Pékin et Washington espèrent sauver leur accord commercial

Les États-Unis et la Chine se retrouvent jeudi 9 mai à Washington pour des négociations commerciales sous haute tension à l'issue des plus incertaines, les deux puissances se menaçant mutuellement de nouvelles mesures protectionnistes.

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Le président américain Donald Trump et le vice-premier ministre chinois Liu He (1er plan,
Photo: AFP/VNA/CVN

Cette session de tractations, qui doit se tenir jeudi 9 et vendredi 10 mai à quelques encablures de la Maison Blanche, était présentée il y a quelques jours encore comme la dernière avant un sommet entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, destiné à sceller un accord historique.

Mais le vent a tourné et l'optimisme a laissé place à l'incertitude.

L'administration Trump a affirmé que Pékin était revenu sur ses principaux engagements. Particulièrement irrité, le président américain a annoncé que la hausse des droits de douane portant sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises, suspendue depuis début janvier, allait entrer en vigueur vendredi 10 mai.

"Nous allons accroître les tarifs douaniers en Chine jusqu'à ce qu'ils cessent de voler nos emplois", a lancé mercredi soir 8 mai le président américain lors d'une réunion publique en Floride. "L'ère de la capitulation économique est terminée", a-t-il déclaré.

"Vous voyez les droits de douane que nous appliquons? C'est parce qu'ils n'ont pas respecté l'accord. Ils n'ont pas respecté l'accord", a encore dit Donald Trump. "Ils viennent ici, le vice-Premier ministre demain (jeudi 9 mai, ndlr) vient ici, c'est bien, mais ils n'ont pas respecté l'accord. Ils ne peuvent pas faire ça, alors ils vont payer".

Pékin n'a toutefois pas l'intention de faire le dos rond si les Américains augmentent effectivement leurs droits de douane de 10 à 25% vendredi 10 mai, en plein milieu des négociations.

"La Chine n'aura guère d'autre choix que de prendre les contre-mesures nécessaires", a prévenu mercredi 8 mai un porte-parole du ministère du Commerce.

Pour autant, Pékin n'a pas annulé le déplacement de ses négociateurs et a même confirmé que le vice-Premier ministre chinois Liu He, considéré comme très proche du président chinois, dirigerait les discussions.

Il sera à partir de jeudi après-midi face à son homologue, l'austère Robert Lighthizer, représentant américain au commerce (USTR), qui l'accueillera dans ses bureaux.

Donald Trump a opté avec Pékin pour la stratégie de la pression maximale, infligeant d'abord en mars 2018 des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium chinois puis, à l'été dernier, sur 250 milliards de dollars d'importations chinoises.

Il est également prêt à imposer des droits de douane additionnels sur toutes les importations chinoises (539,5 milliards de dollars en 2018), faisant craindre pour la croissance économique mondiale et la stabilité des marchés financiers.

Domination technologique

Le vice-Premier ministre chinois Liu He (droite), le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin (centre) et le représentant au Commerce Robert Lighthizer, le 1er mai à Pékin.
Photo: AFP/VNA/CVN

Les économistes du monde entier et les institutions multilatérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) préviennent depuis des mois qu'une guerre commerciale durable entre la Chine et les États-Unis provoquerait une onde de choc bien au-delà de leurs frontières, la reprise après la récession mondiale de 2008 ayant été largement nourrie par les échanges commerciaux à travers le monde.

La pression sur les épaules des négociateurs américains et chinois est d'autant plus forte que trouver un consensus sur les dossiers épineux revient à demander à la Chine de réduire ses ambitions économiques.

L'administration Trump exige en effet la fin des pratiques commerciales jugées "déloyales", des "changements structurels", c'est-à-dire la fin des transferts forcés des technologies américaines ainsi que la protection de la propriété intellectuelle américaine. Elle souhaite aussi un accord sur les devises pour empêcher Pékin de dévaluer sa monnaie pour doper ses exportations. Elle demande également la fin des subventions des entreprises d'État, celles-là mêmes qui portent le plan stratégique de l'État chinois, "Made in China 2025".

Ce programme, adopté en 2015, doit hisser "l'atelier du monde" au rang de leader mondial des industries de demain telles que l'intelligence artificielle.

Les États-Unis, qui ont depuis fort longtemps perdu la bataille de la production manufacturière, s'efforcent de maintenir leur domination dans les industries de haute technologie.

Depuis le début des négociations, Washington alterne constamment entre menace et dialogue, et, à coups de tweets, Donald Trump souffle tantôt le chaud, tantôt le froid.

Cette semaine, le président est resté fidèle à ses habitudes: "La Chine vient juste de nous informer qu'ils (le vice-Premier ministre) venaient aux États-Unis désormais pour nouer un accord", a-t-il affirmé dans un tweet optimiste tout en louant les tarifs douaniers qui rapportent, selon lui, une centaine de milliards de dollars par an.

Son négociateur Robert Lighthizer, lui, n'a pas varié: il entend arracher un accord historique qui refonde entièrement la relation entre les deux pays.

Echaudé par les promesses non tenues des Chinois, il bataille depuis le début pour assortir tout traité d'un mécanisme permettant de contrôler strictement sa mise en œuvre.

En début de semaine, de nombreux économistes croyaient un accord toujours possible. Mais ils doutent de son contenu.

"Cela va être un accord vague", prédit ainsi Mary Lovely, professeur d'économie à l'Université de Syracuse.

AFP/VNA/CVN

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