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Un livreur conduit son véhicule électrique dans une rue désertée de Pékin le 3 mars. |
Travail depuis son salon, télémédecine, sport via des applications ou des objets connectés, divertissement en streaming, socialisation sur les réseaux et livraison à domicile... Il n'a jamais été aussi facile et confortable de s'isoler -- surtout dans les grandes villes et les foyers aisés.
"L'ironie, c'est qu'avec le coronavirus de nombreuses technologies, habituellement très critiquées, sont devenues des refuges où l'on se sent en sécurité", remarque Patrick Moorhead, analyste chez Moor Insights and Strategy.
En Chine, en République de Corée et ailleurs, les services accessibles via le cloud (informatique à distance) explosent.Alors que les marchés financiers plongent, "l'action de Zoom a bondi de 40% en février, grâce à la forte demande pour les technologies de collaboration à distance", note Morris Garrard, analyste chez Futuresource, ajoutant que le spécialiste de la vidéo-conférence n'avait jamais acquis autant de nouveaux utilisateurs en si peu de temps.
Bas les masques
Les logiciels de visioconférence comme Zoom facilitent la collaboration entre collègues travaillant depuis chez eux. |
Sur la côte Ouest des États-Unis, plusieurs grands groupes (Amazon, Microsoft, Google...) ont recommandé à leurs employés de travailler de chez eux, surtout dans la région de Seattle, un foyer américain du Covid-19.
Dans ce contexte, les messageries dédiées aux employés des entreprises, comme Slack ou Workplace (Facebook), prennent tout leur sens. Alors qu'à l'origine, c'était surtout les startups démunies qui y avaient recours, pour économiser des frais immobiliers et matériels.
"Ces outils permettent de sociabiliser avec ses collègues, un peu comme à la machine à café, mais aussi de produire et échanger des informations sur les projets en cours, y compris avec les clients", détaille David Bchiri, directeur de la société de conseil Fabernovel aux États-Unis.
Avec une bonne connexion, les visioconférences à 10 ou 20 participants échappent désormais aux arrêts pixelisés sur image et autres soucis de synchronisation. A San Francisco, certaines écoles ont déjà prévenu les parents d'élèves qu'elles pourraient assurer des cours à distance en cas de fermeture.
Les entreprises de réalité virtuelle (VR) voudraient aller encore plus loin, alors que les salons professionnels sont annulés ou remplacés par des conférences numériques.
Le groupe taïwanais HTC a ainsi annoncé vendredi 6 mars que les participants à sa conférence sur Vive, sa marque de VR, pourraient y assister via des casques -- et sans masques! -- en immersion virtuelle.
La VR, encore coûteuse, n'est pas prête à intégrer tous les salons. Mais "les employés et consommateurs vont être plus exposés que d'habitude à ces technologies émergentes", souligne Morris Garrard.
Les cas d'usage nés de l'épidémie contribueront peut-être à un regain d'investissements dans le secteur.
Bouger son corps
Les équipements de fitness connectés, comme ce tapis roulant Peloton, pourraient bénéficier des confinements liés au nouveau coronavirus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le streaming (vidéo, musique, jeux...) et les réseaux sociaux ont aussi le vent en poupe.
"Je n'ai jamais été aussi contente d'avoir tous ces filtres idiots et options de réalité augmentée sur mon téléphone", s'amuse Dawn Rose Kearn, une professeure de danse qui s'est calfeutrée chez elle à San Francisco pendant une semaine à cause de symptômes grippaux. "Les +stories+ Instagram, c'était parfait pour me distraire de la fièvre et rester en contact".
En Chine, des centaines de personnes privées de sortie se sont filmées en simultané pour participer à des soirées ou cours de danse virtuels.
"Les séances de sport en direct, via un écran, pourraient devenir plus populaires. Les clubs vont peut-être diffuser leurs propres cours", estime Lauren Ryan, analyste chez Mintel.
Plusieurs experts prédisent de bonnes performances aux équipements de fitness, comme Peloton, dont les vélos d'intérieur sont connectés à internet pour assister à des entraînements, en simultané ou à la demande.
Certains secteurs n'hésitent pas à saisir l'opportunité du confinement forcé.
Le site pornographique xHamster a offert la semaine dernière un accès gratuit à sa version premium "aux habitants des zones les plus sévèrement touchées, pour les aider à rester chez eux". "Les inscriptions ont bondi de 22% en une seule journée", assure un communiqué.
Dans le commerce en ligne, "le site chinois JD.com a embauché 20.000 personnes", indique James Manning Smith, de Futuresource. "Difficile de savoir si le secteur va bénéficier de la situation actuelle sur le long terme. Mais les gens pourraient bien s'habituer à la livraison à domicile".
Selon David Bchiri, ce sont surtout les technologies qui aident à recréer du lien social qui sortiront renforcées, car "on reste des animaux très sociaux, on n'est pas prêts à vivre en ermites".
AFP/VNA/CVN