>>Après huit ans de crise, retour à la normale pour la Grèce
>>Grèce: l'Eurogroupe doit "absolument" alléger la dette
Vue depuis une colline d'Athènes, le 8 août. |
"Pour la première fois depuis début 2010 la Grèce se tient debout sur ses deux pieds", s'est réjoui tôt lundi 20 août dans un communiqué Mario Centeno, le président du Conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui préside aussi l'Eurogroupe et a piloté le dernier programme.
Il a considéré l'évènement comme le résultat de "l'effort extraordinaire du peuple grec, la bonne coopération avec l'actuel gouvernement grec et les efforts des partenaires européens", qui ont consenti prêts et aménagement de dette.
"L'économie, la société et tout le pays entre désormais dans une nouvelle phase", s'est félicité lundi de son côté le porte-parole du gouvernement grec Dimitris Tzanakopoulos lors d'un entretien matinal à la radio athénienne RealFm. Il a indiqué que le Premier ministre Alexis Tsipras s'adresserait au peuple grec mardi, "premier jour de la sortie du programme" international.
La Grèce est le dernier pays, après le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et Chypre, à émerger des plans d'aide internationaux qui leur ont évité de sombrer pendant la crise, et d'entraîner peut-être la zone euro avec eux.
Ayant reçu au total de ses créanciers (FMI, UE et BCE) 289 milliards d'euros de prêts en trois programmes, (2010, 2012 et 2015), le pays a dû en échange réaliser une série de réformes violentes dont certains créanciers eux-mêmes reconnaissent aujourd'hui qu'elles n'étaient pas toutes optimales, et qui lui ont fait perdre un quart de son PIB en huit ans, poussant le chômage à 27,5% en 2013.
"Cela a pris plus de temps que prévu, mais je pense que nous y sommes", a ajouté M. Centeno: "l'économie grecque a recommencé à croître (avec un PIB en hausse de 1,4% en 2017, NDLR), il y a un excédent budgétaire (...) et le chômage baisse régulièrement", tout en restant au niveau de 20%.
"Le temps de l'austérité est terminé, mais la fin du programme n'est pas le bout du chemin de ces réformes", a cependant prévenu ce week-end le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
Marchés
Il a salué cependant lundi 20 août sur la radio France Inter une journée "historique" pour la Grèce. "La Grèce va pouvoir se financer seule sur les marchés (...), définir sa propre politique économique, bien sûr en poursuivant les réformes", a-t-il ajouté.
"La Grèce a encore un long chemin à faire", a estimé aussi le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, dans une interview au quotidien Kathimerini dimanche 19 août.
Il s'est inquiété d'un possible "abandon" de la Grèce par les marchés si celle-ci rétropédale sur ses réformes. Grâce à des aménagements de dette, essentiellement l'allongement de la durée de remboursement, obtenus auprès de ses pairs européens en juin, la Grèce estime cependant que ses besoins de financement seront couverts jusqu'à fin 2022, ce qui lui permettra de n'aller solliciter les marchés qu'aux moments propices.
Mais sa dette est toujours de 180% de son PIB, et le FMI la juge insoutenable à terme. Le gouvernement rétorque que ses besoins de financement resteront cantonnés sous les 20% du PIB recommandés par l'UE. La dette grecque "n'est pas insoutenable", assure un officiel grec, mais au contraire "hautement soutenable".
"La Grèce a encore beaucoup de fleuves à franchir", titrait à la une lundi l'édition en anglais du quotidien droite-libéral Kathimerini invoquant l'économie "trop vulnérable et affaiblie du pays face aux turbulences des marchés".
Les économistes, comme le Professeur d'économie Nikos Vettas, jugent "impératif" de générer désormais "une très forte croissance", sans quoi "les ménages, déjà très affaiblis par dix ans de récession, continueront à souffrir".
AFP/VNA/CVN