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Un général des forces gouvernementales syriennes s'entretient avec ses troupes dans le district Sheikh Saeed d'Alep, le 30 novembre 2016 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 50% du territoire que les rebelles contrôlaient depuis 2012 dans l'est de la deuxième ville de Syrie est désormais "confortablement" aux mains du régime de Bachar al-Assad.
Submergés par la puissance de feu et l'avancée fulgurante des troupes progouvernementales, les insurgés ont toutefois réussi vendredi 2 décembre à les repousser, après de violents combats, du quartier de Cheikh Saïd.
Le régime, qui cherche coûte que coûte à reprendre la totalité d'Alep, a lancé le 15 novembre une nouvelle offensive de grande envergure, avec l'aide de combattants étrangers et le soutien tactique de l'allié russe, pour chasser les rebelles des quartiers de l'est, assiégés depuis quatre mois.
Principal enjeu du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans, Alep est divisée depuis 2012 et la prise par les rebelles de sa partie orientale, les quartiers ouest restant aux mains du régime.
Malgré la réprobation des Occidentaux, le régime a soumis Alep-Est à un déluge de feu, poussant à la fuite plus de 50.000 des 250.000 habitants d'après l'OSDH.
Selon l'ONU, quelque 31.500 personnes ont abandonné leur domicile à Alep-Est depuis le 24 novembre seulement, la date à laquelle le régime de Damas a intensifié son offensive militaire. Parmi eux 60% d'enfants, soit 19.000 environ.
"Le plus urgent maintenant est de fournir l'aide dont ces enfants et leur famille ont un cruel besoin", a déclaré aux journalistes à Genève Christophe Boulierac, porte-parole de l'Unicef: "C'est une course contre la montre, car l'hiver est là et les conditions de vie sont sommaires".
Depuis le 15 novembre, 307 civils, dont 42 enfants et 21 femmes, ont été tués à Alep-Est, selon l'OSDH. A Alep-Ouest, 59 ont péri à cause de tirs rebelles.
"Résistance féroce"
Une famille a réussi à fuir Alep, le 1er décembre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Vendredi 2 décembre, les rebelles aidés des jihadistes du Front Fateh al-Cham, ont renversé la situation à Cheikh Saïd en reprenant le contrôle de 70% du quartier à l'armée et ses alliés, notamment des milices irakiennes. "Les rebelles opposent une résistance féroce car ils savent qu'ils seront pris en étau si Cheikh Saïd tombe", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.
Les troupes prorégime ont cependant continuer vendredi 2 décembre de faire reculer les rebelles dans deux quartiers orientaux situés non loin de l'aéroport, Maasaraniyah et Karm al-Jazmati, selon l'OSDH.
Le correspondant de l'AFP à Alep-Est a entendu de violents affrontements à Tariq al-Bab, un autre quartier oriental où les prorégime avancent d'après l'OSDH.
Pour la deuxième journée consécutive, le mauvais temps a cependant ralenti le rythme des raids aériens du régime ainsi que l'exode des civils fuyant les violences. Plusieurs familles séparées par la guerre ont, à la faveur de ce déplacement de population, réussi à se retrouver.
Comme Jomaa al-Qassem et sa fille de 17 ans, Racha, qui ne s'étaient plus vus depuis un an et demi. "Je rêvais de revoir son visage, ne serait-ce que pour quelques minutes avant de mourir", disait cet homme, tout ému, devant un centre gouvernemental accueillant les déplacés.
Couloirs humanitaires
Moscou a proposé la création de quatre couloirs humanitaires à Alep-Est pour évacuer blessés et civils et acheminer de l'aide, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov assurant que les convois humanitaires passeraient "en sécurité".
La Russie ne participe pas aux bombardements actuels sur Alep mais son intervention militaire auprès du régime depuis septembre 2015 a fortement contribué à affaiblir les rebelles.
Le secrétaire d'État américain John Kerry a indiqué qu'il avait évoqué le dossier syrien avec M. Lavrov, qu'il a rencontré vendredi à Rome. "Il est absolument vital que les morts soient remplacés par des convois humanitaires", a dit M. Kerry, qui avait évoqué plus tôt l'"inexcusable carnage" en Syrie.
Une reprise de la totalité d'Alep représenterait la plus importante victoire du régime depuis 2011 et renforcerait ses alliés russe, iranien et du Hezbollah libanais. À l'inverse, elle serait une défaite cinglante pour les soutiens arabes et occidentaux de l'opposition syrienne.
Ailleurs en Syrie, environ 2.000 personnes, dont des combattants rebelles et leurs familles, ont quitté la ville de Tal-Al, un bastion des insurgés au nord de Damas, après un accord avec le gouvernement, selon l'OSDH.
Il s'agit de la sixième ville à être évacuée en trois mois après ce type d'accord, qui prévoit généralement le départ des rebelles vers d'autres zones entre leurs mains et le retour de la localité sous le contrôle du régime contre la fin du siège et des bombardements de l'armée.