La BCE sommée de tenir ses promesses tout en ménageant les banques

La Banque centrale européenne est attendue au tournant le 10 mars : elle va devoir tenir ses promesses d'un soutien supplémentaire conséquent à la zone euro, sans que son action n'endommage la solidité des banques.

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Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.
Photo : AFP/VNA/CVN

Son président Mario Draghi a annoncé la couleur dès janvier, en assurant que la BCE "n'abandonnait pas" et allait "ré-examiner" son action en mars.

L'Italien ne ménage pas ses efforts, même si leur effet se fait attendre. Un an après avoir dégainé son bazooka monétaire, un vaste programme d'achat de dette publique et privée de 1.500 milliards d'euros destiné à faire repartir les prix et l'économie, l'inflation s'affiche à -0,2% en zone euro.

La faute à la chute sans fin des prix du pétrole et à une reprise toujours atone sur le Vieux continent, assombrie par le ralentissement de la Chine et des pays émergents.

Cela fait maintenant trois ans que la BCE rate largement son objectif d'une inflation légèrement inférieure à 2%, malgré de multiples baisses de taux, des prêts géants aux banques et son "QE", surnom du programme d'achats d'actifs.

Pis, M. Draghi a déçu les marchés en décembre, en annonçant seulement une prolongation du QE jusqu'en mars 2017. Sa réputation de "Super Mario", prêt à faire "tout le nécessaire" pour la zone euro est en jeu.

"Promesses"

"C'est l'heure de tenir ses promesses", estime Johannes Gareis, économiste chez Natixis. Comme la majorité de ses confrères, il s'attend à un "Draghi très accommodant" car "la répétition de la déception de décembre pourrait endommager la crédibilité de la BCE".

D'autant que les nouvelles prévisions d'inflation et de croissance pour la zone euro de la BCE jusqu'en 2018, publiées jeudi, ne devraient pas être roses.

M. Draghi devrait donc faire plonger le taux de dépôt, actuellement à -0,3%, encore plus loin en territoire négatif, à -0,4 ou -0,5%. Cette taxe imposée aux banques qui déposent leur argent dans les coffres de la BCE est censée les inciter à prêter plus aux ménages et aux entreprises.

L'efficacité de cette mesure, longtemps tabou, est contestée, et le secteur bancaire se plaint d'une amende impossible à répercuter sur les clients, qui ampute sa rentabilité. Mais ce levier est le plus facile à actionner pour M. Draghi: la plupart des membres du conseil des gouverneurs y sont favorables.

Après la raclée subie en Bourse ces dernières semaines par les banques, dont la solidité a commencé à inquiéter, les affaiblir "pourrait être contre-productif", remarque Holger Schmieding, économiste chez Berenberg.

Des gouverneurs se sont dits "conscients" du problème. De nombreux observateurs tablent donc aussi sur l'introduction d'un mécanisme de seuil, allégeant la charge pour les dépôts les moins importants.


AFP/VNA/CVN

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