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"Il faut à présent accélérer, pour passer à 6 GW de capacités supplémentaires par an – c'est-à-dire le double de ce que nous faisons aujourd'hui", a déclaré le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, après une visite d'un parc photovoltaïque à Manosque, dans le Sud du pays.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, en visite au parc photovoltaïque La Fito, à Manosque, le 5 avril dans les Alpes-de-Haute-Provence. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La France avait ajouté, en 2023, 3,2 GW de capacités supplémentaires, après une hausse de 2,7 GW en 2022, une progression très lente face aux besoins massifs de décarbonation du pays, pour un total de 19,3 GW de production solaire, essentiellement dans trois régions : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Rhône-Alpes.
Or, dans sa feuille de route énergétique publiée fin novembre, le gouvernement a avancé à 2035 (au lieu de 2050) l'objectif de parvenir à 100 GW de production solaire.
Reste à se retrousser les manches. "Le sujet n'est pas de savoir si nous voulons oui ou non recourir massivement au photovoltaïque. Le sujet est de savoir comment nous allons le faire, à quelle vitesse, avec quelle filière industrielle", a lancé M. Le Maire en annonçant le lancement d'un "pacte solaire" avec les acteurs du système qui seront incités à acheter et produire français.
C'est la première fois que le ministre, pro-nucléaire assumé, effectuait un déplacement sur la thématique du solaire, une énergie que les Français "aiment" et sont "prêts à accueillir" près de chez eux, a-t-il dit dans un parallèle implicite avec les oppositions aux éoliennes terrestres.
"Induscore", comme le Nutriscore
L'objectif est de "produire en France d'ici 2030 40% des panneaux photovoltaïques que nous utilisons", a affirmé M. Le Maire, qui était accompagné du ministre délégué à l'Industrie et à l'Energie, Roland Lescure.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire (centre-gauche), et le ministre de l'Industrie, Roland Lescure (centre-droite), en visite au parc photovoltaïque La Fito, à Manosque, le 5 avril dans les Alpes-de-Haute-Provence. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon son cabinet, le "pacte solaire" proposé aux acteurs du secteur - fabricants d'un côté et clients de l'autre - est basé sur "la solidarité" pour booster l'achat du "made in Europe", voire "in France", et la construction d'usines sur le territoire.
En échange d'achats en France, l'État s'engage à soutenir "massivement le développement du solaire en France" en renforçant dans les appels d'offres les critères sur le "contenu carbone" des panneaux - un panneau produit localement sera ainsi mieux noté.
"Nous ouvrons le bar des signatures pendant deux mois", indique-t-on au cabinet de Roland Lescure. Déjà 29 acteurs ont signé, plutôt des "développeurs agiles et motivés" comme Neoen, ou des entreprises "motivées" qui veulent transformer leurs délaissés fonciers en champs photovoltaïques, comme la SNCF.
Bruno Le Maire a demandé aux "grands donneurs d'ordres" comme TotalEnergies, Engie ou EDF de s'engager aussi dans ce "pacte solaire".
Le projet est d'autant plus sensible que le pays attend l'installation d'ici fin 2025 de deux giga-usines de panneaux solaires (Carbon à Fos-sur-mer et HoloSolis à Sarreguemines). Ils sont en train de "déposer leurs permis de construire", selon le cabinet de M. Lescure.
Bercy souhaite encourager l'installation d'usines spécialisées dans telle ou telle partie du processus de fabrication des panneaux.
Pour cela, il s'apprête à lancer un "Induscore" sur le modèle du Nutriscore dans l'alimentation, avec une note A, B, C, D ou E, correspondant au pourcentage de fabrication du panneau en Europe : A, si 4 étapes au moins sont réalisées dans l'espace économique européen, et E, s'il est importé d'un pays hors Europe.
Par ailleurs, un décret sur l'agrivoltaïsme, très longuement négocié, pour encadrer et encourager l'installation de projets photovoltaïques sur les terres agricoles doit être publié ce week-end au Journal officiel.
AFP/VNA/CVN