La généalogie pour préserver ses racines

La famille reste au cœur des valeurs vietnamiennes. Depuis longtemps, la généalogie est une préoccupation partagée par un grand nombre de personnes âgées au Vietnam. L’occasion pour leur progéniture de découvrir la vie de leurs ancêtres.

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Généalogie de la famille Nguyên Ðông Tác (version de 1932).
Photo : CTV/CVN

Depuis la fin de la guerre américaine au Vietnam en 1975, les anciens élèves des lycées Nguyên Khuyên à Nam Ðinh et Yên Mô à Ninh Bình (Nord), aujourd’hui sexagénaires et septuagénaires émigrés aux États-Unis, évoquent dans leurs écrits les souvenirs attendrissants d’une époque d’innocence.

Parmi les articles publiés depuis plusieurs années par le cercle des anciens élèves, il faut souligner celui de Nguyên Van Luân, Que faut-il faire maintenant ?, parce qu’il soulève un problème qui intéresse tous les Vietnamiens dans le pays comme à l’étranger.

Une valeur culturelle fondamentale

L’auteur parle des retraités vietnamiens d’Amérique qui ont cessé leurs activités publiques : "Évidemment, on ne manque pas de choses à faire : tourisme, réunions d’amis, garde des petits-fils et petites-filles pendant l’absence de leurs parents…, rédaction de mémoires pour faire profiter sa progéniture de ses expériences de vie". Mais l’auteur suggère "de compléter sans tarder le cahier généalogique de notre lignée familiale, ou de commencer à le rédiger s’il n’existe pas encore".

Cette préoccupation est partagée par un grand nombre de personnes âgées au Vietnam. Après tant de bouleversements sociaux et économiques, de ruptures et de déchirements, les Vietnamiens des deux côtés du Pacifique éprouvent le besoin de réaffirmer leur identité à travers l’écriture de leur lignée familiale. Quoiqu’on en dise, la famille reste une valeur culturelle fondamentale dans la tradition vietnamienne qui se résume en trois mots : famille-village-nation.

La famille reste une valeur culturelle fondamentale dans la tradition vietnamienne.
Photo : CTV/CVN

Dans une étude ethno-psychologique des Vietnamiens, le Professeur Didier Bertrand de l’Université de Toulouse le Mirail, remarque que "c’est au travers de la famille que sont non seulement transmis mais aussi mis en œuvre les grands enseignements (traditionnels). La famille vietnamienne traditionnelle est élargie aux grands-parents, oncles, tantes et cousins qui participent à un système hiérarchisé au sein duquel se prennent toutes les décisions importantes".

Toutefois, l’ancienne famille est en pleine mutation du fait de la guerre, de l’adoption de l’économie de marché, de l’influence de la culture occidentale que favorise la politique d’ouverture, et des migration urbaines, régionales et internationales. Les liens familiaux se sont plus ou moins relâchés. Le pourcentage de divorce, par exemple, constitue un indice en augmentation constante.

Cependant, les enquêtes sociologiques continuent à affirmer que la famille reste une valeur prioritaire dans notre société. Le culte des ancêtres, qui en est la base, est pratiqué par presque toutes les familles, indépendamment de leur fortune, de leur classe sociale, de leur appartenance politique ou religieuse. Il n’est pas étonnant que depuis deux ou trois décennies, dans le pays comme à l’étranger, se forme spontanément un mouvement en vue de rassembler la grande famille et d’en dresser la généalogie.

Une riche source de documentation historique

Cette habitude de rédiger les cahiers généalogiques remonte à 1026, sous la dynastie des Lý. Les écrits conservés jusqu’à ce jour datent des Lê (1428-1789) et en grande partie de l’époque des Nguyên (1802-1945). La plupart d’entre eux se contentent d’enregistrer les noms, les dates de naissance et de mort des membres des générations successives. Ceux des grandes familles de mandarins et de lettrés, très élaborés, donnent des biographies détaillées des membres illustres. Ces cahiers généalogiques constituent dans tous les cas une riche source de documentation historique.

Dans son article, Nguyên Van Luân donne des exemples intéressants : "Au Vietnam, Dza Lan Nguyên Duc Dzu, bibliothécaire de l’École d’architecture, s’était donné beaucoup de peine pour rédiger le cahier généalogique de sa lignée familiale, un ouvrage de plusieurs centaines de pages avec une couverture de brocart… À Little Saigon (États-Unis), je connais plusieurs familles d’émigrants vietnamiens qui ont conservé les généalogies de neuf ou dix générations. Ainsi, le poète Trân Hông Châu a complété la généalogie de sa famille Nguyên Khac originaire de Hung Yên (Nord). Ðang Trân Thiên et Ðang Trân Vu ont traduit du hán en vietnamien le cahier généalogique des Ðang Trân".

Huu Ngoc/CVN
(Juillet 2000)

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