>>Les États-Unis annoncent des sanctions sur les secteurs métallurgiques de l'Iran
>>L'Iran décide de suspendre certains de ses engagements pris dans le cadre de l'accord nucléaire
Photo de famille des dirigeants des pays européens, le 9 mai à Sibiu, en Roumanie. |
Tout en réaffirmant être "ouverte à la discussion" avec l'Iran, le président américain a lui accusé les Iraniens de s'être montrés "très menaçants", pour expliquer sa décision d'envoyer un porte-avions et plusieurs bombardiers B-52 dans le Golfe.
"Le régime de Téhéran doit comprendre que toute attaque menée par lui ou par ses affidés, quels qu'ils soient, contre des intérêts ou ressortissants américains fera face à une réponse rapide et ferme des États-Unis", a mis en garde le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, rentré plus tôt que prévu à Washington d'une tournée à l'étranger pour participer à des réunions sur l'Iran.
L'administration Trump n'a pas précisé à quelle menace elle faisait référence depuis le week-end dernier, lorsqu'elle a porté sa campagne de "pression maximale" sur le terrain militaire.
Ultimatum rejeté
La crise iranienne a fait irruption au sommet sur l'avenir de l'Union européenne post-Brexit, réuni à Sibiu en Roumanie. Il a ainsi fourni un cas pratique épineux aux Européens, qui avaient prévu d'y débattre de leur rôle sur la scène mondiale, sans la Première ministre britannique Theresa May.
Accusés par l'Iran de céder aux pressions américaines, les trois pays de l'UE impliqués dans le dossier (Allemagne, France et Royaume-Uni), et la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini ont réaffirmé leur espoir de sauver l'accord sur le nucléaire iranien.
La veille, Téhéran leur avait donné deux mois pour sortir réellement les secteurs pétrolier et bancaire iraniens de leur isolement provoqué par les sanctions américaines, faute de quoi la République islamique renoncerait à des engagements pris dans l'accord international de 2015.
"Nous rejetons tout ultimatum et nous évaluerons le respect par l'Iran de ses engagements en matière nucléaire", ont prévenu dans un communiqué Berlin, Paris et Londres avec Federica Mogherini.
Dans un climat de tension exacerbée avec Washington, Téhéran a déjà décidé mercredi 8 mai de s'affranchir de deux des engagements de cet accord qui vise à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique et que le président Trump a unilatéralement dénoncé il y a un an.
L'Iran a ainsi fait savoir qu'il cessait de limiter ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi, revenant sur des restrictions consenties par l'accord conclu à Vienne en juillet 2015.
"Pas d'escalade"
Les Européens ont exprimé jeudi 9 mai leur "vive préoccupation". "Nous demeurons pleinement attachés à la préservation et à la mise en œuvre intégrale de l'accord sur le nucléaire, une réalisation essentielle dans l'architecture mondiale de non-prolifération nucléaire, qui est dans l'intérêt de la sécurité de tous", ont-ils souligné.
S'ils ont rejeté les menaces iraniennes, les Européens ont toutefois réaffirmé leurs "engagements fermes" pour "la levée des sanctions au profit du peuple iranien". Et ils ont déploré les sanctions américaines.
Washington a en effet encore durci mercredi 8 mai ses sanctions économiques contre l'Iran, en ajoutant l'acier, le fer, l'aluminium et le cuivre aux secteurs visés par des mesures punitives.
La Russie a également "fermement condamné" ces nouvelles sanctions et a appelé toutes les parties au dialogue afin "de normaliser la situation" et sauver l'accord sur le nucléaire.
Les Européens se disent malgré ce regain de tension "déterminés à poursuivre" leurs "efforts pour permettre la poursuite du commerce légitime avec l'Iran", en particulier via le système de troc, dit de l'Instex, mis sur pied par Paris, Berlin et Londres fin janvier.
"Jusqu'à présent, nous avons vu l'Iran se conformer pleinement à tous les engagements qu'il a pris en matière nucléaire", a rappelé Federica Mogherini. Elle a souligné que l'UE continuerait d'y veiller par le biais des rapports de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"C'est à nous de travailler pour convaincre les uns et les autres, et aussi l'Iran, de rester" dans l'accord, a insisté le président français Emmanuel Macron. "Il ne faut pas tomber dans l'escalade, il faut que l'on veille à notre sécurité collective".
Il a estimé, dans un message à l'adresse de ses partenaires européens, qu'un euro plus fort, qui serait "une vraie monnaie de réserve et de référence alternative au dollar", contribuerait à éviter la situation actuelle. Car cela éviterait selon lui que les entreprises européennes renoncent à investir en Iran par peur des sanctions américaines.
AFP/VNA/CVN