>>États-Unis : la présidente de la Fed évasive sur la hausse des taux d'intérêts
>>Pour la première fois, une femme noire sur un billet américain
La présidente de la Fed, Janet Yellen, le 15 juin à Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À l'issue de deux jours de réunion, son Comité de politique monétaire (FOMC) a donc renoncé à un nouveau relèvement des taux directeurs, qui déterminent le coût du crédit aux États-Unis et continueront de se situer entre 0,25% et 0,50%.
La hausse historique décidée il y a six mois par la Fed et qui était censée amorcer le début de normalisation monétaire après sept ans de taux zéro est donc, jusqu'à présent, restée sans lendemain.
Ce statu quo était toutefois largement attendu par les marchés. Les récents chiffres des créations d'emploi en mai - les plus mauvais depuis près de six ans - avaient jeté un froid et fait naître des doutes sur la capacité de l'économie américaine à encaisser une nouvelle hausse des taux et un renchérissement du coût du crédit.
La présidente de la Fed, Janet Yellen, avait elle-même qualifié ces chiffres "d'inquiétants" et renoncé à fixer la moindre échéance pour une nouvelle hausse des taux, alors qu'elle en avait auparavant promise une "dans les prochains mois".
Dans son communiqué, le FOMC prend acte de ce coup de mou de l'emploi, qui fait partie, avec l'inflation, des deux priorités de la banque centrale des États-Unis.
"Le rythme d'amélioration du marché du travail a ralenti", conviennent les membres du FOMC, notant que les gains d'emplois ont "diminué" même si le taux de chômage a encore reculé à 4,7%.
Les responsables de la banque centrale affirment également qu'ils continueront de surveiller "étroitement" l'évolution de la situation économique dans le monde alors que la Grande-Bretagne doit décider le 23 juin par référendum si elle reste dans l'Union européenne.
Le vote britannique sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne pourrait "avoir des conséquences économiques et financières au niveau mondial", a affirmé Mme Yellen lors d'une conférence de presse, reconnaissant que cela avait pesé dans la décision de maintenir le statu quo.
"De toute évidence, c'est une décision très importante pour le Royaume Uni et l'Europe", a estimé Mme Yellen ajoutant que si elle avait des conséquences sur les marchés financiers mondiaux, "cela pourrait en retour avoir un impact sur les perspectives de l'économie des États-Unis" et "le cours de la politique monétaire".
Les partisans d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE ont le vent en poupe et sont donnés gagnants dans des récents sondages, soulevant un vent d'inquiétude sur les marchés financiers mondiaux.
Prévisions de croissance en baisse
Dans son communiqué, la Fed ne consacre que quelques petites phrases à la situation internationale et s'attache surtout à donner des signes rassurants sur l'économie américaine, augurant d'une hausse "graduelle" des taux à un avenir toutefois non déterminé.
Le sceau de Réserve fédérale américaine sur un billet de banque. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le FOMC note ainsi que la croissance de l'activité économique américaine semble avoir "accéléré", comme l'ont montré plusieurs récents indicateurs, alors qu'au 1er trimestre la progression du produit intérieur brut (PIB) n'a été que de 0,8% en rythme annualisé.
Dans des prévisions publiées séparément, la majorité des membres du FOMC estime toujours que les taux seront relevés deux fois d'ici la fin de l'année. Mais ils ont abaissé le rythme de hausses pour 2017 et 2018.
La majorité juge que les taux directeurs se situeront à 0,9% fin 2016, ce qui équivaut à deux hausses d'un quart de point. Mais ils sont plus nombreux qu'en mars à penser que les taux ne seront relevés qu'une seule fois.
Du côté de l'inflation, autre priorité de la Fed, l'impact de la chute des prix du pétrole commence à s'effacer mais l'inflation est encore loin de l'objectif de 2% de la Réserve fédérale.
La Fed ne se départit toutefois pas d'un certain pessimisme dans ses nouvelles projections trimestrielles puisqu'elle abaisse ses prévisions de croissance pour 2016 comme pour 2017 (toutes deux à 2,0%).
Malgré ces incertitudes, Mme Yellen pourra se réjouir de n'avoir aucun dissident dans les rangs du FOMC : la décision de laisser les taux inchangés a été adoptée à l'unanimité de ses dix membres votants.
AFP/VNA/CVN