Depuis l'établissement de leurs relations diplomatiques en 1990, les relations Vietnam-UE se sont développées rapidement et se sont élargies vers d'autres secteurs et ont gagné en profondeur.
La coopération bilatérale a été élargie vers de nombreux domaines, englobant désormais commerce, investissement, coopération pour le développement, culture, éducation, santé, sciences et technologies, sans oublier la coopération face aux défis mondiaux.
L'UE est devenue un des premiers partenaires économiques du Vietnam. Les échanges commerciaux bilatéraux, qui connaissent une croissance annuelle de 15-20%, sont passés de 1,5 milliard de dollars en 1995 à 15,2 milliards en 2009. Ces dernières années, les exportations vietnamiennes vers l'UE ont enregistré une hausse continue, d'où l'augmentation de la plus-value commerciale du Vietnam, qui a été passée d'environ 2,9 milliards d'euros en 2001 à 5,2 milliards en 2008.
Au sein des pays membres de l'UE, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, la Belgique et l'Italie sont les plus grands débouchés d'exportation du Vietnam. Ce dernier exporte essentiellement chaussures, prêt-à-porter, café, meubles, produits halieutiques... Il importe machines, équipements, produits pharmaceutiques, matières premières pour les industries textile et maroquinière, celles de l'acier, des engrais...
Concernant l'investissement, jusqu'à fin 2009, vingt et un des vingt-sept pays membres et des grands groupes de l'UE ont investi dans 947 projets au Vietnam, d'un montant total de 13,3 milliards de dollars.
D'après le prof.-Docteur Ðinh Công Tuân, rédacteur en chef de la revue Nghiên cuu châu Âu (Études européennes), les entreprises européennes s'intéressent particulièrement à l'industrie lourde, où les investissements sont 2,8 fois supérieurs aux autres secteurs, ainsi sur des secteurs clefs de l'économie vietnamiennes comme industrie manufacturière, services banco-financiers, hautes technologies...
Perspectives de négociations sur un accord de libre-échange
Actuellement, l'UE est le deuxième bailleur de fonds bilatéral en matière d'aide publique au développement (APD) et le premier fournisseur d'aides non remboursables au Vietnam.
Le total des APD engagées par l'UE au Vietnam pour la période 1996-2009 s'est élevé à 10 milliards de dollars et plus d'un milliard pour 2010. Ces aides sont réservées aux domaines prioritaires du Vietnam que sont développement rural, assistance technique, techniques de gestion d'entreprise, assistance à la réforme administrative et judiciaire, intégration économique internationale.
Pour le vice-ministre des Affaires étrangères Bùi Thanh Son, le développement spectaculaire des relations bilatérales a franchi le cadre de l'Accord de coopération Vietnam-CE de 1995, le statut et le rôle du Vietnam et de l'UE ayant bien changé. L'achèvement des pourparlers sur l'Accord de coopération et de partenariat (PCA), de près de deux ans, a créé un nouveau cadre juridique pour les relations de partenariat égal, de coopération intégrale et durable entre le Vietnam et l'UE. "De nouvelles opportunités de coopération se sont ouvertes vers d'autres domaines jusque là peu exploités tels que économie, sciences et technologies, culture et partenariat sectoriel", a-t-il estimé.
Par ailleurs, afin que les relations bilatérales se développent davantage, le Vietnam et l'UE préparent actuellement la feuille de route des négociations sur un Accord de libre-échange (FTA). Cependant, aux yeux de Vo Trí Thành, directeur adjoint de l'Institut central d'études et de gestion économiques (CIEM), il ne sera pas facile de réussir ces pourparlers, ni de faire du FTA Vietnam-UE un modèle/exemple à suivre pour celui entre l'ASEAN et l'UE. "Les institutions du Vietnam sont faibles, alors que celles de l'UE sont très compliquées suite à ses nouvelles politiques commerciales et d'investissement", a-t-il analysé. En outre, l'économie mondiale traverse actuellement de forts bouleversements, la circulation des capitaux, des marchandises, des matières premières et des matériaux de production connaissant une évolution vigoureuse.
Une autre question à laquelle le Vietnam s'intéressera particulièrement lors des négociations sur le FTA avec l'UE est la reconnaissance par celle-ci de son statut d'économie de marché. Cela diminuera les barrières techniques comme les mesures d'antidumping prises par l'UE contre un certain nombre de marchandises vietnamiennes. Alors, d'après M. Thành, l'UE peut consulter les règles d'origine stipulées dans le FTA entre l'ASEAN (dont le Vietnam est un membre) et la République de Corée pour promouvoir le processus de pourparlers. "Si cette question n'est pas privilégiée et les négociation sur le FTA entre le Vietnam et l'UE ne sont pas achevées au cours des trois prochaines années, le pays devra faire face à des impacts défavorables", a-t-il insisté.
De son côté, Alain Canny, président de la Chambre de Commerce européenne au Vietnam (Eurocham), a prévu que la reconnaissance par l'UE du statut d'économie de marché au Vietnam ne devrait pas tarder. Pourtant, afin de la matérialiser au plus tôt, "le Vietnam devra accélérer la réforme de son secteur public de même que la reconversion de ses entreprises publiques en sociétés par actions", a-t-il indiqué.
Le Livre Blanc d'Eurochamsur l'investissement au Vietnam
La Chambre de Commerce européenne au Vietnam (EuroCham) vient de sortir fin novembre son Livre Blanc 2011 intitulé "Les questions commerciales et les recommandations pour 2010".
Ce fascicule, bilingue (anglais/vietnamien), analyse les traits saillants de l'environnement commercial de plus de 700 entreprises membres d'EuroCham au Vietnam, spécialisées dans des secteurs aussi divers que la pharmacie, l'énergie, la restauration rapide, les télécommunications, l'automobile, le tourisme, la banque, les finances... Il aborde également d'autres points importants telles la délivrance de la licence d'investissement, la protection de la propriété intellectuelle, la fusion d'entreprises et l'exécution des engagements du Vietnam envers l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
L'exécution rapide et complète des engagements envers l'OMC en 2010, la poursuite du processus de reconversion des entreprises publiques en sociétés par actions, la lutte efficace contre la bureaucratie, la gabegie ou la corruption contribueront à renforcer l'attractivité du Vietnam aux yeux des investisseurs européens, a affirmé Alain Cany, président d'EuroCham. "Nous avons analysé les problèmes principaux auxquels se heurtent les entreprises européennes au Vietnam. Nous pensons que c'est le moment pour le gouvernement vietnamien de lever ces obstacles pour renforcer l'attractivité du Vietnam via l'amélioration de la qualité de sa main-d'oeuvre, de ses infrastructures, de son approvisionnement en énergie, sans oublier l'encouragement des programmes de partenariat public-privé (PPP)...", a-t-il déclaré.
Hoàng Minh/CVN