Italie : Matteo Renzi démissionne après un camouflet électoral

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a annoncé la nuit du 4 décembre (heure locale) sa démission après le rejet massif de "sa" réforme constitutionnelle par des électeurs qui ont préféré renvoyer chez lui l'homme qui avait promis de changer l'Italie au pas de charge.

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Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, et son épouse Agnese Landini, le 4 décembre à Florence.

"Mon expérience de chef de gouvernement s'arrête là", a sobrement résumé Matteo Renzi, 41 ans. "J'ai perdu, j'en prends toute la responsabilité", a-t-il ajouté en direct sur les chaînes de télévision italiennes.

Après un peu plus de 1.000 jours à la tête du pays, le plus jeune président du Conseil de l'histoire de la République remettra lundi 5 décembre sa démission au président italien Sergio Mattarella, à l'issue d'un conseil des ministres.

Chef de l'État discret et effacé, M. Mattarella est appelé à jouer un rôle crucial dans les jours qui viennent. Plusieurs partis, dont la Ligue du Nord, mouvement populiste et anti-euro, ont déjà réclamé des élections anticipées. Le mouvement Cinq Étoiles (M5S), populiste et anti-système, autre grand vainqueur de ce référendum, a lui aussi réclamé des élections au plus vite.

Au pouvoir à Rome et à Turin, le M5S ambitionne ouvertement de prendre le pouvoir. Selon des sondages, publiés avant le référendum, il est aujourd'hui le second mouvement politique en Italie derrière le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Matteo Renzi.

D'éventuelles élections anticipées ne pourront toutefois pas avoir lieu avant une réforme de la loi électorale en vigueur à la Chambre des députés.

Dès cette semaine, un gouvernement technique, comme l'Italie en a déjà connus plusieurs, devrait être rapidement nommé. Une de ses premières missions sera de s'assurer de l'adoption définitive du budget de l'État.

Plusieurs noms circulaient avant même le référendum pour prendre la tête de ce gouvernement, dont celui du ministre des Finances Pier Carlo Padoan, dans le souci de rassurer les marchés. Ces derniers, qui redoutent une nouvelle phase d'instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro, pourraient se montrer nerveux lundi 5 décembre à l'ouverture en Europe.

L'euro fléchissait d'ailleurs déjà lundi 5 décembre face au dollar, tombant au plus bas depuis 20 mois dans les premiers échanges asiatiques après la victoire du non au référendum italien.

«Merci à tous»

"De toutes façons, merci à tous. Vive l'Italie", avait réagi Matteo Renzi, peu après minuit sur Twitter, après la publication de sondages sorties des urnes, sans appel. Les premiers résultats partiels portant sur plus de la moitié des bureaux donnaient peu avant 01h00 (00h00 GMT) le non à 59,59% des voix.

Matteo Renzi était arrivé au pouvoir en février 2014 sur un programme de réformes tous azimuts et de "rottamazione", mise à la casse de la vieille classe politique de son pays. Mais en dépit d'une énergie que nul ne lui conteste, ce Toscan d'origine n'a jamais vraiment réussi à convaincre et encore moins à rassembler les Italiens, qui ont finalement choisi de le renvoyer "a casa", chez lui.

Le scrutin portait sur une réforme constitutionnelle prévoyant une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.

Dépouillement de bulletins de vote, le 4 décembre à Rome.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une large majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Étoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des "frondeurs" de gauche du PD de M. Renzi, avait appelé à voter "non", dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.

Cette opposition était également unie dans son désir de chasser M. Renzi. En dépit d'une campagne acharnée dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans des dizaines de meetings à travers l'Italie, Matteo Renzi n'est pas parvenu à convaincre ses compatriotes du bien-fondé de "sa" réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays qui a vu défiler 60 gouvernements depuis 1948.

"Renzi a eu le tort, dès le départ, de personnaliser ce scrutin, en disant qu'il démissionnerait en cas de victoire du non. Du coup, il concentre sur lui tout le mécontentement du pays, y compris celui des jeunes", expliquait il y a quelques jours Elena Piccolo, 21 ans, étudiante à Naples.

L'un des frondeurs du PD, Roberto Speranza, a rappelé lundi matin 5 décembre que le parti de Matteo Renzi n'avait jamais demandé sa démission. Il reste désormais à savoir si M. Renzi quittera également la direction de son parti, profondément divisé après la bataille référendaire qui avait vu plusieurs de ses dirigeants rejoindre le camp du non.

AFP/VNA/CVN

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