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L'Inde est l'un des plus gros importateurs de bijoux en or, souvent offerts comme cadeaux de mariage. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La demande mondiale s'est établie au premier trimestre 2018 à 973,5 tonnes, en baisse de 7% par rapport au premier trimestre 2017, a annoncé le Conseil mondial de l'or (CMO) dans un rapport publié jeudi 3 mai à Londres. "L'intérêt des investisseurs ne brille pas, et ce à travers les marchés", a commenté John Mulligan, un des responsables du CMO, interrogé par l'AFP.
Ces dernières années, les trimestres de demande réduite s'expliquaient tour à tour par un intérêt modéré des investisseurs financiers, représenté par les ETF (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques d'or), ou par une faible demande de la part des acheteurs d'or physique. Mais lors des trois premiers mois de 2018, ces deux facteurs se sont combinés.
Finance sans or
La demande d'ETF a représenté 32,4 tonnes au premier trimestre 2018, en hausse par rapport au dernier trimestre de 2017 mais en chute de 66% sur un an.
La demande d'ETF est particulièrement volatile car les fonds équilibrent leurs portefeuilles d'actifs d'un simple clic au gré des prévisions de politique des grandes banques centrales ou du risque géopolitique. "Les indicateurs de la santé économique américaine divergent, et cela explique le manque de dynamisme du prix de l'or", a estimé M. Mulligan.
Si les données sur l'économie des États-Unis laissent attendre un resserrement des taux de la Réserve fédérale américaine, la politique imprévisible du président Donald Trump laisse les investisseurs prudents. Ces incertitudes expliquent un trimestre plutôt calme pour le métal jaune, dont le cours a gagné 2,51% lors du trimestre pour finir à 1.341,24 dollars l'once fin mars.
La roupie trébuche
Du côté de l'or physique, la demande de bijouterie s'est effritée de 1% à 487,7 tonnes et celle d'or en lingots ou en pièces a reculé de 15% à 254,9 tonnes. Si la demande de bijouterie a augmenté en Chine (à 187,8 tonnes, +7% par rapport au premier trimestre 2017), elle a chuté de 12% en Inde à 87,7 tonnes.
La demande d'or en Chine continentale représentait 250,6 tonnes au quatrième trimestre 2015, soit plus du quart de la demande mondiale. |
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Comparé au dernier trimestre de 2017, quand la demande indienne de bijouterie avait grimpé à 189,6 tonnes, il s'agit d'une dégringolade de la demande du deuxième importateur mondial.
"Il s'agit du troisième plus mauvais trimestre de la bijouterie indienne en dix ans, car la faiblesse de la roupie a accentué la hausse du prix de l'or en dollar", a commenté le CMO. Par ailleurs, l'organisation souligne que le nombre de jours jugés favorables aux mariages en Inde était particulièrement limité ce trimestre par rapport à l'année précédente.
Offrir de la bijouterie en or est un cadeau traditionnel en Inde, et la saison des mariages à la fin de l'année explique également la nette baisse entre l'avant-dernier et le dernier trimestres.
Turquie et technologie étincellent
Au Moyen-Orient, la hausse des tensions géopolitiques et la faiblesse des monnaies locales ont pesé sur la demande en bijouterie (-15% à 45,3 tonnes) mais dopé celle en pièces et lingots (+63% à 15,7 tonnes) d'acheteurs désirant placer leurs économies dans cette valeur sûre.
En revanche, la faiblesse de la lire turque n'a pas empêché la Turquie de montrer une demande d'or robuste, en hausse de 47% à 13,1 tonnes pour les pièces et lingots et de 19% à 9,9 tonnes pour la bijouterie. Les banques centrales de Turquie, du Kazakhstan et de Russie, notamment, ont quant à elles continué d'acheter de l'or, entraînant une hausse de 42% de la demande mondiale de l'ensemble de ces institutions, à 116,5 tonnes.
Enfin, la demande industrielle d'or (+4% à 82 tonnes) continue d'être dopée par la démocratisation de certaines technologies, notamment dans l'industrie des puces électroniques.