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La tour de l'assureur allemand Allianz à La Défense près de Paris en octobre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
C'est tout d'abord l'allemand Allianz qui a reçu dimanche 25 novembre le feu vert du régulateur chinois pour lancer la première holding à capitaux 100% étrangers. Le lendemain, le français Axa annonçait qu'il allait prendre le contrôle de sa coentreprise d'assurance dommage Axa Tianping, devenant ainsi le premier assureur étranger à posséder une entreprise classée dans le top 20 de l'assurance générale (non vie).
"Ce qui est intéressant, c'est que les deux ont pris 100% et que cela arrive plus tôt que prévu", souligne le professeur Marie-Françoise Renard, responsable de l'Institut de Recherche sur l'économie de la Chine au Centre d'études et de recherches en développement international (Cerdi).
Pour Allianz, la Chine a en effet court-circuité son propre calendrier d'ouverture progressif du secteur financier.
En avril, le gouverneur de la Banque centrale, Yi Gang, avait annoncé que d'ici à "quelques mois", les entreprises étrangères pourraient contrôler jusqu'à 51% (au lieu de 49%) des coentreprises de courtage, gestion d'actifs, négoce de contrats à terme ou assurance-vie, et que ce plafond serait éliminé "dans les trois ans".
Mais le président Xi Jinping martèle régulièrement sa volonté d'ouverture et a annoncé des mesures emblématiques avant fin 2018.
Une promesse "sans doute en lien avec la guerre commerciale sino-américaine et le G20", organisé ce week-end en Argentine, la Chine "espérant sûrement conclure un accord gagnant-gagnant avec les États-Unis", commente l'économiste Hu Xingdou.
"Ce n'est certainement pas un hasard si c'est fait maintenant. En général, l'ouverture en Chine est progressive", abonde Mme Renard.
Mais "les objectifs de la Chine sont multiples". Il s'agit non seulement de "gagner en crédibilité internationale" mais aussi "d'importer les méthodes et standards internationaux, ainsi que des produits plus sophistiqués", dit-elle.
Petits poucets étrangers
"En même temps qu'elle veut internationaliser sa monnaie, la Chine veut monter en gamme dans le secteur financier, améliorer la qualité de ses produits, adopter de meilleures pratiques. Dans la finance, il faut des standards internationaux", explique-t-elle.
Pour Allianz, c'est en tous cas "un tournant" et la perspective d'un développement sur un marché "stratégique", en pleine croissance.
Car en dépit des efforts du gouvernement ces dernières années en matière de protection sociale, les besoins restent grands, avec la montée d'une classe moyenne revendiquant davantage de protection, et le vieillissement de la population. Et le taux de pénétration de l'assurance est encore faible.
Les actifs des assureurs ont crû de 11% en 2017, après 23% en 2016, selon une note des services en Chine du Trésor français
Mais les étrangers, dont la part de marché n'atteignait que 5,16% fin 2016, se fraieront-ils vraiment un chemin dans ce secteur dominé par une poignée de mastodontes locaux?
"Je ne pense pas que ce sera très difficile, car (les étrangers) ont leurs points forts", comme leur gamme étendue de produits d'assurance domestique ou agricole, lacunaires en Chine, estime M. Hou.
Et "ils inspirent confiance à beaucoup de Chinois", ajoute-t-il.
Le secteur a été marqué par de retentissants scandales: pots-de-vin acceptés par l'ex-président de l'autorité chargée de la surveillance des assurances, pratiques frauduleuses chez Anbang, le numéro trois chinois mis sous tutelle par l'État...
Au nombre de 40 en 2005, les coentreprises sino-étrangères sont passées à 57 en 2016 (dommage ou assurance vie).
Mais 26 des 59 plus grands assureurs du monde ne se sont pas encore aventurés en Chine, relève dans l'Eurasian Journal of Economics and Finance l'économiste Wang Yi, de PICC Asset Management, filiale de la première compagnie chinoise d'assurance dommages.
Et sur les 500 plus grands assureurs mondiaux, seuls six sont purement chinois, souligne-t-il.