La raffinerie de pétrole Khurmala, au nord de Bagdad en Irak. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Le secteur énergétique irakien, qui tente de se ressaisir après trente ans marqués par les conflits et l'instabilité, "possède les ressources nécessaires (...) à un accroissement rapide de sa production de pétrole et de gaz", note l'AIE, bras énergétique des pays de l'OCDE, dans un rapport dévoilé à Londres. Selon le "scénario principal" établi par l'institution, l'offre d'or noir de l'Irak atteindrait même 8,3 mbj en 2035. Le pays pompait seulement 3,07 mbj en août dernier.
Mais pour que cet accroissement fulgurant de son offre d'or noir se concrétise, "il faudra des investissements cumulés de quelque 530 milliards de dollars" d'ici à 2035, soit "à peu près 10% des revenus pétroliers et gaziers escomptés sur cette période", prévient l'AIE. L'effort le plus important devrait être idéalement fourni sur la décennie actuelle, avec des investissements moyens de plus de 25 milliards de dollars par an d'ici à 2020 - ce qui suppose un bond considérable par rapport aux 9 milliards investis en 2011.
Ces sommes pourraient ainsi être consacrées au renforcement des capacités irakiennes de stockage et de transport, mais aussi financer les infrastructures nécessaires pour acheminer depuis le Golfe les ressources d'eau nécessaires à l'exploitation des champs pétrolifères du Sud du pays, explique le rapport.
"Les champs géants de la région de Bassora (Sud) offrent le plus gros potentiel", mais la production du Kurdistan (Nord du pays) pourrait également connaître une augmentation "substantielle", notent les experts de l'AIE, observant que les contrats accordés par le gouvernement autonome régional, bien que contestés par Bagdad, en font déjà "une des régions les plus actives du monde pour l'exploration d'hydrocarbures".
Forte de réserves pétrolières prouvées de 143,1 milliards de barils de pétrole et 3.200 milliards de mètres cubes de gaz naturel, parmi les plus élevées du monde, l'Irak pourrait ainsi supplanter d'ici à 2030 la Russie comme deuxième exportateur mondial de brut, juste derrière l'Arabie saoudite. Selon des chiffres gouvernementaux obtenus début octobre par l'AFP, le pays avait exporté en septembre 2,6 mbj, un niveau inédit depuis 30 ans.
Sur la décennie actuelle, indique l'AIE, "l'Irak représentera environ 45% de la hausse de la production mondiale de pétrole, ce qui en fera un fournisseur-clef pour les marchés asiatiques", que leur croissance rapide rend de plus en plus gourmands en énergie, et en particulier la Chine. Alors que l'Irak dépend fortement de ses revenus énergétiques, le décollage de son activité pétrolière devrait également conforter son développement économique : son PIB pourrait ainsi être multiplié par cinq d'ici à 2035, avec un PIB par habitant correspondant alors au niveau actuel du Brésil, estime l'AIE.
Selon le scénario établi par l'Agence, les revenus tirés de ses exportations pétrolières pourraient rapporter à l'Irak près de 5.000 milliards de dollars au total, sur la période 2012-2035. Mais les investissements nécessaires pour y parvenir "pourraient être mis en danger si les efforts du gouvernement pour moderniser et réformer le cadre juridique du pays étaient contrariés ou repoussés", notamment en raison de l'instabilité politique, prévient l'AIE.
Une forte incertitude concerne notamment le Kurdistan irakien, qui a signé des dizaines de contrats pétroliers avec des compagnies étrangères, comme le français Total, sans l'approbation de Bagdad, qui considèrent ces accords illégaux et menacent de représailles les compagnies impliquées.
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