"Cette situation est due à notre représentation au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF)", explique France Vigneault, chef de mission du Québec (57 athlètes). "Chacune des 3 parties (NDLR : le pays et les 2 gouvernements) siège à l'OIF, c'est pour cela que nous avons 3 équipes".
Ainsi, les 3 équipes ont défilé derrière 3 drapeaux distincts dimanche dernier lors de la cérémonie d'ouverture. Et les habituels partenaires sous le maillot rouge-et-blanc canadien se retrouvent adversaires. "Ce sont des adversaires particuliers", reconnaît Allen Bard, à la tête de la délégation du Nouveau-Brunswick (19 athlètes). "Mais quand la compétition commence, ce sont des adversaires comme les autres".
Surtout, cette partition de l'équipe canadienne permet à certains athlètes de savourer le goût particulier d'une compétition internationale. "Pour des athlètes d'une petite province comme la nôtre, ce sont leurs jeux Olympiques à eux", reconnaît Allen Bard, le responsable du Nouveau-Brunswick (750.000 habitants), seule province officiellement bilingue (français, anglais) du Canada. "Nos athlètes éprouvent une vraie fierté à porter les couleurs du Québec dans une compétition internationale", renchérit France Vigneault.
Foot pour le Canada, basket pour Québec
Cette situation particulière peut déboucher sur... des problèmes de conscience chez certains. "Tout athlète du Québec ou du Nouveau-Brunswick peut choisir d'être aligné pour sa province ou pour le Canada", glisse France Vigneault. "C'est leur choix, explique Madeleine Duchesne, qui dirige la mission du Canada (130 athlètes), équipe où quelques francophones cohabitent avec une majorité d'anglophones. Cela étant, on coordonne la participation des 3 équipes au niveau des fédérations nationales. Et puis cela permet à un plus grand nombre de Canadiens de participer". Divisés en 3 dans la majorité des épreuves individuelles, les Canadiens font cause commune dans les sports collectifs. "En football, le Québec et le Nouveau-Brunswick ne sont pas compétitifs, c'est pour cette raison que nous avons engagé l'équipe du Canada (NDLR : où figurent des Québécois). À l'inverse, il y a une seule équipe de basket féminin, qui porte les couleurs du Québec".
Au-delà des particularismes linguistiques, les 3 équipes ont mis certains moyens en commun. Elles résident dans le même bâtiment à la Cité universitaire de Beyrouth, et se sont regroupées pour restreindre les coûts.
"On a travaillé ensemble sur la logistique et les transports", raconte Madeleine Duchesne. "On a lancé un appel d'offres commun sur les costumes des membres de la délégation. Et puis, sur place, on partage les coûts, par exemple sur le secrétariat commun, les téléphones mobiles ou les voitures de location". Même divisé en 3, le Canada est resté uni.
AFP/CVN