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Le port de Qingdao (Chine) le 8 novembre. |
"La Chine a accepté de réduire et de supprimer les droits de douane sur les voitures" en provenance des États-Unis, "actuellement (...) de 40%", a écrit sur Twitter le président américain dimanche soir (heure locale) 2 décembre.
Ce tweet est intervenu au lendemain de l'annonce d'un répit dans le conflit commercial qui empoisonne les relations bilatérales depuis plusieurs mois et menace d'avoir un impact sur l'économie mondiale.
À l'issue, samedi 1er décembre, du sommet du G20 à Buenos Aires, le président américain et son homologue chinois Xi Jinping sont convenus de laisser une chance à une négociation portant sur des "changements structurels" dans leurs relations commerciales. Washington a suspendu pour 90 jours l'application d'un nouveau volet de droits de douane sur des produits importés de Chine.
Pékin n'a pas confirmé lundi 3 décembre que le gouvernement chinois allait bel et bien réduire les droits sur les automobiles américaines. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang a simplement évoqué l'accord de samedi, comprenant "une série d'arrangements constructifs sur la façon de traiter les problèmes et les différends existants".
En juillet, la Chine a abaissé à 15%, contre 25% auparavant, les droits de douane sur toutes les automobiles importées. Mais le conflit commercial avec Washington s'intensifiant, elle a au contraire ajouté 25% sur les modèles fabriqués aux États-Unis, portant le total pour ces derniers à 40%.
De nombreux constructeurs étrangers fabriquent localement les voitures destinées au marché chinois, mais la hausse des droits en a touché certains, comme le fabricant de véhicules électriques Tesla et des modèles produits aux États-Unis de Ford ou de l'Allemand BMW.
Pas de baguette magique
Pour bienvenu qu'il soit pour les deux économies, le cessez-le-feu commercial n'en reste pas moins suspendu à de réels progrès sur les questions essentielles pour les États-Unis, en particulier la protection de la propriété intellectuelle.
La baisse des surtaxes automobiles, si elle est confirmée par la Chine, "est certainement un pas dans la bonne direction et, espérons-le, annonce d'autres gestes. Mais pour faire la différence, la Chine doit réaliser de vastes réformes à court terme", estime William Zarit, le président de la Chambre de Commerce américaine en Chine.
"Toute action qui accroîtra l'accès au marché et garantira une égalité de traitement sera bienvenue" et encouragera les discussions, juge aussi Steven Okun, conseiller à Singapour de McLarty Associates (conseil stratégique). Mais il souligne que seuls des actes en matière de protection de la propriété intellectuelle convaincront l'administration Trump d'abaisser les droits de douane.
Pour Pékin, l'accord de samedi revêt une "grande importance". "Il empêche les frictions économiques et commerciales de s'aggraver et ouvre de nouvelles perspectives de coopération", selon Geng Shuang. Il a dopé les marchés asiatiques, très malmenés ces derniers mois par l'affrontement transpacifique. Les Bourses de Hong Kong et Shanghai ont terminé nettement à la hausse, ainsi que le yuan.
Mais un analyste prévient que le marché n'est pas rassuré pour autant: "Nous prévoyons que la situation risque encore de s'aggraver avant de s'améliorer", dit Kerry Craig, stratège chez JP Morgan Asset Management, qui prédit "une volatilité accrue des marchés".
Certains journaux officiels chinois ont d'ailleurs réagi avec prudence. Pour le China Daily, "aucune baguette magique n'a été brandie pour abolir en une nuit les différends entre Chine et États-Unis". L'accord montre que les deux parties ont conscience que la guerre des droits de douane peut porter préjudice à l'économie mondiale, estime-t-il.
AFP/VNA/CVN