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Le président américain Donald Trump, le 29 août à la Maison Blanche. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Une menace particulièrement redoutée en Allemagne, où l'automobile est un secteur clé de l'économie. Prenant pour prétexte l'annonce de plan social du constructeur américain General Motors (G.M), le président républicain a justifié l'existence de telles mesures protectionnistes soulignant qu'elles avaient fait leur preuve pour prémunir les camionnettes à plateaux (ou pick up) de la concurrence étrangère. "Si nous avions fait de même avec les voitures venant ici, bien plus de voitures auraient été fabriquées ici", a-t-il écrit dans un tweet. "...et G.M ne fermerait pas ses usines dans l'Ohio, le Michigan et le Maryland", a-t-il ajouté dans un deuxième tweet. Le président a été en partie élu grâce à sa promesse de faire renaître les emplois industriels.
La Maison Blanche avait annoncé fin mai son intention d'imposer des tarifs douaniers de l'ordre de 25% sur les importations automobiles pour défendre ce secteur, symbole de l'industrie manufacturière des États-Unis. Celui-ci illustre aussi à lui seul les déséquilibres commerciaux que le président républicain ne cesse de dénoncer. En 2017, un peu moins de la moitié (8,3 millions) des quelque 17 millions de voitures vendues aux États-Unis avaient été importées. Les voitures importées du Canada et du Mexique, qui viennent de conclure un nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis (AEUMC), seront exemptées.
Ces deux pays produisent une majorité des voitures importées aux États-Unis (4,27 millions) devant le Japon (21% des importations), l'Allemagne (11%) et la Corée du Sud (8%). Fin mai, Donald Trump avait chargé le département au Commerce de mener une enquête approfondie pour établir la pertinence et l'ampleur potentielle de telles taxes. Puis durant l'été, l'administration Trump avait mené des auditions des principaux acteurs américains et étrangers. Elle avait aussi passé au crible les centaines de commentaires par écrit, pour la plupart hostiles, à de telles taxes.
Le département au Commerce n'a pas encore remis de rapport finalisé à la Maison Blanche, a indiqué un porte-parole. Mais un rapport préliminaire circule contenant son diagnostic, ses recommandations en terme de montant des taxes et les pays ciblés. C'est in fine Donald Trump qui prendra une décision. "Le président dispose d'un grand pouvoir sur cette problématique", a également souligné Donald Trump, allusion au fait qu'il peut aller au-delà des recommandations de son secrétaire au Commerce Wilbur Ross.
Des représailles européennes déjà prêtes
Selon la presse allemande, l'Union européenne serait visée par ces taxes qui pourraient être annoncées la semaine prochaine après le sommet du G20 en Argentine. Si tel était le cas, cela mettrait fin à la trêve conclue, fin juillet, entre Donald Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. À Washington, la délégation européenne s'est contentée de rappeler les propos tenus récemment par la Commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström. "L'Union européenne a une liste de taxes douanières prête si les Américains imposaient des taxes sur les voitures", avait-elle déclaré lors d'une visite dans la capitale fédérale tout en rappelant que selon les termes de l'accord de juillet, l'imposition de nouvelles taxes est suspendue tant que les discussions se poursuivent.
Mme Malmström avait toutefois reconnu que l'Europe n'avait "reçu aucune assurance" qu'elle serait exemptée en cas de nouvelles taxes automobiles. À Bruxelles, on indique qu'aucune rencontre bilatérale n'est pour l'instant prévue au G20 entre Jean-Claude Juncker et Donald Trump, même s'"il n'est pas exclu qu'ils se croisent en marge du sommet". En France, le ministère de l'Économie a affirmé ne pas disposer "d'information sur ce qui est sur la table ou pas du président des États-Unis".
"Par principe, ce sont des mesures que nous réprouvons. Nous estimons qu'elles sont dépourvues de légitimité et même de base juridique", a-t-on poursuivi. Les économistes mettent, eux, en garde contre des mesures protectionnistes pour un secteur jugé stratégique. Les constructeurs américains eux-mêmes n'ont pas manqué de faire part publiquement de leurs craintes pour l'emploi américain. Les États-Unis imposent des droits de douane très faibles à l'importation de voitures. L'Union européenne, le Japon, la Corée du Sud, la Chine sont bien plus restrictifs.
AFP/VNA/CVN