La mégapole du Sud face au changement climatique

Le plan global d’urbanisme de Hô Chi Minh-Ville, approuvé en 2010 par le chef du gouvernement, n’aborde pas les impacts du réchauffement climatique. Pourtant, la ville est en difficulté face aux inondations.

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La vie quotidienne des habitants est bouleversée par les inondations.
Photo: Manh Linh/VNA/CVN

D’après Bùi Tiên, un habitant domicilié dans la rue Kinh Duong Vuong, arrondissement de Binh Tân, les inondations insufflent une inquiétude croissante dans la vie des Saïgonnais. Auparavant, l’eau de pluie se retirait facilement mais après les rénovations de plusieurs routes, de nombreux tronçons de la rue Kinh Duong Vuong s’élèvent à une hauteur de 1,2 m au-dessus du plancher de maisons. Ainsi, l’eau de pluie ne peut pas se retirer. La vie quotidienne des habitants s’en trouve bouleversée.

Le Service municipal de la construction a recensé plus de 8.400 maisons, situées dans les arrondissements de Binh Tân, Binh Thanh et Thu Duc, ayant une hauteur inférieure à la chaussée. Selon ses calculs, le rehaussement du niveau de ces maisons nécessitera 305 milliards de dôngs.

Au dire d’experts, les zones frappées par les inondations se trouvent autant dans des zones intra-muros qu’en périphérie. L’arrondissement de Binh Thanh en est d’ailleurs souvent victime, sans compter ceux de Binh Tân, Thu Duc et

le 5e arrondissement. Aupara-vant, le 12e arrondissement et le district de Hóc Môn n’étaient jamais sous l’eau, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

Prévisions et analyses climatiques

Le canal Nhiêu Lôc - Thi Nghè contribue à l’évacuation des eaux de Hô Chi Minh-Ville.

Il y a 20 ans, les services concernés ont promis que la population n’aurait plus à subir les intempéries au moment de la construction du réseau des égouts Nhiêu Lôc - Thi Nghè, Tàu Hu - Bên Nghe et Tân Hoa - Lo Gôm.

D’après le Dr. Hô Long Phi, ancien chef de l’Institut d’étude des sources d’eau et des changements climatiques de Hô Chi Minh-Ville, les projets de construction de ce réseau ont reçu l’expertise de quatre consultants étrangers et d’une société vietnamienne. Il s’agit de PCI (Japon), CDM (États-Unis), Black and Veatch (Belgique) et de la filiale de l’Agence d’études météorologiques du Sud. Ces consultants ont ainsi proposé des normes de conception des égouts. Mais à ce moment-là, le concept de changement climatique et d’accroissement des précipitations n’était pas d’actualité, il n’a donc pas été pris en compte.

Les inondations, monnaie courante

Au dire d’experts, les égouts n’ont été conçus que pour drainer de faibles épisodes de précipitations (de 75 mm à 92 mm). Mais ces dernières années, Hô Chi Minh-Ville a souvent été frappée par de nombreuses pluies torrentielles, d’environ 150 mm par averse.

La participation du secteur privé encouragée

Le vieux réseau d’égouts de Hô Chi Minh-Ville est capable de drainer une pluviosité de 30-40 mm. Selon le projet d’aménagement d’ici à 2020, la ville nécessitera 6.000 km d’égouts contre environ 3.000 km construits à ce jour. Pour Dô Tân Long, chef du Bureau de gestion de système d’évacuation d’eau, ce secteur ne séduit pas les compagnies privées.

Afin d’expliciter ce changement, il faut étudier les données météorologiques de ces 60 dernières années: entre 1962 à 2001, on a recensé neuf pluies de plus de 100 mm, mais depuis 2002, on en a dénombré 30. Rien qu’en cinq ans (2011-2016), on a compté 13 averses de plus de 100 mm.

Particulièrement, au soir du 26 septembre 2016, une soixan-taine de rues se sont retrouvées sous un demi-mètre d’eau.

En ce qui concerne le niveau du fleuve de Saigon à Phu An, de 1990 à 2007, il a oscillé autour de 1,5 m. Entre 2008 et 2015, il a atteint plus de 1,68 m.

Selon les calculs, les ouvrages au service de la lutte contre les inondations de Hô Chi Minh-Ville ont, à ce jour, coûté plus de 20.000 milliards de dôngs (environ 878 millions de dollars), sans compter les dépenses de maintenance. Sans résultats probants.


Khoa Thiên - Hoàng Phuong/CVN

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