JO-2024 : pour plus de médailles, le sport français mise sur des entraîneurs mieux payés ou étrangers

Le bilan décevant des JO de Tokyo pas encore digéré, le compte à rebours a démarré pour Paris 2024 : le retour en France de certains entraineurs tricolores et le recrutement de pointures internationales a commencé, avec en toile de fond la question de leur rémunération.

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Le président de la République français, Emmanuel Macron, prononce un discours, lors de la réception des médaillés olympiques et paralympiques aux Jeux de Tokyo 2020, le 13 septembre au Palais de l'Élyée.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour gagner plus de médailles que les 33 de Tokyo, et passer à l'objectif de 80 médailles plus ou moins affiché, il va falloir faire fort, de l'avis de tous les observateurs.

Entrer dans le Top 5 mondial comme l'a dit Emmanuel Macron en recevant les médaillés de Tokyo à l'Élysée début septembre ? "C'est moi qui ai lancé l'idée", expliquait après la cérémonie Claude Onesta, ancien fabriquant de médailles olympiques du hand français, et actuel boss du haut niveau à l'Agence nationale du sport (ANS).

Celle-ci a présenté mardi 5 octobre ses orientations pour 2024. Mais la marche est haute.

Parmi les axes de travail, un plan "Coach 2024" : s'entourer des meilleurs entraîneurs et mieux les rémunérer. En réalité, le débauchage d'entraîneurs étrangers et le retour de certains entraîneurs français a déjà commencé.

Ainsi avant l'été, la fédération française de natation a recruté Jacco Verhaeren, l'ancien entraîneur néerlandais de l'équipe d'Australie.

"Un premier investissement de 200.000 euros, participant à la masse salariale de Jacco Verhaeren, aux coûts de fonctionnement ainsi qu'à la valorisation des entraîneurs des structures d'excellence, a été convenu entre l'ANS et le président de la fédération", avait alors fait savoir Claude Onesta cité par le site de la fédération.

Légende brésilienne

Le volley, qui a brillé en or à Tokyo avec Laurent Tillie à sa tête, a quant à lui engagé la légende brésilienne Bernardinho. La fédération française de gym vient de se payer les services d'un entraîneur ukrainien, Vitaly Marinich, qui a longtemps œuvré aux USA.

Dernière arrivée en date annoncée en fanfare par l'aviron français : l'Allemand Jürgen Grobler, longtemps entraîneur à succès de l'aviron britannique.

Parallèlement à ces pointures internationales, des entraîneurs français reprennent du service en France, comme Hugues Obry, parti entraîner les épéistes chinois.

"Faire revenir les entraîneurs de l'étranger, cela peut être une bonne solution, que cela soit la solution à tous nos problèmes, je n'en suis pas convaincu", observe Ludovic Royé, président de l'Association des directeurs techniques nationaux (DTN).

Certains sont partis pour l'argent ou pour des parcours différents.

Le président français Emmanuel Macron et Claude Onesta, chargé de la haute performance à l'Agence nationale du sport, discutent avec Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports, le 9 janvier 2019 à Créteil, lors de l'inauguration d'un nouveau stade de handball.
Photo : AFP/VNA/CVN

En 2016, Siegfried Mazet, l'entraîneur du biathlète Martin Fourcade, a rejoint la Norvège et n'avait pas caché aussi ses motivations financières. Car là où le salaire net moyen oscille entre 2.000 et 2.500 euros en France, en début et milieu de carrière, il est multiplié par quatre ou cinq à l'étranger.

Si la rallonge touchée dans le cadre des contrats de préparation olympique est un petit plus, elle ne permet toutefois pas de s'aligner.

"La question de la valorisation à l'instant T et sur le moyen/long terme de la carrière est l'une des faiblesses du système français", résume M. Royé, pointant un problème "d'attractivité" de tous les postes à responsabilité, "symptôme inquiétant".

"Meilleure reconnaissance"

"Souvent, quand les gens partent c'est parce qu'en interne ils n'ont pas réussi à trouver le déroulement de carrière qu'ils voulaient. Une fois partis, ils ne peuvent plus revenir, car la valorisation française est insuffisante", décrypte-t-il.

D'où la nécessité d'une "meilleure reconnaissance de l'encadrement", y compris financière, prônée par Claude Onesta.

Entraîneur de la fédération française de gym, basé au pôle d'Antibes, Rodolphe Bouché a déjà été approché plusieurs fois pour s'expatrier. Pour aller en Inde, on lui a proposé quatre fois son salaire. Mais, il n'a pas l'âme d'un "mercenaire" et trouve que son statut de CTS (conseiller technique et sportif) lui garantit une stabilité.

Quand on part à l'étranger, "c'est un système beaucoup plus précaire, du jour au lendemain cela peut s'arrêter et vous rentrez chez vous", explique-t-il. D'autres, comme Cécile et Laurent Landi, les entraîneurs français de la gymnaste américaine Simone Biles, et d'autres championnes olympiques américaines, ont tenté un autre parcours aux États-Unis.

Petit signe encourageant : "Avant Tokyo, quand j'ai vu qu'il y aurait aussi des primes pour les entraîneurs (quand les sportifs remportent une médaille, ndlr), je me suis dit +ça y est, ça bouge+", a noté Rodolphe Bouché.


AFP/VNA/CVN

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