Entrée en Bourse de la Française des Jeux
La course aux actions dans la dernière ligne droite

La course aux actions de la Française des Jeux bat son plein dans la dernière ligne droite avant l'entrée en Bourse de l'opérateur de jeux, avec déjà "plus d'un milliard d'euros" souscrits par les petits épargnants, selon Bruno Le Maire.

>>FdJ : entre 16,50 et 19,90 euros pour tenter sa chance en Bourse

Le siège de la Francaise des Jeux à Boulogne Billancourt (Hauts-de-Seine), le 7 novembre.

La Française des Jeux vit ses derniers jours d'entreprise publique. Jeudi 21 novembre, elle entrera au Bourse au terme d'une période de souscription qui a suscité un vif appétit des petits porteurs comme des gros investisseurs pour les 99 millions d'actions mises sur le marché. L'État pourrait empocher près de 2 milliards d'euros grâce à la privatisation de l'opérateur de jeux, dans lequel sa participation va passer de 72% à environ 20%.

L'engouement a été rapide : dès le 8 novembre, soit au lendemain de l'ouverture de la période permettant de réserver des actions, la part réservée aux investisseurs institutionnels avait été entièrement souscrite. Quant au grand public - auquel 20 à 40% des titres sont réservés - il a déjà demandé des actions pour "plus d'un milliard d'euros", a annoncé dimanche 17 novembre le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire. Ce montant dépasse de loin les 600 millions qui étaient visés à l'origine pour les petits épargnants. "C'est un immense succès populaire (...) C'est considérable", s'est félicité M. Le Maire lors de l'émission BFM Politique de BFM-Le Parisien. "Les Français sont au rendez-vous, les souscripteurs sont au rendez-vous".

Mercredi 13 novembre, alors que le seuil des 600 millions d'euros d'actions demandées par des particuliers avait été franchi, M. Le Maire y avait vu "la preuve que le pari de l'actionnariat populaire est un pari gagnant". "Nous sommes en train d'enclencher un cercle vertueux sur l'épargne des Français", a-t-il estimé dimanche 17 novembre. Les particuliers ont encore jusqu'à mardi soir pour souscrire des actions. Les souscriptions inférieures à 5.000 euros seront prioritaires, et ceux qui auront demandé plus ne verront qu'une partie de leur demande satisfaite, afin de contenter le maximum de porteurs.

Quant aux investisseurs institutionnels (fonds, entreprises, banques, assurances, etc.), ils ont jusqu'à mercredi midi pour souscrire des titres. La première cotation à la Bourse de Paris, sur Euronext, aura lieu jeudi matin 21 novembre, avec la traditionnelle cérémonie de la cloche qui marque toute nouvelle introduction. La fourchette du prix de l'action est comprise entre 16,50 et 19,90 euros pour les institutionnels, les particuliers bénéficiant d'une décote de 2% ramenant cette fourchette entre 16,17 et 19,50 euros.

Au vu de l'engouement constaté pendant la période de souscription, le prix définitif de l'action devrait logiquement se situer dans le haut de la fourchette. Reste à savoir si, et quand, l'État exercera son option de surallocation, soit la mise sur le marché d'un lot ultime d'actions qui est gardé en réserve en cas de forte demande.

L'État triplement gagnant

Avec un nombre maximum de 99,32 millions de titres mis sur le marché, l'opération pourrait ainsi rapporter jusqu'à 1,9 milliard d'euros à l'Etat. Au total, la Française des Jeux serait valorisée entre 3,15 et 3,8 milliards d'euros, selon sa PDG, Stéphane Pallez, aux commandes du groupe depuis cinq ans.

Héritière de la loterie nationale créée en 1933, la FdJ est une des rares entreprises publiques françaises en bonne santé financière. Son nom est aussi très familier pour les Français, qui ont encore misé l'an dernier près de 16 milliards d'euros dans ses jeux d'argent et de hasard. Pour cette privatisation, tout l'enjeu du gouvernement était de séduire les petits épargnants, d'autant que c'est la première fois depuis 2005 et l'entrée en Bourse d'EDF que le grand public sera associé à une telle opération initiée par l'État.

Pour les convaincre d'investir, plusieurs avantages ont été réservés aux petits épargnants : outre une décote de 2%, ils se verront également attribuer une action gratuite pour 10 achetées s'ils les conservent pendant 18 mois. L'État sera triplement gagnant dans l'opération: outre l'argent tiré de la vente de ses parts, il va continuer d'empocher les quelque 3,5 milliards d'euros de recettes fiscales et sociales versées chaque année par la FDJ, même après la privatisation. Et il va recevoir 380 millions d'euros de l'entreprise en échange du monopole pour exploiter pendant 25 ans jeux de loterie et paris sportifs dans son réseau physique.


AFP/VNA/CVN

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