Brexit: Theresa May sous pression des eurosceptiques pour modifier l'accord

La Première ministre britannique Theresa May était samedi 17 novembre sous la pression de plusieurs ministres eurosceptiques pour modifier le projet d'accord sur le Brexit conclu avec Bruxelles, endossé de justesse par son gouvernement.

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Theresa May, la Première Ministre britannique, quitte le 10, Downing Street à Londres, le 16 novembre.
Theresa May, la Première Ministre britannique, quitte le 10, Downing Street à Londres, le 16 novembre. Photo: AFP/VNA/CVN

Le projet a provoqué plusieurs défections au sein de son cabinet, motivées notamment par le sort particulier réservé à la province britannique d'Irlande du Nord après la sortie de l'UE prévue pour le 29 mars 2019.
Mais son gouvernement compte encore bon nombre d'eurosceptiques qui souhaitent des modifications à l'accord, faute de quoi ils risquent de démissionner à leur tour.
C'est le cas d'Andrea Leadsom, la ministre chargée des Relations avec le Parlement, favorable à la sortie de son pays de l'UE et qui s'est dite "absolument déterminée à aider la Première ministre à obtenir le meilleur accord possible pour le Royaume-Uni", sur la chaîne de télévision SKy News samedi 17 novembre.
"On peut encore en faire plus et nous avons encore du temps avant le Conseil de l'UE à la fin du mois", a-t-elle dit, évoquant le sommet européen prévu pour le 25 novembre, qui doit entériner le projet d'accord. Et elle a promis de s'engager "totalement pour obtenir le Brexit pour lequel 17,4 millions de personnes ont voté"
Outre Andrea Leadsom, le ministre de l'Environnement Michael Gove, celui du Commerce international Liam Fox, celle du Développement international Penny Mordaunt et le secrétaire d'État au Transports Chris Grayling, tous Brexiters de la première heure, seraient également susceptibles de claquer la porte si le projet n'était pas modifié.
David Davis, un ancien ministre chargé du Brexit qui avait démissionné en raison de son désaccord avec le divorce "doux", car maintenant des liens étroits avec l'UE, négocié par Theresa May l'a lui aussi exhortée à rechercher un meilleur accord avec Bruxelles. Ainsi, a-t-il tweeté, négocier un accord de libre-échange avec les États-Unis dès la sortie de l'UE "ne sera pas possible si nous acceptons l'accord proposé par le gouvernement avec l'Europe, qui bloquera toute négociation avec l'Amérique".

"Pas noir ou blanc"
Theresa May, quant à elle, a bravement continué sa croisade pour vendre le projet, dans un entretien avec le tabloïd eurosceptique Daily Mail. "Les gens disent: +Si vous pouviez juste faire quelque chose de légèrement différent, avoir un accord de type norvégien ou canadien, ce problème du backstop disparaîtrait+. Ce ne serait pas le cas. Ce problème sera toujours là", a-t-elle affirmé.
Le "backstop", ou filet de sécurité, est la solution de dernier recours prévoyant le maintien de l'ensemble du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE ainsi qu'un alignement réglementaire plus poussé pour l'Irlande du Nord si aucun accord sur la future relation entre Bruxelles et Londres n'était conclu à l'issue d'une période de transition de 21 mois après le Brexit.
"Le métier de la Première ministre est de prendre des décisions difficiles qui ne sont pas toujours noires ou blanches. Je dois trouver une voie qui convienne aux besoins de tous", a-t-elle ajouté.
Après une journée particulièrement chaotique jeudi 15 novembre, au cours de laquelle son ministre du Brexit notamment, Dominic Raab, a jeté l'éponge, la cheffe de gouvernement a eu un moment de répit le jour suivant, lorsque Michael Gove et Liam Fox lui ont exprimé leur confiance. Et elle a trouvé un remplaçant à Dominic Raab en la personne de Stephen Barclay, un avocat eurosceptique de 46 ans.
Le secrétaire d'
État pour l'Écosse, David Mundell, lui a également renouvelé sa confiance. Au cours d'un rassemblement de conservateurs écossais, samedi 17 novembre, il a déclaré qu'il avait des "réserves" sur le compromis trouvé avec l'UE mais que les autres options étaient "encore plus désagréables".
Mais la partie est loin d'être gagnée pour Theresa May.
Elle est menacée d'un vote de défiance par les députés de son parti, le Parti conservateur: il peut être déclenché s'il est demandé par 15% du groupe tory au Parlement - soit 48 députés. Une grosse vingtaine se sont déjà exprimés en ce sens.
"J'ai eu deux jours assez difficiles", a sobrement confié Theresa May au Daily Mail, rendant hommage à son mari depuis 38 ans, son "roc".
Dimanche 18 novembre, elle continuera le service après-vente avec une interview en direct sur Sky News.

AFP/VNA/CVN

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