Lagarde salue le projet de relance franco-allemand, appelle à revoir le Pacte de stabilité

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a salué le projet de relance de 500 milliards d'euros proposé lundi 18 mai par les dirigeants français et allemand et appelé à moderniser le Pacte de stabilité et de croissance.

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La présidente de la BCE, Christine Largade, à Francfort, le 30 avril.

"Les propositions franco-allemandes sont ambitieuses, ciblées et bienvenues", a affirmé la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, dans un entretien accordé lundi 18 mai à quatre quotidiens européens dont Les Echos pour la France, Corriere della Sera pour l'Italie, Handelsblatt pour l'Allemagne et El Mundo pour l'Espagne.

Annoncées plus tôt par le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, ces mesures visent la création d'un fonds de relance temporaire alimenté par des emprunts de la Commission européenne sur les marchés au nom des 27 États membres de l'Union européenne.

L'argent obtenu sera ensuite reversé sous forme de "dépenses budgétaires" aux pays européens et "aux secteurs et régions les plus touchés", ont expliqué les deux dirigeants dans une déclaration commune.

"Cela témoigne de l'esprit de solidarité et de responsabilité évoqués" récemment par la chancelière allemande, estime la présidente de la BCE, soulignant qu'"il ne peut y avoir de renforcement de la solidarité financière sans une plus grande coordination de décisions au niveau européen".

Evoquant un choc "considérable, inégalé en temps de paix", la numéro un de l'institution de Francfort anticipe "dans le scénario le plus sévère, une chute du Produit intérieur brut de 15 % sur le seul deuxième trimestre" en zone euro.

Impact du déconfinement

Evoquant la difficulté d'évaluer l'impact du déconfinement pour chaque pays, Mme Lagarde juge "probable" qu'en cas de "deuxième vague" d'épidémie, les "retombées économiques devraient être moins graves, l'expérience portant ses fruits".

Jetant un pavé dans la mare, la présidente de la BCE a aussi déclaré que cette crise était "une bonne occasion de moderniser" le Pacte de stabilité et de croissance actuellement suspendu.

"Je crois que les termes du Pacte de stabilité et de croissance devront être revus et simplifiés avant que l'on songe à le réinstaurer, lorsque nous serons sortis de cette crise", a affirmé Mme Lagarde appelant à "réexaminer" des "propositions innovantes" formulées "par le passé" notamment par le Fonds monétaire international (FMI) qu'elle a également dirigé de 2011 à 2019.

Ce Pacte fixe les règles budgétaires aux États ayant adopté la monnaie unique européenne - notamment le respect d'un déficit public inférieur à 3% du Produit intérieur brut (PIB) de chaque pays membre de la zone euro. Le 20 mars, l'UE a annoncé la suspension de ces règles budgétaires, une mesure inédite face aux conséquences économiques du coronavirus. Mme Lagarde va plus loin lundi 18 mai en disant que ce système ne devrait pas être remis en place tel qu'il était avant la crise.

Interrogée sur une récente décision du tribunal constitutionnel allemand, appelant la BCE à justifier sa politique de rachat massif de dette publique européenne, Mme Lagarde a expliqué que l'institution monétaire demeure "imperturbable" dans son objectif de stabilité des prix.

Sur un éventuel refus de la Banque centrale allemande de participer à ces rachats de dette, la dirigeante de la BCE a rappelé que "toutes les banques centrales nationales doivent participer pleinement aux décisions et à la mise en œuvre de la politique monétaire de la zone euro".

"La BCE s'est vu confier un mandat par les États membres de l'UE quand ils ont rédigé et ratifié le traité. La BCE est soumise à la juridiction de la Cour de justice de l'Union européenne. Nous continuerons à être responsables devant le Parlement européen et à expliquer nos décisions aux citoyens européens", a-t-elle réagi.

AFP/VNA/CVN

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