La particularité de la sculpture réside dans le support qui n'est pas une planche comme d'ordinaire mais un vrai tronc d'arbre, celui d'un jacquier de 1,7 m de haut et de 0,4 m de diamètre. "Cette oeuvre que j'ai appelée +Épopée des 2 résistances nationales +, je l'ai réalisée durant 5 ans, chez moi, dans le delta du Mékong", confie l'auteur, le peintre-sculpteur Dô Nam, 70 ans.
Depuis 40 ans qu'il vit de son art, Dô Nam s'est essayé à toutes les techniques : peinture sur soie, huile, laque poncée, aquarelle, gouache, sculpture sur bois et aluminium, ou encore tableaux en graines de céréales, coque de coco ou fils électriques multicolores...
La lutte courageuse du peuple vietnamien pour le salut national constitue depuis toujours le sujet d'inspiration préféré de cet artiste. Dès sa jeunesse, il a nourri le rêve de la décrire par le langage de l'art, au moyen du pinceau ou du ciseau à bois. Parmi ses créations les plus marquantes, citons La grève des ouvriers de l'usine électrique de Cân Tho, en 1928 ; La prise du pouvoir à Cân Tho, en 1945 ; La victoire de Tâm Vu ; Les jeunes filles du delta du Mékong transportant des munitions vers le front ; La campagne historique de Diên Bien Phu ; L'épopée des 2 résistances nationales... Sans oublier une collection d'une quarantaine d'œuvres sur le Président Hô Chi Minh, inspirées de photos célèbres. Ses créations lui ont apporté de grand prix lors d'expositions nationales et aussi la renommée.
Une peinture à 15 niveaux
L'Épopée des 2 résistances nationales est une oeuvre d'art gravée sur un tronc (1,7 m de haut et 0,4 m de diamètre), où se succèdent sur 15 niveaux plusieurs dizaines de scènes retraçant les diverses étapes de l'histoire révolutionnaire de 1945 à 1975. On y voit des miliciens, des soldats de l'Oncle Hô, des combattants de la libération, des chevaux, des éléphants et des vélos transportant des munitions vers le front... Et aussi des armes et du matériel de guerres sophistiqués tels que chars, canons, avions à réaction, fusées, missiles... Mieux encore, apparaissent de façon vivante des scènes historiques : les soldats tirant des canons sur les pentes dominant la vallée de Diên Biên Phu, l'attaque de bases ennemies, le drapeau national flottant au-dessus du Q.G. du général français De Castries, l'offensive éclair vers Saigon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville), le char défonçant la grille du palais de l'indépendance (aujourd'hui palais de la réunification), symbole de la victoire de la campagne Hô Chi Minh, et donc de la libération du Sud et de la réunification nationale.
Tout en haut du tronc se dresse une sculpture cubique dont une face représente le Président Hô Chi Minh saluant de la main. Les 3 autres sont gravées d'inscriptions qui sont 3 paroles célèbres de ce dirigeant : "Rien n'est plus précieux que l'Indépendance et la Liberté", "Union, union, grande union. Réussite, réussite, grande réussite", "Dans l'intérêt de 10 ans : planter un arbre. Dans l'intérêt de 100 ans : cultiver un homme". Ce bloc repose sur la carapace d'une tortue aussi en bois, à l'image des stèles en pierre des titulaires de doctorats que l'on peut admirer au Temple de la Littérature, à Hanoi.
L'épopée de Diên Biên Phu
Le peintre septuagénaire est aussi l'auteur de La campagne de Diên Biên Phu, une laque poncée gravée de 2,4 m x 1,2 m. Sur ce tableau gigantesque est reproduit toute l'histoire de la campagne de Diên Biên Phu, en 1954, qui a conduit à la paix au Nord du Vietnam. On y voit une réunion du gouvernement, en présence du Président Hô Chi Minh, du général Vo Nguyên Giap et d'autres personnalités, dans le maquis du Viêt Bac, pour décider de la stratégie à suivre. On reconnaît aussi des héros nationaux tels que Bê Van Dan qui est en train de servir de support à une mitrailleuse brûlante au trépied cassé, Tô Vinh Diên plongeant sous les roues d'un canon tiré sur le flanc d'un montagne pour l'empêcher de reculer, ou encore Phan Dinh Giot obturant de son corps la meurtrière d'un blockhaus ennemi... Un ouvrage d'art original auquel notre peintre-sculpteur a réservé toute son énergie et aussi 2 années de sa vie.
Nghia Dàn/CVN