Commandé par le ministère en 2010, ce rapport sur l'évolution du climat en France d'ici 2100 paraît juste avant la présentation au Parlement du projet de loi sur la transition énergétique, qui doit être une loi phare du quinquennat.
Selon l'équipe d'experts dirigée par le climatologue Jean Jouzel, d'ici 2050, la France affichera une hausse des températures moyennes en métropole de 0,6° à 1,3°C par rapport aux années 1976-2005. L'été, cette hausse irait jusqu'à 2°C dans le Sud-Est.
Tempête à Paris, le 24 décembre 2013 |
Ensuite, sur la période 2071-2100, cette tendance s'aggravera avec une hausse moyenne des températures de 2,6°C à 5,3°C et "pourrait largement dépasser les 5°C en été" dans le sud-est.
Les phénomènes météo extrêmes -- vagues de chaleur, sécheresses, grosses pluies -- seront plus marqués: d'ici 2100, les vagues de chaleur d'été pourront dépasser 20 jours dans le sud-est, voire 40 jours dans le scénario le plus pessimiste.
Il faut aussi s'attendre à davantage d'épisodes de sécheresse dans le Midi, de 2 à 8 jours supplémentaires, pouvant parfois toucher tout le pays.
En revanche, les vagues de froid d'hiver vont se raréfier, avec 6 à 10 jours de grand froid en moins, notamment dans le nord.
Côté pluies, la France devrait connaître une légère hausse des précipitations moyennes, en été comme en hiver, comprise entre 0 et 0,42 mm/jour en moyenne.
Les précipitations extrêmes vont, elles, augmenter dans la seconde partie du siècle sur une large partie du territoire métropolitain, une hausse de plus de 5% allant jusqu'à 10% dans le nord-est.
Outre-mer, les températures pourraient augmenter de 3,5°C, alors que les précipitations devraient diminuer. La fréquence des cyclones tropicaux pourrait, elle aussi, diminuer à la fin du siècle mais leur force (vent, pluies) augmenter.
Bâtiments publics à énergie positive
La ministre de l'Écologie a choisi de présenter ce rapport lors d'une visite dans le massif du Mont-Blanc, où le recul des glaciers illustre les changements du climat. "Ce rapport confirme les scénarios du changement climatique, avec des aspects très concrets pour la vie quotidienne en France. Cela aide à une prise de conscience, non pas pour un discours catastrophiste mais pour donner une clé pour agir", a-t-elle jugé.
Elle en a profité pour annoncer une nouvelle mesure d'économies d'énergie : "tous les nouveaux bâtiments publics ou recevant des subventions publiques devront être à énergie positive", a-t-elle déclaré à l'AFP lors d'un entretien téléphonique. Cette obligation devait être inscrite dans le projet de loi présenté à l'Assemblée le 1er octobre.
Tout nouveau bâtiment public devrait donc désormais être construit de façon à produire davantage d'énergie qu'il n'en consomme. Cette règle s'appliquera aussi "à tout le logement social" puisqu'il est subventionné, a-t-elle précisé.
Les bâtiments à énergie positive non seulement limitent leur consommation de chauffage ou d'électricité par des techniques d'isolation et de gestion intelligente de l'énergie, mais en outre, récupèrent ou produisent de l'énergie renouvelable (par panneaux solaires, éoliennes, pompes à chaleur, etc.). Encore rares en France, ils commencent à apparaître depuis quelques années, avec déjà quelques centaines d'exemples.
Le projet de loi sur la transition énergétique vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre en France de 30% d'ici 2030 et à atteindre 32% d'énergie renouvelable.
"Nous avons non seulement les moyens de la transition énergétique mais aussi l'obligation car c'est un levier de sortie de crise, en relançant des secteurs comme le bâtiment et les travaux publics", a estimé la ministre, promettant que cette loi serait "la plus en avance en Europe".
AFP/VNA/CVN