Développement durable, maître mot du Salon des produits de la mer aux États-Unis

À l'heure de la surexploitation des océans, le développement durable est le maître-mot du Salon international des produits de la mer, qui s'est ouvert le 20 mars à Boston (Massachusetts) avec une forte présence de professionnels asiatiques.

Les États-Unis importent plus de 80% des poissons et fruits de mer consommés dans le pays, le marché est alléchant. Surtout depuis que le nouveau Guide de l'Alimentation pour les Américains (Dietary Guidelines for Americans), publié en janvier et destiné notamment à lutter contre l'obésité, suggère de doubler la consommation de produits de la mer.

Celle-ci n'atteint que sept kilos environ par an et par personne, contre 50 kilos de viande et 35 de volaille, souligne Gavin Gibbons, porte-parole de l'Institut national de l'industrie de la pêche (National Fisheries Institute). "Les Japonais en consomment 5 à 6 fois plus que nous, et le ministre américain de l'Agriculture a suggéré que les Américains commencent à mettre plus fréquemment poisson et fruits de mer à leur menu ", insiste-t-il.

Plus de 900 sociétés de production, conserve, réfrigération, emballage ou expédition sont présents à cette foire, qui dure trois jours et attire près de 20.000 professionnels d'une centaine de pays.

Dimanche soir, six "champions" du développement durable ont été proclamés, dont le restaurateur français Olivier Roellinger, vice-président de la chaîne des Relais et Châteaux, pour leurs actions en faveur de la prise de conscience des dangers que courent les espèces et des moyens d'éviter des catastrophes écologiques. "Olivier a emmené 400 chefs des Relais et Châteaux visiter des pêcheries en Norvège, pour les aider à comprendre la nécessité du développement durable, il est un militant infatigable de la +vérité due à la mer+", a expliqué Jonathan Cartwright, chef à la "White Barn Inn" de Kennebunkport (Maine, Nord-Est), venu recevoir le prix au nom du célèbre cuisinier de Cancale (Bretagne).

Destruction des côtes en Thaïlande, raréfaction des crabes, langoustes et grands poissons en Asie après que le désastre a déjà frappé les États-Unis et d'autres rivages il y a 20 ans, les défis à relever sont majeurs.

"Quand j'ai vu diminuer les crabes sur les côtes du Maryland où j'ai grandi dans une famille de pêcheurs, puis des côtes asiatiques où j'ai monté des entreprises depuis 25 ans, j'ai compris qu'il fallait agir et j'ai créé des associations", explique Steve Phillips, Pdg d'une entreprise de production de crabe en conserve et de restauration, et un des "champions". "Il faut travailler avec les gouvernements, pour qu'ils imposent des règles, des tailles minimums des crabes pêchés, pas moins de 8-10 centimètres, pas de femelles, etc. Mais un crabe arrive à sa taille adulte en un an, c'est rapide, ces règles sont plus difficile à appliquer pour les langoustes par exemple, qui mettent sept ans à atteindre 500 grammes", explique-t-il.

L'avenir, pour beaucoup, est dans l'aquaculture, qui représente déjà environ 50% de la consommation de produits de la mer. Quitte à transformer les habitudes alimentaires des poissons, qui de carnivores deviennent parfois végétariens, comme ce bar nommé "barramundi", que ses producteurs présentent comme le poisson de l'avenir, "bon pour la santé" et "bon pour l'environnement". D'autres travaillent activement à l'industrialisation en aquaculture du caviar d'esturgeon ou de l'anguille.

De là à franchir la dernière étape et passer au "génétiquement modifié" il n'y a qu'un pas, qu'une entreprise attend impatiemment de franchir : une société américaine, Aquabounty, a mis au point en 1989 un saumon transgénique qui pourrait être bientôt approuvé par la FDA (Food and Drug Administration), un poisson-éprouvette au cycle de croissance deux fois plus rapide qu'un saumon normal.

AFP/VNA/CVN

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