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Longue queue devant une pharmacie à Kampala, le 26 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous avons enregistré nos premiers morts du COVID-19. Deux personnes sont mortes dans la province du Cap-occidental" (Sud-Ouest), a déclaré le ministre de la Santé Zweli Mkhize, ajoutant que le nombre de cas "a passé la barre du millier". Le pays le plus industrialisé d'Afrique est, de loin, le plus touché du continent depuis l'apparition du COVID-19 en Chine en décembre.
Face à la progression exponentielle de la maladie, le président Cyril Ramaphosa a imposé à ses 57 millions de concitoyens de rester chez eux pendant trois semaines afin, a-t-il justifié, "de prévenir une catastrophe humaine aux proportions énormes". "Vous êtes là pour faire la guerre à un ennemi invisible. On attend de vous (...) que vous sortiez dans les rues pour défendre notre peuple contre le virus", a lancé jeudi 26 mars le chef de l'État, en tenue militaire, à un détachement de soldats prêts à se déployer pour faire respecter le confinement.
L'ordre est entré en vigueur dans tout le pays vendredi 27 mars à 00h00 locales (22h00 GMT jeudi 26 mars), diversement respecté. Aux premières heures de la matinée, des dizaines d'habitants de la principale ville du pays, Johannesburg, continuaient, comme si de rien n'était, à se presser en files compactes pour monter à bord des minibus ou faire leurs courses dans les supermarchés.
"Une bonne chose"
Les barrages de la police et de l'armée se sont lentement mis en place dans la ville pour contrôler le trafic automobile, proche de celui d'un dimanche matin. "Le confinement est une bonne chose pour le pays, même si j'ai l'impression que beaucoup de gens pensent qu'ils ne risquent rien", a regretté Dumisani July, 39 ans, un employé de banque contrôlé par la police à bord du taxi qui l'emmenait à son bureau. "Mais je constate que tout est plutôt calme", a-t-il ajouté, dûment équipé d'un masque et de gants en latex, "donc je pense que les gens vont finir par obéir".
"Les classes moyennes et supérieures respecteront le confinement", a pour sa part anticipé Ditebogo Koenaite, une pilote de ligne. "Mais je ne pense pas que les plus modestes pourront respecter la distanciation sociale. C'est plus dur dans les quartiers pauvres". Dans le quartier déshérité de Hillbrow, au centre de Johannesburg, les forces de sécurité ont procédé à plusieurs arrestations dans des bars restés ouverts malgré l'ordre de confinement, selon les médias locaux.
Des membres des forces de défense escortent un sans-abri à Johannesburg vers un centre de rassemblement, le 27 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis plusieurs jours, les autorités ont exhorté la population à respecter strictement le confinement, sous peine de lourdes sanctions. En Afrique, seuls la Tunisie, le Rwanda et l'île Maurice se sont jusque-là engagés sur cette voie radicale, tant ses conséquences économiques et sociales sur des populations pauvres et privées de services de base semblent risquées.
"Explosion"
Les dix millions d'habitants de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, seront eux aussi placés samedi 28 mars en confinement "intermittent" pour trois semaines. Le Sénégal, le Kenya et la Côte d'Ivoire ont préféré l'état d'urgence et le couvre-feu, moins stricts. Le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique subsaharienne, s'est contenté "d'inviter" les habitants de sa capitale Abuja et de Lagos à rester chez eux.
Partout en Afrique, le virus a continué vendredi de progresser à une vitesse inquiétante avec plus de 2.700 cas et au moins 73 décès. Le gouvernement nigérian a dit jeudi redouter une "explosion" de l'infection parmi ses 190 millions d'habitants. À ce jour, il n'a recensé que 51 cas pour un mort. En Côte d'Ivoire, la capitale économique Abidjan et ses 5 millions d'habitants seront isolés à partir de dimanche minuit. Le pays n'a pour l'heure enregistré que 96 cas et aucun décès. "On fait tout pour anticiper la propagation de l'épidémie", a expliqué Didier Kra, un porte-parole de la police.
Dans une note publiée jeudi 26 mars, l'agence de notation financière Moody's a anticipé que le coronavirus aurait un "impact macroéconomique et financier sévère" sur le continent. Les producteurs ivoiriens de caoutchouc ont déjà évalué leurs pertes mensuelles à près de 100 millions d'euros.
AFP/VNA/CVN