* Quels sont les résultats de la première phase de restructuration du groupe Vinashin comprenant le transfert de plusieurs entreprises au groupe Petrovietnam et à la Compagnie générale de navigation maritime (Vinalines) ?
La situation de Vinashin se stabilise graduellement. Suite à une directive gouvernementale et pour répondre à ses obligations, les entreprises membres du groupe ont accéléré l'exécution des commandes afin de livrer les navires dans les délais à leurs clients. En réalité, Vinashin pourrait dépasser son objectif annuel qui est de livrer 60 navires. Actuellement, plusieurs armateurs étrangers ont signé de nouvelles commandes de navire au Vietnam. Afin de maintenir sa réputation comme de conserver sa clientèle, les dirigeants de Vinashin ont fait preuve d'une ferme volonté de garantir qualité et respect des délais.
* Le groupe Vinashin a soumis au Premier ministre la deuxième phase de son plan de restructuration. Quels en sont les point essentiels ?
L'esprit général du plan de la deuxième phase de restructuration que Vinashin vient de transmettre au ministère des Communications et des Transports est celui d'un complet renouvellement. D'abord, le groupe aura à sa tête une autre équipe de dirigeants pour changer complètement "l'esprit de l'entreprise". Ensuite, il se dote actuellement de nouveaux statut et règlement en matière d'administration et de finance dont, dans l'immédiat, 51 articles sont sur le point d'être appliqués, auxquels s'adjoindront par la suite une vingtaine d'autres. Le règlement précité est un véritable cadre juridique de l'administration du groupe, et plus particulièrement de la production et de la commercialisation, applicable à l'ensemble de ses filiales. Par ailleurs, suite aux transferts réalisés lors de la première phase et aux choix effectués, le groupe comprendra 42 entreprises, les autres devant être soit cédées soit liquidées ; son capital social sera modifié en conséquence et par la même occasion sera augmenté afin que Vinashin soit en mesure d'accomplir sa mission. Il devrait s'élever a priori à 14.650 milliards de dôngs, montant qui sera officiellement confirmé le 1er janvier 2011. Enfin, son objet social est réduit, conformément aux conclusions rendues par le politburo du Parti, sa sphère d'activité principale étant la construction et la réparation navales, sans oublier le développement d'une industrie auxiliaire et de ressources humaines pour l'industrie navale. Sur le plan de la stratégie, le groupe va s'attacher prioritairement à augmenter ses capacités de production de grandes unités navales, ainsi que son industrie auxiliaire avec pour objectif d'ici 2015 d'atteindre 50% de composants fabriqués dans le pays, au lieu de 10% actuellement.
* La gestion des fonds de Vinashin n'était pas correcte, quelles mesures sont envisagées ?
Le constat est celui d'une situation financière toujours difficile de Vinashin et, avec une plus longue vue, des règles de gestion financière inadéquates, ainsi, aujourd'hui, ses ressources financières sont morcelées... Dans un premier temps, la gestion sera effectuée de manière globale afin de stabiliser la situation du groupe. Par exemple, afin d'éviter des pertes et de pallier le morcellement de ses ressources financières, des prêts intragroupes seront extensivement pratiqués avec un compte central de compensation pour régulariser les relations financières des filiales. Dans un deuxième, Vinashin recourra aux prestations du cabinet d'audit international KPMG afin de mener un examen complet de l'administration du groupe et de ses composants, la première mission d'audit étant prévue pour la Compagnie générale de construction navale Phà Rung.
* Les entreprises de Vinashin ont de multiples opportunités de nouvelles commandes dont elles ne peuvent profiter en raison de problèmes de ressources humaines et de locaux. Qu'est-il prévu pour régler cette situation ?
Une coordination des activités des filiales par leur mère : certaines ont de nombreuses commandes, d'autres beaucoup moins, et par ailleurs, elles possèdent toutes leurs propres infrastructures et main-d'œuvre. Le groupe fera en sorte de mettre en commun leurs ressources et les commandes à honorer dans le cadre des relations entre filiales et du management du groupe.
* L'endettement génère-t-il une forte pression sur l'activité du groupe ?
Oui, très forte même, mais elle ne résulte pas de créanciers nationaux puisque, tel que cela a été le cas pour les banques commerciales nationales, nombre de dettes ont été gelées ou leur échéance prorogée conformément à la directive du gouvernement. Il s'agit de dettes étrangères. Pour celles-ci, Vinashin a demandé à ses partenaires étrangers de reporter les dates de paiement pour s'assurer d'une restructuration dans de bonnes conditions. Ensuite, Vinashin cèdera certaines de ses entreprises et/ou projets afin de mobiliser les capitaux nécessaires pour le paiement de son passif exigible.
* Combien de temps mettra Vinashin pour sortir de cette crise ?
Dans deux ou trois années, le groupe aura achevé de payer le principal de ses dettes, précision faite que les dettes étrangères font l'objet d'un moratoire de règlement sur dix ans avec des échéances semestrielles. De manière générale, l'avenir de Vinashin n'est certainement pas sombre.
Thê Linh/CVN