La bataille de Raqa, nouveau défi humanitaire en Syrie

Avec l'intensification des combats pour chasser le groupe État islamique (EI) de son bastion de Raqa, les ONG font face à un défi de taille pour venir au secours des civils dans cette région isolée de Syrie.

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Des familles syriennes qui ont fui les combats à Raqa, arrivent au camp d'al-Karamah, le 13 juin.

L'approvisionnement "est très, très limité alors que les besoins sont immenses", résume Puk Leenders, coordinateur de Médecins sans frontières (MSF) pour les opérations d'urgence dans le nord syrien.
Les ONG cherchent à venir en aide aux dizaines de milliers d'habitants ayant fui Raqa et ses environs depuis le lancement en novembre de l'offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde appuyée par les États-Unis, pour reprendre la région aux jihadistes.
Mais avec la progression ces derniers jours des FDS dans la ville même de Raqa, de nouvelles vagues de déplacés sont attendues.
Or l'aide humanitaire s'avère difficile à acheminer vers cette région désertique et en bonne partie coupée du reste de la Syrie et des pays voisins, la Turquie et l'Irak.
Ankara, qui considère les FDS comme un groupe "terroriste", a ainsi fermé sa frontière au nord de Raqa.

Un enfant syrien dans le camp de déplacés d'al-Karamah, le 13 juin à 20 km à l'est de Raqa.

La frontière avec l'Irak, à environ 300 km au nord-est de fief jihadiste, reste ouverte aux marchandises mais dans la pratique la circulation est limitée, selon des responsables locaux.
L'ONU, qui opère en Syrie avec l'autorisation du régime, a pu larguer à partir de Damas de l'aide sur la ville de Qamichli, située à quelque de 300 km de Raqa.
Mais cette aide est "limitée et insuffisante pour faire face à tous les besoins", estime David Swanson, porte-parole régional du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Ainsi, à Aïn Issa, à environ 50 km au nord de Raqa, les civils tout juste arrivés disent dormir à même le sol, sans matelas ni tente.
"Le camp compte plus de 25.000 personnes alors qu'il a été conçu pour en accueillir 10.000", affirme à l'AFP son directeur, Jalal Ayyaf. "Les ONG fournissent de l'aide, mais c'est insuffisant pour faire face à toutes les arrivées".
Près de 800 personnes arrivent tous les jours dans le camp, selon Mme Leenders de MSF. D'autres dorment sur les bords de routes ou sous des arbres au nord de la ville.
Les acteurs humanitaires s'inquiètent aussi d'une "situation sécuritaire très volatile", les civils étant à la fois menacés par "les mines et engins explosifs improvisés (...), les attaques de l'EI, et les raids de la coalition internationale", selon Paul Donohoe du International Rescue Committee (IRC). À terme, "près de la moitié de la population (restante) de Raqa pourrait fuir la ville", prévient-il.
La Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a d'ailleurs appelé mercredi les protagonistes à protéger davantage la population, se disant "gravement préoccupée" par le nombre croissant de civils tués, notamment par les frappes aériennes.

AFP/VNA/CVN

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