>>Les États-Unis voient les prémices d'un mini-boom économique
>>Joe Biden veut augmenter les impôts pour les plus riches
Le président américain Joe Biden, le 27 avril à la Maison Blanche, à Washington. |
À la veille du cap symbolique de ses 100 jours au pouvoir, le locataire de la Maison Blanche déclinera son "Projet pour les familles américaines", d'un montant total de près de 2.000 milliards de dollars.
"Je sais que certains d'entre vous se demandent si ces emplois sont pour vous. Vous vous sentez abandonnés et oubliés dans une économie qui change rapidement", devrait déclarer M. Biden.
"Laissez-moi vous parler directement", devrait-il ajouter, promettant que ses plans d'investissement créeront des "millions d'emplois". "Près de 90% des emplois dans les infrastructures (prévus dans son plan présenté le mois dernier) ne nécessitent pas de diplômes universitaires", dira-t-il encore, selon des extraits de son discours diffusés par la Maison Blanche.
Et de rependre devant le Congrès une formule 1.000 fois prononcée en campagne : "Ce n'est pas Wall Street qui a construit ce pays. La classe moyenne a construit ce pays. Et les syndicats ont construit la classe moyenne".
Le plan, qui suscité déjà la colère des républicains, est ambitieux : 1.000 milliards d'investissements, en particulier dans l'éducation, et 800 milliards de réductions d'impôts pour la classe moyenne.
Pour le financer, le démocrate proposera d'annuler les baisses d'impôts pour les plus riches votées sous Donald Trump, et d'augmenter les impôts sur les revenus du capital pour les 0,3% d'Américains les plus fortunés.
Avec une promesse martelée sur tous les tons : aucun Américain gagnant moins de 400.000 USD par an ne verra ses impôts augmenter.
Cette allocution marquera aussi le début d'un âpre combat au Congrès: si son plan de soutien à l'économie de 1.900 milliards d'USD a franchi l'obstacle sans véritable difficulté, les discussions sur ses gigantesques plans d'investissement dans les infrastructures et l'éducation s'annoncent beaucoup plus houleuses.
"Comme Bernie Sanders"
"Le président Biden s'est présenté en campagne comme un modéré, mais j'ai du mal à trouver jusqu'ici la moindre décision qui démontre un sens de la modération", a ironisé mardi 27 avril le sénateur républicain Mitch McConnell.
Dans un éditorial au vitriol, le Wall Street Journal déplore de son côté que M. Biden, qui a eu de "la chance", à la fois sur les vaccins et sur la reprise économique, n'en profite pas pour "rassembler le pays".
Évoquant des hausses d'impôts sans précédent depuis 1968 et un niveau de dépenses "jamais vu depuis les années 60", le quotidien regrette qu'il ait décidé de gouverner "comme Bernie Sanders".
À la tribune, le président démocrate devrait vanter les "progrès extraordinaires", selon ses termes, réalisés aux États-Unis ces derniers mois face au COVID-19 avec en particulier la fulgurante accélération du rythme de vaccination.
Plus de 96 millions de personnes, soit près de 30% de la population, sont considérées comme totalement vaccinées. Et, dans une décision chargée en symboles, les autorités sanitaires ont annoncé mardi que les Américains ayant reçu les piqûres salvatrices n'avaient désormais plus besoin de porter de masque en extérieur, sauf au milieu d'une foule.
"Le président travaille sur ce discours depuis plusieurs semaines", a souligné Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, qui a promis un volet diplomatie.
"Il rappellera notre détermination à nous impliquer de nouveau pleinement dans les affaires du monde", a-t-elle ajouté, évoquant en particulier les relations avec la Chine.
Si le discours présidentiel sur la colline du Capitole est un rituel qui rythme la vie politique américaine, celui de cette année, prévu à 21h00 (jeudi 29 avril 01h00 GMT), se déroulera dans une atmosphère singulière, COVID-19 oblige.
Invités "virtuels"
Seules quelque 200 personnes, contre plus de 1.600 habituellement, se retrouveront dans la prestigieuse enceinte de la Chambre des représentants pour y assister. Et les élus ont été priés cette année de présenter une liste d'invités "virtuels"...
John Roberts sera le seul juge de la Cour suprême présent. Le chef de la diplomatie, Antony Blinken, et le chef du Pentagone, Lloyd Austin, seront également sur place mais le reste du gouvernement regardera le discours à la télévision.
Autre rupture avec la tradition : il ne sera pas nécessaire cette année de choisir un "designated survivor", un membre du gouvernement désigné chaque année pour ne pas assister au discours et qui reste dans un endroit tenu secret afin d'être en mesure de prendre les rênes du pouvoir en cas d'attaque visant le bâtiment.
Pour la première fois dans l'histoire, deux femmes seront assises derrière le président, dans le champ des caméras : Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre, et Kamala Harris, devenue en janvier la première femme à accéder à la vice-présidence.
L'atmosphère devrait être nettement moins tendue que lors du dernier discours de Donald Trump dans cette enceinte, en février 2020.
Avant le discours, il avait ostensiblement évité de serrer la main que lui tendait Nancy Pelosi. Une fois l'allocution terminée, cette dernière avait déchiré sa copie du discours d'un geste théâtral.
AFP/VNA/CVN