Cinq mois par an, la vie sous la tente 5 étoiles dans le désert koweïtien

Dans le désert du Sud du Koweït, Ahmad al-Shimmari et une quinzaine de proches et d'amis ont installé leur campement pour cinq mois pour quitter la ville et respirer un air un peu plus frais.

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De nombreux Koweïtiens installent leur campement pour cinq mois afin de fuir le bruit de la ville.

Sous la grande tente colorée, on s’affaire. Les uns jouent à des jeux traditionnels, les autres suivent un match de foot sur une télévision à écran plat connecté à deux antennes paraboliques. D’autres encore discutent politique. On cuisine. On se détend.

Jusqu’à la découverte du pétrole dans les années 60 dans cet émirat du Golfe - où le revenu par tête est entretemps devenu l'un des plus élevés au monde -,de nombreux Koweïtiens vivaient en nomades dans le désert où ils s'occupaient de leur élevage, seule source de revenus. La tradition des campements a perduré çà et là, quand le temps le permet.

«Maison sans béton»

«L’hiver et le printemps sont les plus belles saisons», et «pour tout le monde ici, les campements sont le seul moyen de s'offrir un bol d'air», et le moyen de fuir les bruits de la ville, explique Ahmad Al-Ansari, un Palestinien installé au Koweït.

L’été, la température grimpe à plus de 50 degrés Celsius dans le désert. Mais pendant la saison des camps, qui commence en novembre avec la baisse des fortes chaleurs d'été et se termine fin mars, le mercure stagne autour de 20 degrés le jour pour redescendre en dessous de zéro la nuit.

Le campement aménagé pour cinq mois par la famille d’Ahmad al-Shimmari compte six chapi-teaux. «Quatre pour dormir, et deux pour servir de salles de séjour - l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes», explique ce Koweïtien de 49 ans, ex-employé du secteur pétrolier, en sirotant un thé noir préparé sur du charbon de bois.

Sous la tente, on trouve tout le confort possible dans une surface de 5 m sur 10. Et à l'extérieur, des voitures tout-terrain flambant neuves. Car s'ils aspirent au dépaysement, les Koweïtiens ne sont cependant pas prêts à renoncer à leurs habitudes résidentielles.

«Ici, nous avons des téléviseurs, des jeux, un poêle à bois, du café, du thé et de l'électricité. C'est une maison normale, mais sans béton», dit Mohammed, le frère aîné de M. Shimmari, assis sur un matelas au tissage traditionnel bédouin.

Pris d’assaut

À l’extérieur d’une tente dans un camp d’hiver à al-Julaia, situé à environ 70 kilomètres de la capitale Koweït-City.

Les camps ont également l'eau courante, pompée dans de grands réservoirs, des toilettes, des douches et des cuisines avec réfrigérateurs et cuisinières à gaz. Les lits sont modernes - mais certains préfèrent dormir sur un simple matelas ou un tapis, une manière de rappeler les conditions difficiles endurées par leurs ancêtres bédouins.

«Nous avons une forte affection pour le désert parce que la majorité des Koweïtiens sont des Bédouins. Ils se souviennent du passé», dit Ahmad al-Shimmari.

De nombreux autres camps sont installés dans cette région d'Al-Julaia, à 70 km au sud de Koweït, la capitale de l'émirat, près de de la frontière saoudienne.

De chaque côté de la petite route asphaltée qui conduit à Al-Julaia, se dressent des centaines de tentes. Sur ce trajet, on trouve aussi un poste de police, une petite clinique, une unité de pompiers...

Pendant les week-ends et les vacances scolaires, ces camps s’animent et prennent l'allure d’une zone résidentielle. Des échoppes proposent du charbon et de la nourriture mais aussi des motos de location, que des jeunes conduisent à toute allure dans le sable, soulevant des nuages de poussière, quand ils ne jouent pas au foot ou au volley-ball.

Comme Al-Julaia, une vingtaine d'autres sites sont pris d'assaut par des dizaines de milliers de Koweïtiens mais aussi d'expatriés durant la saison des camps dans le désert.

La vie dans les campements suit plusieurs rythmes. Au camp de M. Shimmari, les hommes qui travaillent se rendent chaque matin en ville et reviennent dans le désert le soir. Leurs familles, elles, les rejoignent sur place le week-end.

À moins qu'elles ne restent au camp des semaines entières, comme pendant les vacances scolaires.

Trois cents euros par jour

Des ministères et des compagnies publiques et privées organisent aussi des camps pour leurs employés, dont des expatriés.

«C'est une grande expérience pour nos enfants et nos familles», dit Abdelmajid al-Jariri, un Jordanien de 71 ans qui vit depuis de longues années au Koweït.

Cette activité saisonnière est lucrative pour certaines entreprises locales qui fournissent des tentes et s'occupent des installations. «Il existe différents types de camp, du plus simple au plus luxueux avec des normes VIP», explique Mohammad al-Qaryouti, un homme d'affaires.

«Les accessoires aujourd'hui sont devenus plus importants que la tente. Dans la tente, le sol peut être en céramique, en carrelage, avec une salle de bain américaine ou arabe à l'extérieur, et une cuisine avec un four. Tout est fait pour que vous soyez comme à la maison, mais à l'extérieur».

Avec à la clef, un tarif en conséquence : à la journée, le loyer d'une tente peut dépasser les 100 dinars par jour (306 euros), plus cher qu'une chambre d'hôtel cinq étoiles.


AFP/VNA/CVN

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