La Commission europénne présente sa "vision" des transports du futur

La Commission européenne a recommandé le 28 mars aux États membres de trouver 1.500 milliards d'euros à investir d'ici à 2050 pour financer les infrastructures de transports et les véhicules du futur.

"Il s'agit d'un document de vision. Il n'a pas valeur législative", a reconnu le commissaire en charge des Transports, Siim Kallas, en présentant son "livre blanc". "Mais il sera suivi d'actions", a-t-il promis.

Pour l'instant, la Commission européenne se contente de proposer, sans imposer, et elle se dit très consciente des limites financières des gouvernements européens. Les rues de Bruxelles, la capitale de l'Europe, et ses voies d'accès sont truffées de nids de poule que les autorités peinent à colmater faute d'argent. "L'autofinancement est l'avenir, car il y aura de moins en moins de deniers publics", a souligné M. Kallas. "Or les projets d'infrastructures ont besoin d'une période de stabilité de 30 ans", a-t-il insisté.

Interrogé sur les projets d'infrastructures ferroviaires transfrontaliers toujours en souffrance, comme la ligne TGV Lyon-Turin ou le corridor de fret entre les ports de Gênes, en Italie, et Rotterdam aux Pays-Bas, Siim Kallas s'est contenté de rappeler "les engagements des autorités des pays concernés". "J'espère que tout se passera comme prévu", a-t-il commenté.

Ses propositions visent quatre objectifs : supprimer les véhicules à essence dans les villes, porter à 40% la part des carburants durables à faible teneur en carbone dans l'aviation, réduire d'au moins 40% les émissions du transport maritime, transférer 50% du transport routier de passagers et de fret sur moyenne distance sur le rail et les voies navigables. "Grâce à ces mesures, il sera possible d'obtenir une réduction de 60% des émissions liées aux transports d'ici le milieu du siècle", a-t-il assuré. "Je trouve cet objectif très réaliste", a-t-il affirmé.

Les transports sont le cauchemar de la commissaire en charge du Climat, Connie Hedegaard, car les émissions de CO2 de ce secteur sont en augmentation constante (+23,6% en 2008). La France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne contribuent pour 76% des émissions du transport dans l'UE.

L'appel de fonds lancé par M. Kallas s'ajoute à celui de son collègue Günther Oettinger, en charge de l'Énergie, qui a préconisé 1.000 milliards d'euros d'investissements pour moderniser les réseaux pour le transport de l'électricité et du gaz.

Une proposition du commissaire à la Fiscalité, Algirdas Semeta, doit venir compléter le dispositif afin de dissuader les consommateurs d'utiliser les carburants tirés du pétrole dont les prix flambent.

Aucune contrainte n'est toutefois imposée aux États. "Fixer des objectifs et forcer des actions est une approche difficile", a reconnu M. Kallas.

Les ministres en charge des Transports devraient livrer leurs premiers commentaires sur ces propositions lors de leur réunion aujourd'hui à Bruxelles.

Elles ont déjà cristallisé les positions. La Société des chemins de fer en France (SNCF) a applaudi la mise en avant du rôle du rail. L'Association des constructeurs automobile (ACEA) a déploré la mise au ban des véhicules à moteur. "Le transport par la route joue un rôle capital et ne peut être victime de décisions arbitraires", a tonné son secrétaire général Ivan Hodac.

AFP/VNA/CVN

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