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L'Italien Sonny Colbrelli soulève le trophée de Paris-Roubaix, en forme de pavé, après avoir remporté la course à sa 1re participation, le 3 octobre sur le vélodrome de Roubaix. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Premier néophyte vainqueur depuis le Français Jean Forestier en 1955, Colbrelli a battu au sprint deux autres coureurs qui découvraient Paris-Roubaix, le jeune (22 ans) Belge Florian Vermeersch et le Néerlandais Mathieu van der Poel, auteur de débuts très remarqués.
Mais, pour avoir été prodigue de ses efforts à maintes reprises, "VDP" s'est incliné sur le vélodrome roubaisien où il a pris la troisième place. Il a fait toutefois mieux que son grand-père, l'ancien champion français Raymond Poulidor, décédé en 2019, qui n'est jamais monté sur le podium lors de ses 18 participations (un record) dans l'Enfer du Nord.
"Dans le sprint, je me suis focalisé sur van der Poel", a reconnu Colbrelli qui a hurlé sa joie sur la pelouse, la ligne franchie. "Mais le gars de Lotto (Vermeersch) a failli me surprendre. J'ai réussi à passer à 25 mètres de l'arrivée".
"C'est mon année"
"C'est mon année", a ajouté le Lombard (31 ans), qui a signé la 12e victoire d'un coureur de son pays, la première au XXIe siècle puisqu'Andrea Tafi, en 1999, était le précédent Italien à figurer au palmarès.
Le champion d'Europe, l'Italien Sonny Colbrelli, célèbre sa victoire dans Paris-Roubaix devant le Belge Florian Vermeersch (droite) et le Belge Mathieu Van Der Poel, le 3 octobre sur le vélodrome de Roubaix. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis le printemps, Colbrelli ne cesse de surprendre, notamment par ses performances en montagne dans le Tour de France.
Le coureur de l'équipe Bahrain - une formation dans le collimateur des autorités qui ont procédé à une descente lors du Tour de France - a gardé des forces pour la fin de saison. Sacré champion d'Europe le mois dernier, il a baissé pavillon dans le Championnat du monde pour mieux rebondir sur la gadoue de Paris-Roubaix.
Ni Wout van Aert, distancé à 70 kilomètres de l'arrivée, ni Mathieu van der Poel, l'autre grand favori en cette journée a priori favorable aux spécialistes de cyclo-cross, n'ont pu le distancer sur les secteurs pavés.
À la fois adroit et puissant, l'Italien a bénéficié des malheurs de l'un de ses compatriotes, Gianni Moscon, membre de l'échappée initiale (comme Vermeersch).
Moscon, parti seul à l'avant à 53 kilomètres de l'arrivée, a joué de malchance. Une crevaison, qui a nécessité un changement de vélo, a brisé son élan et le trio de poursuivants a fondu sur lui dans le bourbier de Camphin, avant de le déborder sur les mauvais pavés du carrefour de l'Arbre.
"Rester sur le vélo"
Le trio de tête est resté groupé jusqu'au vélodrome malgré une timide tentative de Vermeersch. Il a pu se disputer la victoire après plus de six heures d'une course exténuante.
Moscon, à 44 secondes, a obtenu la 4e place, un rang de mieux qu'en 2017. Le Belge Yves Lampaert, premier coureur d'une équipe Deceuninck qui a perdu tôt Florian Sénéchal (crevaisons), a réglé un premier groupe pour la 5e place, à plus d'une minute.
"C'était le sauve-qui-peut", a résumé Christophe Laporte, premier Français au classement (6e). "Le plus important était de rester sur le vélo", a-t-il ajouté, le visage las, le corps couvert de boue, après avoir bouclé les 257,7 kilomètres (55km de pavés) du parcours.
Ce Paris-Roubaix, le premier couru sous la pluie depuis 2002, était en réalité un interminable chacun pour soi avec son lot de malheurs pour la quasi-totalité des participants.
Un seul exemple ? Beaucoup de téléspectateurs réunis pour ce drame sportif ont cru halluciner en voyant Laporte, privé de freins, se livrer à des contorsions acrobatiques sur le vélo, un pied sur le boyau arrière.
Dans l'Enfer du Nord, tous les rescapés ont une histoire à raconter.
AFP/VNA/CVN