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Des membres du gouvernement syrien et d'une délégation officielle libanaise se rencontrent, à Damas, le 4 septembre. |
En plein effondrement économique, à court de devises étrangères, le Liban connaît de graves pénuries de carburant et des coupures d'électricité qui paralysent en grande partie les services et les activités des hôpitaux, restaurants, magasins et industries. Avec un feu vert exceptionnel des États-Unis, le Liban va essayer d'acheminer - via la Syrie et ses infrastructures - du gaz égyptien mais aussi de l'électricité venue de Jordanie, et ce malgré les sanctions américaines visant le pouvoir syrien.
La délégation ministérielle libanaise a rencontré samedi 4 septembre à Damas le chef de la diplomatie syrienne Fayçal Moqdad et le ministre du Pétrole, Bassam Tohmé. En conférence de presse, le haut responsable libanais Nasri Khouri a déclaré que la Syrie était "prête" à aider le Liban en ce qui concerne "le passage du gaz égyptien et de l'électricité jordanienne via le territoire syrien". "Les deux parties se sont mises d'accord sur le suivi des détails techniques en mettant en place une équipe conjointe", a-t-il précisé.
Le ministre libanais de l'Énergie, Raymond Ghajar, a annoncé qu'une réunion aurait lieu la semaine prochaine en Jordanie avec des représentants des gouvernements libanais, syrien, jordanien et égyptien pour notamment établir un plan de travail et un calendrier. La délégation libanaise, emmenée par la vice-Premier ministre du gouvernement intérimaire Zeina Akkar, comprend aussi le ministre des Finances, Ghazi Wazni et l'influent directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim.
Questions logistiques
Plusieurs questions d'ordre logistique devront être résolues. Dans une Syrie aux infrastructures ravagées par le conflit déclenché en 2011, des travaux seront nécessaires pour permettre l'acheminement des importations énergétiques, depuis la Jordanie voisine et en passant par la mer Rouge pour le gaz égyptien.Concernant l'achat du gaz égyptien et les coûts de transport, la présidence libanaise avait auparavant évoqué des négociations menées par Washington avec la Banque mondiale pour sécuriser des financements. Le comité conjoint va évaluer "dans quel état se trouvent les infrastructures", a indiqué à des journalistes le ministre syrien Bassam Tohmé, car "les infrastructures, gazières ou électriques, ont essuyé des dommages importants".Il s'agit de la première visite officielle libanaise à un tel niveau en une décennie. Le conflit syrien avait profondément divisé la classe politique et ouvert un débat sur la nature des relations à entretenir avec Damas. Les deux pays ont maintenu leurs relations diplomatiques, mais les visites officielles sont restées quasi inexistantes. Seuls des ministres de partis libanais alliés de Damas, notamment le Hezbollah, se sont rendus en Syrie à titre individuel.Si le Liban négocie avec Le Caire depuis plus d'un an sur la question de l'énergie, comme l'avait affirmé une source proche du dossier, les sanctions américaines contre la Syrie ont toujours constitué un obstacle.Le site Tanker Trackers, spécialisé dans le suivi du transport maritime, a indiqué vendredi 3 septembre sur Twitter qu'un premier pétrolier iranien à destination du Liban se trouvait désormais en mer Rouge, au sud du canal de Suez, tandis qu'un deuxième avait quitté l'Iran.Depuis l'automne 2019, le Liban traverse l'une des pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXe siècle, selon la Banque mondiale. Avec une dépréciation inédite de la monnaie nationale et une inflation galopante, près de 80% de la population libanaise vit désormais sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.
AFP/VNA/CVN