>>La formation professionnelle séduit étudiants et entreprises
>>Écoles professionnelles, les autoroutes de l’emploi victimes de préjugés
Le vice-président permanent de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Bùi Sy Loi. |
"Toute économie rejoignant l’Accord de libre-échange Union européenne - Vietnam (EVFTA) ou ceux de nouvelle génération doit améliorer sa productivité du travail et la qualité de ses ressources humaines pour accroître sa compétitivité", affirme Bùi Sy Loi, vice-président permanent de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.
S’inquiétant que la productivité actuelle du travail au Vietnam stagne à un niveau bas tant au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) que dans le monde, M. Loi estime que si elle ne s’améliore pas rapidement, cela poussera à la hausse des coûts de production, créant un désavantage concurrentiel avec les autres marchés, notamment ceux avec lesquels le pays a signé des accords de libre-échange de nouvelle génération tels que l’EVFTA ou l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP).
Pénurie de main-d’œuvre qualifiée
"L’une des raisons de la faible productivité du Vietnam s’explique par la qualité de nos ressources humaines. Seul 25% de nos travailleurs (sur un total de 55 millions) ont bénéficié de formations d’une durée de trois mois ou plus et ont acquis une certification. C’est le plus grand défi du pays dans son adhésion aux accords de libre-échange de nouvelle génération tels que l’EVFTA et le CPTPP", précise-t-il.
Un cours de mécanique de l’École d’apprentissage professionnel de la province de Vinh Phuc, au Nord. |
Photo : Huy Hùng/VNA/CVN |
Partageant cette évaluation, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI), Vu Tiên Lôc, estime que le nombre encore faible de travailleurs qualifiés est "un vrai obstacle" car lorsque les entreprises nationales et internationales opérationnelles au Vietnam veulent investir dans les maillons supérieurs des chaînes de valeur, elles font face à une pénurie de main-d’œuvre de qualité et rencontrent des difficultés de recrutement.
"Selon l’enquête de la VCCI, 80% des entreprises interrogées déclarent qu’elles n’ont pas pu embaucher de travailleurs hautement qualifiés. Par exemple, lorsque le groupe Intel a décidé récemment d’investir à Hô Chi Minh-Ville, il lui était très difficile de trouver une source de main-d’œuvre appropriée. Par conséquent, si le pays veut participer davantage aux maillons plus importants des chaînes de valeur mondiales, en particulier celles issues d’économies développées comme l’Union européenne, il est urgent de disposer d’une main-d’œuvre de haute qualité, en abondance". D’après M. Lôc, le pays connaît un exode rural massif qui entraîne une conversion des ressources humaines du secteur agricole vers le secteur industriel, ce qui explique le faible taux de travailleurs formés et diplômés.
Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI), Vu Tiên Lôc. |
Réfléchissant à cette question, le président de la VCCI considère que la responsabilité de formation appartient à la fois à la communauté des entreprises et au système d’établissements d’enseignement professionnel. "Il est donc maintenant nécessaire de donner la priorité à la formation et la reconversion professionnelles. C’est l’exigence qui se pose à la fois pour le gouvernement et le milieu d’entreprises", affirme-t-il.
Selon M. Lôc, en ce qui concerne cette question, il ne faut pas compter uniquement sur le budget de l’État, mais il est nécessaire de trouver comment mobiliser le secteur privé et, dans ce cas précis, les entreprises elles-mêmes.
Renforcer la coopération tripartite
Afin de profiter de l’âge d’or de la population du Vietnam et de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre aux attentes des nouveaux marchés qui s’ouvrent au pays, le 28 mai 2020, le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a publié la directive N°24 sur le développement des ressources humaines, contribuant à améliorer la productivité du travail et accroître la compétitivité nationale. "L’un des contenus centraux de cette directive aborde le renforcement de la coopération tripartite État - écoles - entreprises dans la formation professionnelle", estime le président de la VCCI. L’État, selon lui, a toujours un rôle directeur dans la définition des politiques, les écoles jouent l’acteur principal dans la formation et, dorénavant, les entreprises ne joueront plus seulement le rôle de "client" mais aussi celui de compagnon et partenaire de l’école.
"L’atelier au sein de l’école et l’école au sein de l’entreprise ainsi qu’un parallélisme entre l’atelier et l’école définissent la nouvelle approche de la formation professionnelle", souligne-t-il. Ces dernières années, l’État a accordé une grande attention à l’enseignement général et professionnel en particulier, mais cet investissement n’est pas suffisant face aux exigences de la nouvelle situation. Par conséquent, il est nécessaire de promouvoir la formation professionnelle, surtout sous forme de partenariat public-privé.
"Actuellement, la formation financée par le secteur privé n’atteint pas 30% du coût total de l’enseignement professionnel. J’espère que nous renverserons ce taux, c’est-à-dire 30% de prise en charge par l’État et 70% par le secteur privé", partage Vu Tiên Lôc.
M. Lôc déclare que mobiliser le secteur privé dans la formation, ce n’est pas simplement une participation financière, mais aussi une participation de l’intelligence de toute la société. "L’entreprise devrait non seulement être acteur dans ses commandes de main-d’œuvre auprès des établissements de formation professionnelle, mais aussi dans l’investissement financier, la conception de programmes de formation, et enfin l’évaluation de la qualité et le recrutement. Elle sera la force motrice pour promouvoir la formation professionnelle", conclut-il.