L'Amazonie, un paradis presque perdu

Vue du ciel, l'Amazonie est une immensité infinie d'un vert profond, seulement veinée des rivières bleues qui y serpentent.

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Vue aérienne de bétail près de la ville de Tailandia, au Brésil, le 17 septembre
Photo : AFP/VNA/CVN

Une immensité infinie - pour l'instant. Car si l'on poursuit le survol vers les confins de la plus grande forêt tropicale du monde, on découvre de gigantesques cicatrices brunes, là où la jungle a été rasée puis brûlée pour faire place à des routes, des carrières de mines d'or, des récoltes et surtout des ranchs pour l'élevage du bétail. C'est le fameux "arc de la déforestation" qui marque une saignée en travers de l'Amérique du Sud - une catastrophe en marche pour notre planète.

Jusqu'à récemment, grâce à sa végétation luxuriante et au miracle de la photosynthèse, le bassin amazonien a absorbé une bonne part des émissions de carbone dans l'atmosphère, repoussant le cauchemar d'un changement climatique qui deviendrait incontrôlable.

Mais des études montrent que l'Amazonie se rapproche d'un "point de basculement" climatique, ce seuil critique au-delà duquel le changement d'un écosystème est irréversible, qui la verra se dessécher et devenir savane, tandis que ses 390 milliards d'arbres mourront les uns après les autres.

La destruction est en marche aussi pour le vivier extrêmement riche d'espèces interdépendantes - plus de trois millions répertoriées - dont l'emblématique aigle harpie féroce et le majestueux jaguar. Les peuples indigènes, gardiens de la forêt grâce à leurs traditions millénaires, souffrent des incursions violentes d'orpailleurs sur leurs territoires.

Mais la catastrophe ne va pas s'arrêter là. Si l'Amazonie atteint le "point de basculement", au lieu de limiter le réchauffement climatique, elle l'accélérera tout à coup, recrachant dans l'atmosphère une décennie d'émissions de carbone. "On est en train de tuer l'Amazonie", se désole Luciana Gatti, scientifique spécialiste de la chimie atmosphérique.

"Le grand problème de l'Amazonie, c'est l'absence de loi", résume Jordan Timo Carvalho, éleveur dans l'État septentrional du Para. Mais c'est aussi toute l'histoire de l'humanité : notre relation avec la nature, nos appétits insatiables, notre incapacité à nous arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Car l'or, le bois, le soja, le bœuf qui détruit l'Amazonie ont à voir avec l'offre et la demande mondiales. On trouve les produits qui asphyxient l'Amazonie dans des maisons à travers le monde.


AFP/VNA/CVN

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