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Manifestation pour le climat à Glasgow pendant la COP26, le 5 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon les observateurs il y a un gouffre entre ces proclamations et les réductions d'émissions à atteindre pour tenir les objectifs de l'Accord de Paris : maintenir la hausse des températures par rapport à l'ère pré-industrielle sous la barre de +2°C, si possible 1,5°C.
Mais dans cette conférence onusienne, les organisateurs britanniques ont leur propre programme, résumé par le Premier ministre Boris Johnson : "charbon, voitures, cash et arbres".
Soit éliminer progressivement les carburants polluants et les véhicules à combustion thermique, mobiliser l'argent pour aider le monde à décarboner et protéger les forêts.
Et d'après un porte-parole de l'organisation britannique de la COP, la première semaine a en effet connu "un réel élan pour l'action climatique". Mais pour Mohamed Adow, directeur du groupe de réflexion sur le climat Power Shift Africa basé à Nairobi, il y a eu "deux réalités".
"L'une est le monde des communiqués de presse du gouvernement britannique annonçant une multitude d'initiatives, suggérant que tout va bien et que nous avons presque résolu la crise climatique", déclare-t-il à l'AFP. "L'autre réalité est hors de cette bulle de relations publiques. Le climat, ce sont les faits".
Fin du charbon ?
Mercredi 4 novembre, le président de la COP26, Alok Sharma, annonçait ainsi qu'"aujourd'hui une coalition de 190 membres a accepté de sortir progressivement du charbon pour la production électrique".
Ce chiffre a été annoncé aux médias sous embargo mardi soir, mais une liste n'a été publiée que le lendemain. Elle ne contenait que 77 signataires, dont 46 pays, dont certains avaient déjà pris des engagements en la matière.
De grands utilisateurs de charbon, République de Corée ou Vietnam y figuraient bien et les organisateurs ont assuré que 23 pays avaient pris de nouveaux engagements.
Mais sur une liste de ces 23, obtenue par l'AFP, dix pays n'utilisent pas du tout de charbon, selon l'ONG spécialisée Ember. Au total, les pays signataires consomment environ 13% de la production mondiale.
Pas compatible
Autre accord annoncé en fanfare, l'engagement de plus de 100 pays à réduire les émissions de méthane de 30% d'ici 2030. Avec un effet réel possible à court terme sur le réchauffement, selon les experts.
Une barge chargée de bois sur la rivière Mahakam, dans la partie indonésienne de Bornéo, le 4 novembre |
L'Inde, quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre, a par ailleurs annoncé son intention de développer les énergies renouvelables et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2070.
Et d’autres pays ont avancé de nouveaux engagements en matière d'émissions ou de neutralité carbone.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, a rapidement assuré que selon les calculs de son organisation, qui ne fait pas autorité en la matière, ces annonces - à condition d'être pleinement mises en œuvre - pourraient limiter le réchauffement à 1,8°C.
Mais selon une analyse à chaud de l'ONG Climate Analytics, le scénario de l'AIE "n'est pas compatible avec l'objectif de température à long terme de l'Accord de Paris" et présente un important excédent d'émissions de CO2 par rapport aux calculs des experts climat de l'ONU. Mais dans des briefings de presse, des officiels britanniques vantent déjà ce 1,8°C.
Pour Simon Lewis, de l'University College de Londres, "il est normal de prendre toutes les promesses et de les traduire en estimation globale". "Mais il faut prendre ça avec une grande prudence et un avertissement en majuscules: Attention ! Peu probable que cela se produise".
Ainsi l'Australie ou l'Arabie saoudite ont annoncé des objectifs neutralité carbone sans "aucun plan de mise en œuvre et des émissions allant massivement dans la mauvaise direction", souligne cet expert. Pour un haut diplomate, "la plupart des promesses de neutralité carbone sont vides".
Sans précédent ?
Lundi 1er novembre, le gouvernement britannique a déclaré que des pays représentant 85% des forêts tropicales du monde avaient signé un engagement "sans précédent" pour mettre fin à la déforestation d'ici 2030.
Engagement pourtant semblable à celui de la Déclaration de New York sur les forêts de 2014, signée par 40 pays et plus de 150 organisations et groupes autochtones.
Une évaluation cette année de cette première déclaration a révélé que sur les 32 plus grandes nations forestières, seule l'Inde avait traduit l'engagement de façon concrète.
Pour Damian Fleming, directeur adjoint des questions forestières du WWF, les engagements à Glasgow sont "sans précédent en termes d'ampleur, mais pas d'ambition". Depuis la déclaration de New York, "une zone supérieure à la superficie de la France a été déboisée", a-t-il souligné.