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>>États-Unis : 5 millions de nouveaux chômeurs attendus en une semaine
Une femme passe devant une agence pour l'emploi, le 16 juillet à Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis le mois d'avril, ce sont 600 USD supplémentaires qui sont versés chaque semaine aux bénéficiaires de l'allocation chômage.
Près de quatre mois et des légions de licenciements plus tard, 32 millions de personnes en bénéficient, et ont ainsi "pu payer leurs factures, payer leur remboursement de prêt, payer leur loyer, pu acheter à manger", a expliqué Gary Burtless, économiste à la Brookings Institution.
Mais la mesure doit prendre fin le 31 juillet, ce qui "pourrait faire dérailler la reprise", selon une note des analystes d'Oxford Economics, qui estiment que "prolonger cette mesure jusqu'à fin 2020 pourrait préserver un million d'emplois".
Faute de prolongation de la mesure, les revenus des familles seraient au moins divisés par deux, selon leurs calculs, et bien plus dans certains États.
Aux États-Unis, le montant et la durée de l'allocation chômage dépendent de chacun des 50 États. Les habitants du Maryland peuvent en bénéficier pendant six mois, ceux de Géorgie ou du Nevada doivent se contenter de trois mois.
Et le montant varie de 235 USD (205 euros) par semaine dans le Mississippi, à 823 USD (720 euros) dans le Massachusetts.
Jusqu'à fin décembre ?
Ces 600 dollars ont permis à beaucoup d'Américains dont le salaire était faible de ne pas tomber dans la pauvreté. Et à l'économie américaine de continuer à faire fonctionner son moteur principal: la consommation.
Beaucoup de familles, notamment aux revenus peu élevés, ont pu "continuer à dépenser de l'argent (...) auprès d'entreprises qui peuvent ainsi conserver leurs employés", a encore indiqué Gary Burtless.
Les aides gouvernementales ont été utilisées majoritairement pour acheter à manger, mais aussi payer les factures, selon les données du Bureau des statistiques (Census).
Les discussions s'annoncent houleuses au Congrès, avec en ligne de mire l'élection présidentielle de novembre. Le président Donald Trump a reçu lundi 20 juillet les responsables démocrates et républicains, selon le Washington Post.
Les opposants craignent que la prolongation de cette aide pour les chômeurs ne les décourage de chercher un emploi dans la mesure où nombre de bénéficiaires touchent pour le moment plus d'argent que lorsqu'ils travaillaient.
Les entreprises disent ainsi avoir du mal à pourvoir certains postes, selon un rapport de la Réserve fédérale américaine (Fed).
"Si le montant de l'allocation est trop élevé, certaines personnes rechigneront à chercher un emploi", reconnaît Gary Burtless.
Mais "en ce moment, il y a beaucoup, beaucoup plus de personnes désespérées de ne pas trouver d'emploi, que d'emplois désespérés de ne pas trouver de travailleurs pour les occuper", relève-t-il.
Il mise sur une adoption par le Congrès d'une extension de la mesure jusqu'à fin décembre, "peut-être pas de 600 USD par semaine, mais 200, 150 USD".
Nouveaux cas
Diana Yitbarek, le 16 juillet à Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Diana Yitbarek, 44 ans, est au chômage depuis avril, mais ne parvient pas à toucher son allocation, car elle a perdu le mot de passe d'accès à son compte.
"Chaque fois que j'appelle, je tombe sur le répondeur. J'attends sept heures, huit heures, parfois plus. Ça fait presque trois mois et je suis sur le point d'abandonner", a-t-elle raconté.
"Je lutte pour payer les factures et (...) c'est difficile de trouver un emploi parce que tout est fermé", explique-t-elle.
À Washington, où elle vit, les bureaux du chômage sont fermés au public. Ailleurs dans le pays, où certaines agences sont ouvertes, les médias locaux montrent d'énormes files d'attente, des dizaines de personnes qui passent la nuit sur place pour être reçus.
Après des réouvertures parfois prématurées, et une explosion des contaminations, une partie du pays a dû fermer de nouveau commerces, restaurants, entreprises, faisant craindre une nouvelle vague de licenciements.
Le rehaussement de l'allocation chômage "se (termine) fin juillet, quand les cas explosent et que les entreprises ferment de nouveau (...). Il y a des gens qui se demandent où/comment ils vont trouver leur prochain repas", déplore sur Twitter @emma7770.