>>Un don financier de la BERD au service du secteur énergétique
>>La BERD voit son rôle renforcé par la crise
Odile Renaud-Basso, alors directrice du Trésor, dans les bureaux du ministère français de l'Economie à Paris, lors d'une visioconférence pendant une réunion des ministres des Finances de la zone euro. |
Odile Renaud-Basso, alors directrice du Trésor, dans les bureaux du ministère français de l'Economie à Paris, lors d'une visioconférence pendant une réunion des ministres des Finances de la zone euro. Photo : AFP/VNA/CVN |
"Dans l'ensemble, 2020 a été moins négative que prévu" et 2021 "bien meilleure qu'attendu" dans les pays où investit la BERD, a expliqué la Française dans un entretien par visioconférence, avant l'assemblée générale de l'organisation la semaine prochaine. La Banque, fondée après la chute du mur de Berlin en 1991, célèbrera alors ses 30 ans et un total de 150 milliards d'euros d'investissements.
Beaucoup des 38 pays où la BERD est présente ont été durement frappés par les conséquences économiques de la pandémie, mais les prévisions de l'institution qui seront annoncées mardi matin 29 juin devraient faire état d'une nette amélioration à la faveur de la réouverture de la plupart de ces économies et des progrès de la vaccination contre le COVID-19.
Mme Renaud-Basso attribue ces perspectives meilleures que prévues à un rebond dans la fabrication, la production industrielle, et le prix des matières premières même s'il reste "de grandes incertitudes" notamment sur la reprise du tourisme dans des pays qui en dépendent comme la Tunisie, qui a beaucoup souffert des confinements liés au COVIDd.
Le Liban reste notamment "en grandes difficultés" à cause de la crise politique qui mine le pays depuis une explosion massive et meurtrière à Beyrouth en août. Selon le FMI, l'activité du pays devrait encore se contracter après une récession de 25% en 2020. La BERD publiera ses propres prévisions mardi 29 juin.
Reprise verte
L'organisme estime que la reprise post-COVID devra se faire sous l'angle de la transition énergétique et prévoit que la moitié de ses investissements seront bas carbone en 2025. "Nous étions proches de cet objectif en 2019 mais avec la crise sanitaire ce chiffre était tombé sous 30% l'an dernier", explique Mme Renaud-Basso. Elle déplore qu'il soit "très difficile d'avoir ce niveau d'investissement du secteur privé" dans les projets verts comparé aux larges programmes d'infrastructures qui sont financés par les gouvernements.
Un homme marche près d'une éolienne sur l'île de Tilos (Grèce), le 22 juin |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais la BERD veut aller de l'avant et s'assurer que d'ici 2022 "tous nos projets, activités et investissements soient cohérents avec l'accord de Paris" de 2015, qui a pour objectif de limiter l'augmentation de la température planétaire à moins de deux degrés celsius au-dessus des niveaux pré-industriels.
Crise de l'égalité des chances
L'ex-directrice du Trésor public français, qui a pris la tête de la BERD en novembre, souligne aussi que l'impact de la pandémie a été particulièrement ressenti par les femmes et les jeunes travailleurs, car ils sont largement employés dans les services et l'hôtellerie-restauration, secteurs forcés de cesser leur activité pendant de longs mois face à la pandémie.
"Il y a une crise de l'égalité des chances, de l'égalité de genre (...). L'un des objectifs d'une institution comme la BERD c'est d'aider les pays à répondre à ce défi et à prendre cette dimension dans nos financements", en faisant attention à ceux qui sont proposés aux femmes cheffes d'entreprise, insiste la dirigeante. Enfin, la patronne de la BERD veut que son institution puisse mieux accompagner la transformation numérique des pays, accélérée par la pandémie. La Banque elle-même se dirige vers un modèle hybride entre télétravail et bureau. "Nous ne reviendrons pas au système d'avant la crise" même si elle juge que ce n'est pas "la panacée".
"Il y a des désavantages" au télétravail, notamment la perte de la capacité "à réfléchir collectivement", remarque-t-elle. La réunion qui sera virtuelle débute lundi jusqu'à vendredi, avec des intervenants comme l'homme politique américain John Kerry, l'envoyé spécial de l'ONU sur le climat et ex-gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney, la primatologue Jane Goodall, les cheffes économistes de la BERD et du FMI. Lors du dernier jour de l'assemblée annuelle vendredi, Odile Renaud-Basso participera à une discussion avec la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva sur les défis de la reprise.
AFP/VNA/CVN