaiterais te prendre pour épouse, mademoiselle.

J'irai acheter des briques du village de Bat Tràng.

Je bâtirai en long, je bâtirai en large.

Je bâtirai un bassin en demi lune pour que tu t'y laves les pieds.

Si tu te laves, lave tes pieds et tes mains.

Mais ne lave pas tes sourcils, tu ferais mourir les poissons du bassin.

*

Je passe le pont, j'incline mon chapeau conique pour regarder le pont.

Autant le pont a de travées, autant mon cœur est triste.

Je passe devant la maison commune, j'incline mon chapeau conique pour regarder la maison commune.

Autant la maison commune a de tuiles, autant je vous aime.

*

Rentrée chez vous, vous souvenez-vous de moi ?

Je rentre, je me rappelle le sourire de vos dents.

Je payerais bien cinq ligatures de sapèques pour cette bouche souriante.

Je ne regretterais même pas dix ligatures. C'est la demoiselle aux dents laquées que je regrette.

Qui donc vous a laqué les dents en noir si habilement,

Pour qu'elles soient si belles et que je sois fou de vous ?

Huu Ngoc/CVN

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