"À la lumière du marasme économique considérable et de pressions inflationnistes limitées, la politique monétaire reste concentrée sur le besoin de favoriser la reprise économique", a-t-il déclaré lors de son intervention semestrielle devant les parlementaires sur l'état de l'économie.
La Fed "croit qu'une politique monétaire très souple sera nécessaire pendant un long moment", a-t-il poursuivi, réitérant sa promesse de maintenir le taux d'intérêt directeur à son niveau actuel, proche de zéro.
Les États-Unis, entrés en récession en décembre 2007, attendent toujours une reprise de l'activité économique. Ils font face à une montée spectaculaire du chômage (9,5% en juin, au plus haut depuis 1983), un niveau de crédit jugé insuffisant par les autorités monétaires et un immobilier en plein marasme.
Dans ce contexte, M. Bernanke a tâché d'évacuer le débat sur la nécessité de revenir sur la politique expansionniste actuellement en place.
Avant même son intervention, il avait détaillé sa "stratégie de sortie" dans le Wall Street Journal, à l'attention de ceux qui craignent que la Fed perde de vue la stabilité des prix. Il avait assuré que la banque centrale disposait de "nombreux outils" pour revenir à une situation plus normale, après avoir injecté au pire de la crise des sommes colossales dans l'économie.
"L'insécurité de l'emploi, s'ajoutant à la baisse de la valeur de l'immobilier et la rareté du crédit, devrait limiter les gains dans la consommation", a-t-il souligné devant le Congrès.
La Fed, pour lequel le plein emploi est une mission statutaire, prévoit que le taux de chômage connaisse "un pic à la fin de l'année" (entre 9,8% et 10,1%) et reste ensuite "bien au dessus" du niveau qu'elle souhaite. En revanche, l'inflation n'est pas pour elle un risque à court terme.
"M. Bernanke reste très prudent concernant la reprise économique", a commenté l'analyste Marie-Pierre Ripert, de Natixis. "L'accent mis par M. Bernanke sur la déprime du marché du travail (...) laisse penser qu'un resserrement (de la politique monétaire) ne commencera pas tant que le chômage ne baissera pas", a affirmé Ian Shepherdson, de HFE Economics. "Dans nos calculs, cela signifie en 2011 au plus tôt".
M. Bernanke a exhorté le Congrès à endiguer le déficit budgétaire des États-Unis, sous peine de "n'avoir ni stabilité financière, ni croissance économique durable". S'attaquer aux problèmes budgétaires du pays exigera des choix difficiles, mais retarder ces choix les rendra encore plus difficiles, a insisté le président de la Fed.
M. Bernanke a vigoureusement plaidé pour l'indépendance de la politique monétaire de la banque centrale, garante, selon lui, de "stabilité économique et financière" pour le pays.
AFP/VNA/CVN