Inondations meurtrières en Grèce : après le deuil, l'évaluation des dégâts

Deux jours après les inondations qui ont fait seize morts et six disparus à une cinquantaine de kilomètres d'Athènes, les autorités tentaient vendredi 17 novembre de résoudre les problèmes les plus urgents tout en commençant à évaluer les dégâts.

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Un intérieur dévasté le 16 novembre 2017 après les fortes inondations qui ont affecté la localité de Mandra (nord-ouest d'Athènes).
Photo : AFP/VNA/CVN

Alors que des équipes de pompiers et de nettoyage s'affairaient sur les routes boueuses de Mandra et de Néa Peramos, localités semi-industrielles à 50 km à l'ouest d'Athènes, dévastées par les inondations de mercredi 15 novembre, les autorités locales tentaient de venir en aide aux riverains dont les maisons ou magasins ont été ravagés.

"Il nous faut des solutions rapides... surtout la distribution de nourriture pour ceux qui n'ont plus leur maison, leurs papiers, leurs médicaments", a déclaré à l'AFP Ioanna Kriekouki, maire de Mandra.

La mairie d'Athènes a annoncé la distribution de "2,5 tonnes de nourriture" aux zones touchées.

Seize personnes ont été tuées, dont quinze à Mandra, pour la plupart noyées après avoir été bloquées dans des sous-sols ou dans leurs voitures.

C'est dans la ville voisine de Néa Péramos que la seizième victime a été découverte mercredi soir 15 novembre. Vendredi 17 novembre, plus de cent pompiers restaient sur place afin de rechercher les six disparus.

Des grues sillonnaient les routes de Mandra, toujours pleines de gravats et de carcasses de voitures renversées, profitant du soleil après deux jours de pluie, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dégâts au port de Nea Peramos (sud-est d'Athènes), le 17 novembre 2017 après les fortes inondations qui ont affecté la région d'Athènes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cimetière ravagé

La désolation et le désespoir régnaient chez les habitants. "Cela fait trois jours qu'il n'y a pas de magasin ouvert à Mandra, nous n'avons pas d'eau, nous ne nous sommes pas lavés depuis mercredi", témoignait Evanguelos Peppas, dont le magasin a subi d'importants dégâts.

Selon une première estimation de la mairie de Mandra, "2.000 maisons et magasins ont été complètement ravagés" par les tonnes d'eau et de boue qui ont déferlé mercredi matin du mont Patéras surplombant la région, après des pluies torrentielles.

Le cimetière de Mandra, rempli d'eau et de boue, était jonché de pierres tombales cassées et d'animaux morts.

"En quatre heures, le volume d'eau tombé est égal à cinq mois de précipitations", racontait Grigoris Stamoulis, maire de Néa Péramos, où 500 maisons ont été ravagées.

Certains habitants ont qualifié ce phénomène de "tsunami".

Selon la maire de Mandra, des locataires des maisons détruites "sont actuellement logés chez des voisins ou des proches tandis qu'une cinquantaine de personnes sont hébergées dans un hôtel à la ville voisine d'Eleusis".

La mairie va mettre à disposition 600 euros pour chaque ménage touché, a-t-elle assuré.

Après une visite jeudi 16 novembre du Premier ministre Alexis Tsipras et une réunion avec les autorités locales, "le gouvernement a promis d'indemniser les ménages touchés par +ce désastre biblique+", a assuré Grigoris Stamoulis.

Détresse des habitants à la vue des dégâts le 16 novembre 2017 dans les rues de Mandra, localité au nord-ouest d'Athènes, affectée par de fortes inondations.

Colère

La préfecture d'Attique, la région d'Athènes, a soumis "une demande urgente" auprès du ministère des Finances pour réclamer une aide financière du Fonds de solidarité européen, créé en 2002 pour faire face aux catastrophes naturelles.

Un deuil national de trois jours a été décrété jeudi 16 novembre en Grèce, Alexis Tsipras ayant exprimé "sa grande tristesse" pour les victimes et son "choc" devant l'ampleur des dégâts.

"Il s'agit clairement d'un phénomène météorologique rare et extrême", a-t-il souligné.

Les experts ont imputé le drame à l'urbanisation tous azimuts de cette zone agricole devenue semi-industrielle ces dernières années.

Le manque de contrôles stricts dans le secteur du bâtiment et de l'aménagement du territoire, l'un des plus importants moteurs de l'économie grecque avant la crise, ainsi que la déforestation des sommets au fil des incendies estivaux, sont des problèmes endémiques en Grèce.

"Colère dans la boue", titrait vendredi 17 novembre en une le quotidien Journal des rédacteurs. "Cette tragédie a ses auteurs", disaient certains des habitants.

Le parquet d'Athènes a ouvert une enquête préliminaire pour tenter d'établir les raisons de ce désastre.

AFP/VNA/CVN

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