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L'activité économique résiste, mais gare à la résurgence de l'inflation : la croissance française a nettement décéléré au troisième trimestre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Conforme aux prévisions de l'Insee et légèrement inférieure à celles de la Banque de France (+0,25%), la croissance a bénéficié d'une légère progression de la production de services (+0,5%), en retrait toutefois par rapport à celle du printemps (+1%).
"Comme il s'agit surtout de résorber des arriérés de production, on peut difficilement caractériser la performance économique du troisième trimestre comme très solide", juge dans une note Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.
Les trois derniers mois de l'année devraient être plus difficiles, avec une croissance nulle attendue au 4e trimestre par l'Insee, qui prévoit un taux de 2,6% pour l'ensemble de 2022 (0,1 point en dessous de l'estimation du gouvernement).
Le troisième trimestre "est le dernier hourra avant l’entrée en récession", tranche Maxime Darmet, économiste spécialiste de la France chez Allianz Trade, même si "les voisins de la France s'en sortent beaucoup plus mal".
L'inflation, qui s'est brusquement redressée à 6,2% sur un an après avoir ralenti en août et en septembre, a déjà commencé à comprimer le portefeuille des Français.
Avec des prix qui s'apprécient à une vitesse inédite depuis le milieu des années 1980, les ménages "sentent durement la baisse de leur pouvoir d'achat", affirme Maxime Darmet.
Les données du troisième trimestre ne sont pas encore disponibles mais l'Insee a déjà acté un recul du pouvoir d'achat au premier semestre.
L'indicateur qui résume la perte de pouvoir d'achat individuel ("revenu disponible brut par unité de consommation") a ainsi diminué de 1,8% au premier trimestre et de 1,2% au deuxième.
Ce qui pousse les ménages à économiser. L'Insee prévoit ainsi une progression du taux d'épargne d'ici la fin de l'année (17% contre 15,5% au premier semestre).
Évolution annuelle du PIB français depuis 2019, en %, selon l'Insee. Photo : AFP/VNA/CVN |
Les dépenses de consommation des ménages en services d'hébergement-restauration ont déjà commencé à se ratatiner cet été, passant de 12,7% au 2e trimestre à seulement 0,6% sur la période de juillet à septembre.
Fin de l'euphorie
Les deux secteurs bénéficient pourtant traditionnellement de l'afflux de touristes au cœur de l'été et avaient profité de dépenses exceptionnelles des ménages au printemps après deux années de pandémie.
"L'euphorie post-COVID est terminée en ce qui concerne les dépenses en services", commente M. Darmet.
"Au printemps, on (les ménages) n'avait pas encore noté la hausse très forte de l'énergie" et les consommateurs disposaient de "réserves de liquidités", explique-t-il auprès de l'AFP.
"Pendant l’été, on s’est rendu compte que les choses ne s’amélioraient pas et que les prix du gaz et de l’électricité" continuaient à augmenter, ce qui a pu inciter les Français à modérer leur consommation.
Biens et services confondus, la consommation des ménages, moteur habituel de l'économie française, a donc stagné au troisième trimestre (0,0% après +0,3%).
Dans le détail, la consommation d'énergie reste bien orientée (+0,6%) au contraire de la consommation alimentaire, en recul de 1,6% sur le trimestre, les prix des denrées ne cessant d'augmenter ces derniers mois et obligeant les consommateurs à se serrer la ceinture.
Du côté des entreprises, l'investissement demeure en revanche encourageant et progresse même par rapport au printemps.
"Ce n'est pas étonnant dans la mesure où les entreprises anticipent des temps plus difficiles au quatrième trimestre et profitent donc des conditions de financement favorables" avant qu'elles ne se durcissent, décrypte M. Darmet.
"La contribution du commerce extérieur est négative ce trimestre (-0,5 point, après +0,0 point aux deux trimestres précédents)", ajoute l'Insee, du fait d'exportations en plus faible expansion (+0,7%) que les importations (+2,2%).
Le recul des exportations est particulièrement marqué dans les services (-0,4% après 3,3% au printemps).
AFP/VNA/CVN