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Des restes de pneus brûlés dans les rues quasiment vides de Port-au-Prince, au lendemain de manifestations pour réclamer la démission du président, le 19 novembre 2019. |
La situation est restée tendue lundi 19 novembre dans le pays, particulièrement dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, désertée suite à un appel à la grève lancé par l'opposition, qui a manifestée dimanche 18 novembre pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse.
Si le gouvernement avait, via les réseaux sociaux, appelé les citoyens à reprendre leurs activités quotidiennes, nombre d'écoles, d'entreprises et de commerces sont restées fermés lundi 19 novembre en raison des difficultés de déplacement.
Habituellement encombrées de trafic et de commerces informels, les principales artères de la capitale sont restées vides, sans aucun véhicule de transport en commun visibles.
La présence policière était notable aux principaux carrefours de la ville mais des barricades, parfois enflammées, empêchaient tout passage sur certains axes.
Des fusillades, d'origine inconnue, dans certains quartiers ont également contribué à accentuer le climat de peur auprès des habitants qui ont préféré rester confinés à leur domicile.
La crainte ne quitte pas l'esprit des Haïtiens au lendemain des larges manifestations qui ont paralysé toute activité dans les centres urbains, et lors desquelles plusieurs milliers de personnes, dont une large majorité de jeunes, ont défilé dans les principales villes du pays.
Au cours de ces défilés, trois personnes ont été tuées par balle, selon le bilan fourni lundi 19 novembre par la police nationale d'Haïti (PNH), alors que l'opposition évoque elle 11 tués sur l'ensemble du pays.
"Un jeune homme a été tué hier à Pétionville (une commune de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, ndlr) et une enquête a été ouverte" a détaillé Gary Desrosiers, porte-parole de la police.
Certaines sources attribuent ces tirs à un agent de sécurité privée, alors que selon un journaliste c'est la police qui a tiré, a-t-il précisé.
Un autre décès par balle, d'origine inconnue, a été recensé dans la commune de Petit-Goave et un autre jeune a été tué dans la deuxième ville du pays, Cap-Haïtien, par un agent de sécurité.
Écart entre les bilans
Pour cette même journée du 18 novembre, la police a par ailleurs enregistré six autres morts par balle, des décès sans lien aucun avec la manifestation, a précisé M. Desrosiers.
Sans surprise, ce bilan contraste avec celui fourni par l'opposition, qui accuse les forces de l'ordre de vouloir minimiser les dégâts.
L'avocat André Michel, membre d'un des mouvements ayant appelé à la manifestation dimanche 18 novembre, affirme que 11 personnes ont été tuées par balle durant les défilés et 47 autres blessées par des projectiles.
Si l'opposition a pu fournir les lieux où ont été tués ces 11 citoyens, elle n'était pas toujours en mesure lundi 19 novembre de détailler les circonstances et les origines des tirs.
Interrogé sur l'écart entre ces bilans, le porte-parole de la police est resté prudent.
"On ne répond pas du tac au tac aux chiffres annoncés par d'autres secteurs", a répondu Gary Desrosiers. "Nos chiffres compilent des faits que nous avons constatés et vérifiés".
Depuis cet été, les manifestations se multiplient pour réclamer la reddition des comptes dans le dossier Petrocaribe, du nom du programme de prêt consenti, depuis 2008, par le Venezuela dans le cadre d'achats des produits pétroliers.
En 2016 puis en 2017, deux enquêtes du Sénat haïtien sur le mauvais usage de près de deux milliards de dollars de ce fonds avaient épinglé une douzaine d'anciens ministres, du parti actuellement au pouvoir, mais jamais les rapports n'avaient été suivis de poursuites judiciaires.
AFP/VNA/CVN