France
"Jungle" de Calais : pas d'évacuation forcée tout de suite, promet Cazeneuve

La perspective d'une évacuation imminente et par la force des migrants de la moitié sud de la "jungle" à Calais (Nord de la France) s'est estompée le 22 février à la veille de l'expiration de l'ultimatum préfectoral, le gouvernement promettant d'agir "par la persuasion".

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Le camp de migrants dit la "Jungle" à Calais (Nord de la France), le 22 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'approche de cette échéance sur ce dossier brûlant, la tension a monté avec d'un côté des associations soutenues par des personnalités refusant mordicus le démantèlement du camp, et de l'autre le gouvernement et les autorités locales qui multiplient déclarations et initiatives pour convaincre du bien-fondé de l'opération. Dans le camp, aucun indice de déménagement de migrants, a constaté.

C'est la justice qui tranchera dès le 23 février sur l'urgence à mener à bien la fermeture de la zone concernée : le tribunal administratif de Lille examinera un référé de 250 migrants et dix associations pour faire suspendre l'arrêté prononçant "l'expulsion d'office des occupants". La juge saisie de ce dossier se rendra sur place dans la matinée pour tenter de se faire une idée.

Selon les associations d'aide aux migrants (Secours catholique, Emmaüs...), l'opération en préparation, qui donne jusqu'à 20h00 le 23 février pour libérer les lieux, est bien plus ample que ne le disent les autorités : elle concerne "3.450 personnes, dont 300 mineurs isolés" tandis que "1.900 personnes dont 100 mineurs isolés" campent dans la zone nord. Un comptage réalisé par "une vingtaine d'équipes de deux personnes qui connaissaient bien la jungle", a expliqué Annie Gavrilescu, une bénévole britannique.

Au contraire, d'après la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, "entre 800 et 1.000 personnes" campent dans la zone à évacuer.

Il y a un mois, les autorités avaient contraint quelque 700 migrants à abandonner une large bande longeant la rocade menant au port, empruntés notamment par les poids lourds se rendant en Grande-Bretagne, et n'avaient pas eu à employer la force. Mais c'était pour déplacer les migrants dans une autre zone du camp.

Cette fois, il s'agit de faire partir la population concernée vers les Centres d'accueil et d'orientation (CAO), dont le nombre n'a cessé de grossir. Il en existe désormais 102, accueillant près de 2.700 migrants, venant surtout de la "jungle" et invités à demander l'asile en France. Il reste d'autre part 300 places (sur 1.500) dans le Centre d'accueil provisoire, constitué de conteneurs-dortoirs chauffés.

Cazeneuve promet une évacuation "progressive"

Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, arrive dans un centre de réfugiés au Mans, le 22 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est justement rendu le 22 février dans un CAO, au Mans, où il a tenu un discours d'apaisement. L'évacuation de la zone sud se fera "de manière progressive, par la persuasion et dans le respect de la dignité des personnes", a-t-il promis.

Il s'est dit prêt à "prendre le temps qu'il faut" pour mener à bien cette opération. Des propos qui tranchaient avec la dénonciation, le 19 février par la préfecture du Pas-de-Calais, des "exactions" commises par des migrants, "à l'origine d'une aggravation du niveau de tension" avec "la population calaisienne".

Selon Vincent De Coninck, bénévole au Secours Catholique, l'expulsion des récalcitrants "risque d'entraîner le déplacement des migrants vers d'autres camps dans la région, ce qui ne ferait que déplacer le problème".

Se défendant d'"une opposition stérile et idéologique", ce responsable a assuré que les associations n'étaient pas "pour le maintien du bidonville", mais qu'elles trouvaient les solutions proposées par la préfecture "pas suffisantes".

Quelque 260 organisations et personnalités, dont l'humoriste Guy Bedos et la créatrice Agnès B., leur ont apporté leur soutien dans une tribune parue le 22 février dans Le Monde. "Les jours prochains, nous irons à Calais pour le clamer haut et fort : nous ne sommes pas condamnés à choisir entre la "jungle" et sa destruction. Nous refusons de réduire la France à des barbelés et des bulldozers", écrivent-ils.

À la jungle, c'est comme si l'arrêté d'expulsion n'existait pas, malgré les maraudes sociales mandatées par l'État. "Partir pour aller où ? Nous allons rester ici c'est sûr", affirmait Smaïn, un Soudanais de 28 ans, en remplissant son bidon d'eau pour prendre une douche.

L'opération suscite aussi les réserves de la Défenseure des enfants Geneviève Avenard, qui a critiqué les modalités prévues par l’État pour le déménagement des enfants isolés, se prononçant pour "la création urgente d'un dispositif de mise à l'abri des enfants" concernés.

Le 22 février enfin, six migrants, de nationalité afghane, soudanaise et syrienne, ont été condamnés à Boulogne-sur-Mer à un mois de prison ferme pour être montés "frauduleusement à bord d'un navire" fin janvier à Calais. Deux autres Français, sympathisants des migrants mais qui ont refusé de se voir qualifiés de "No Border", ont été condamnés à 300 euros d'amende, avec un sursis total ou partiel.

L'action s'était déroulée à l'issue d'une manifestation de migrants et de leurs sympathisants, qui avaient forcé un barrage empêchant l'accès au port.


AFP/VNA/CVN

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