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L'armée birmane montre à la presse l'une de ses plus importantes saisies de drogues dans L'État de Shan, au cœur du Triangle d'Or, le 6 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"C'est la plus grosse saisie de l'année", a déclaré vendredi 6 mars le général Tun Tun Nyi, porte-parole du bureau du commandant en chef,lors d'une visite ouverte à la presse de cette zone en proie à des conflits ethniques et intercommunautaires alimentés par l'argent de la drogue.
Ce coup de filet, dans l'une des plus importantes régions productrices de stupéfiants, a mis fin à l'activité illicite de trois grands laboratoires cette semaine et permis de confisquer 43 millions de comprimés de méthamphétamine.
"Nos soldats sont dans les zones de la forêt que la police ne peut pas atteindre", a ajouté le général.
Des quantités record de drogue continuent d'être produites dans ces zones forestières où groupes rebelles et réseaux criminels font la loi. Ils en tirent des milliards de dollars chaque année.
L'État de Shan, au coeur du Triangle d'Or, zone terrestre escarpée qui sépare la Birmanie, le Laos, la Chine et la Thaïlande, est une plaque tournante du trafic de méthamphétamines, expédiées de là vers le reste de l'Asie du Sud-Est via la Thaïlande, au Nord vers la Chine et à l'Ouest par le Bangladesh.
Les opérations militaires autour de la zone de Kutkai, dans l'État de Shan, ont permis de retrouver des laboratoires d'où sortent des millions de pilules "yaba" (comprimé de méthamphétamine à teneur réduite en caféine), de l’héroïne ainsi que des cristaux de meth, drogue plus connue sous le nom de "Ice" (glace en anglais).
Le prix du "yaba" --la drogue de prédilection en Asie du Sud-- triple lors de son exportation en Thaïlande et Malaisie. La "glace" (Ice) made-in-Birmanie peut monter jusqu'à 150 USD le kilo au moment de sa revente dans les rue en Australie.
Artillerie lourde
Des soldats gardent les abords du stade de football où sont entreposés la drogue et les matériaux saisis dans l'Etat de Shan, en Birmanie, le 6 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Cette zone est très dangereuse", a expliqué un haut responsable de la lutte antidrogue sous couvert d'anonymat. Il ajoute que "la population locale est innocente, mais certains hommes d'affaires et groupes armés ethniques profitent de cette région pour produire des drogues".
L'argent de la drogue alimente les conflits que se livrent depuis des décennies d'une part l'armée et les guérillas et d'autre part les groupes rebelles entre eux, chacun essayant de s'approprier un maximum de terres et de ressources naturelles, nombreuses dans cette région.
En juillet 2019, dans la même zone, les forces de sécurité qui menaient un raid contre les laboratoires de drogues tenus par des rebelles ont été repoussées par des tirs d'"artillerie lourde".
L'endiguement de ce déluge de production de drogues dans ces zones hors de contrôle met sous pression la Birmanie. Ce trafic de produits stupéfiants a submergé les efforts de contrôle de la police régionale, tout en causant corruption et blanchiment d'argent. Cette cascade de drogue entraîne également des crises d'addiction.
L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) affirme que sans action efficace contre l'argent sale, associée à de meilleurs programmes de réhabilitation des toxicomanes, le pouvoir du crime organisé risque de devenir ingérable pour certains États d'Asie du Sud-Est.
AFP/VNA/CVN